Livre: Le chant des oyseaulx
Ou Comment la musique des oiseaux devient musique humaine
Ou Comment la musique des oiseaux devient musique humaine
Nouveauté 2020 :
Deuxième édition revue, augmentée et mise à jour parue chez Varia (Groupe Nota Bene, Montréal), 380 pages.
http://www.groupenotabene.com/publication/le-chant-des-oyseaulx-comment-la-musique-des-oiseaux-devient-musique-humaine-0
http://www.groupenotabene.com/
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération canadienne des sciences humaines : Programme d’aide à l’édition savante (PAES), dont les fonds proviennent du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH).
Mention d’excellence au Prix de l’essai de la Société des écrivains francophones d’Amérique (Salon du livre de Montréal; novembre 2009)
RUBRIQUES:
Le livre Le chant des oyseaulx et sa nouvelle édition (2020)
Table des matières
Liens: Qu'est-ce que la zoomusicologie?
Commentaire historique sur la transcriptions de chants d'oiseaux en notes de musiqueCouverture de la première édition |
Les musiciens ont souvent senti la parenté de leur art avec le chant des oiseaux. Simple vision d'artistes? Pas si sûr! Malgré des différences (mais lesquelles au juste?), les chants d'oiseaux et la musique humaine partagent effectivement un domaine commun, plus large qu'il ne paraît de prime abord. C'est précisément ce domaine commun qui a mené des musiciens à s'inspirer des oiseaux, depuis la musique médiévale jusqu'à la musique électroacoustique, dans la musique vocale autant que dans la musique instrumentale, en musique populaire, en jazz, comme en musique classique.
Le livre s'ouvre avec les questions comment et pourquoi les oiseaux chantent? Qu’est-ce qui est langage, qu’est-ce qui est musique dans leurs chants? On y voit ensuite que les concerts d’oiseaux varient selon l’heure du jour et les saisons, selon les milieux écologiques aussi. À l'heure de la chute marquée de la biodiversité planétaire, je discute des pertes dans les concerts d'oiseaux. Puis, je décris comment on a transcrit les chants d’oiseaux, soit pour les étudier ou en faire de la musique. Nous parcourrons ensuite l’histoire de la musique à travers les pièces inspirées par les oiseaux pour voir comment a changé au fil des temps notre regard sur les oiseaux et, plus globalement, sur la nature, sur l’environnement. Le dernier chapitre médite sur l'art animal: les chants d’oiseaux ne seraient-ils pas une forme d’art?
Ouvrage unique en son genre, Le chant des oyseaulx relate la rencontre artistique entre oiseaux et humains, au confluent de l'ornithologie, de l'écologie, de la musicologie et de la création musicale, en un propos à la fois simple et riche, sérieux et ludique, rigoureux et audacieux, toujours émerveillé!
La deuxième édition (2020) contient de très nombreuses modifications de détails et de contenu.
Les références dans le corps du texte de la première édition ont été mises à la fin de chaque chapitre, afin de rendre la lecture plus fluide et conviviale.
Les sections en rouge avec une astérisque dans la Table des matières qui suit sont ou complétement nouvelles ou largement réécrites.
La deuxième édition comporte près de 40 nouvelles références datant des années 2010.
La couverture, la typographie et la mise en page sont nouvelles.
Table des matières du livre (2020)
Introduction
Une question d’oiseaux /
Parcours personnel / La connaissance ornithologique / La connaissance
musicale / Un dialogue difficile / Le chant des oiseaux / Sur
les références
|
Chapitre 1. Comment
chantent les oiseaux
Le matin des oiseaux * / Les chants d’oiseaux comme
caractéristique des différentes espèces / Le mythe de Syrinx / Les
percussionnistes / Participation du corps au chant / Chantez tous!* / La conscience du chant /
Quelques opinions sur le sujet / Sensations, émotions et rêves
|
Chapitre 2. Pourquoi
chantent les oiseaux
Chants et cris /
Affirmation et territoire / De l’ordre de l’intimité / Travail et société /
Pour la poésie / Reflets des rôles des chants d’oiseaux dans la musique
humaine
|
Chapitre 3. Langage et
musique des oiseaux
Tendances vocales : Chants
et familles d’oiseaux ; Chants et genres d’oiseaux ; Chants et espèces :
discrétion et volubilité / Éléments de vocabulaire et de syntaxe :
l’exemple du Plongeon huard / Signature individuelle des chants : L’inné
et l’acquis ; Dialectes régionaux ; Élaboration du chant : l’affaire d’une
vie / Complicité artistique : Le don de la parole ; Les ventriloques ;
Les imitateurs ; Les beaux parleurs ; L’intelligence en question* / Langage ou musique? Deux pistes ; En faveur
de la musique ; Musilangage
|
Chapitre 4. Le paysage des
oiseaux
Les oiseaux dans le paysage
sonore / Concerts d’oiseaux : le cycle des saisons / Concerts
d’oiseaux : le cycle du jour / Cartographie sonore du territoire / Musique :
paysage et espace
|
Chapitre 5. Le temps des
oiseaux
Temps cyclique / Figures et
temps fractals / Art fractal, musique fractale / Fractales et rythme de la
musique humaine
|
Chapitre 6. Le silence des
oiseaux
Le bruit ambiant / Pertes
dans le paysage sonore* / Voix éteintes* / Voix qui se font entendre*
|
Chapitre 7. Entendre les
chants d’oiseaux
Faire le point* / Projections sur les oiseaux
/ De belles métaphores, mais… / De l’entendu et de l’inentendu
|
Chapitre 8. Transcrire les
chants d’oiseaux
Onomatopées / Transcriptions
en notes de musique : L’œuvre des musiciens ; La part des biologistes ; Difficultés
de cette méthode / Représentation sous forme de sonagrammes : Une idée
nouvelle ; Gain en précision ; Notes de musique versus sonagrammes / L’enregistrement sonore
|
Chapitre 9. Les oiseaux de
l’histoire musicale.
I-Oiseaux médiévaux,
renaissants, baroques et classiques
Bref coup d’œil sur les
musiques extra-occidentales / Le Moyen âge : oiseaux grégoriens et
troubadouresques, La nature intérieure, Émergence de deux archétypes, Une
influence spirituelle probable* / La Renaissance : chansons d’oiseaux :
Peur et imitation de la nature ; Le cas Janequin / Le Baroque et le
Classicisme (XVIIe et XVIIIe siècles) : oiseaux
monarchiques et révolutionnaires : La stylisation française ; Les oiseaux
virtuoses du baroque ; Galanterie et cosmologie du style classique
|
Chapitre 10. Les oiseaux de
l’histoire musicale.
II- Oiseaux romantiques et
impressionnistes
Le XIXe siècle
romantique : oiseaux prophètes et industriels : Déclin du jardin
français ; La «nature refuge» du Romantisme ; Le cas Mahler ; Autres oiseaux
du XIXe siècle / Le temps des impressionnistes : Parcs et
jardins ; Oiseaux du Nord ; Bilan temporaire
|
Chapitre 11. Les oiseaux de
l’histoire musicale.
III-
Oiseaux modernes
Oiseaux inquiets / Le temps
d’Olivier Messiaen : Des oiseaux et des anges ; Les premiers oiseaux de
Messiaen ; Fidélité à la nature ; Un bilan positif / Oiseaux planants et
musique environnementale : Convocation des oiseaux ; Conscience environnementale* ; Oiseaux canadiens
Chapitre 12. Présences de
l’art
Ouvrir au monde / Ce qu’est
l’art / L’art animal / L’expression de la matière / Calomnies et
reconnaissance : Animalisation ; La chasse aux anthropomorphismes ;
Droit animal* / Retour sur l’art humain : Le problème de l’art autonome* ;
Poétiser l’ordinaire*
|
* * *
Qu'est-ce que la zoomusicologie?
Pour en savoir plus, visitez le site suivant, qui présente aussi plusieurs zoomusicologues:
Pour les oiseaux au Québec:
http://www.quebecoiseaux.org/
Mon intérêt pour la biologie et la nature m'a aussi amené à être membre des Amis du Jardin botanique de Montréal, organisme qui publie la magnifique revue Quatre temps:
http://www.amisjardin.qc.ca/amisjardin.htm
* * *
Commentaire historique sur la transcriptions de chants d'oiseaux en notes de musique
Lors de mes recherches, j’ai été extrêmement surpris par la quantité de livres et d’articles à vocation scientifique qui, à partir des années 1840, donnent des transcriptions de chants d’oiseaux en notes de musique, et des transcriptions se voulant aussi précises que possible par rapport à la réalité ornithologique. Une évidence s'est donc imposée: les naturalistes (les biologistes comme on les nommait à l'époque) ont largement précédé les musiciens dans cette tâche. Qui plus est, ce n'est pas le fait que de «quelques auteurs», mais bien de plusieurs dizaines voire quelques centaines d’auteurs différents et en plusieurs pays : Québec, Canada, États-unis, France, Angleterre, Allemagne, etc. Et moi qui avait postulé que le compositeur français Olivier Messiaen (1908-1992) avait été le premier à faire ainsi, parce qu'on l'écrit dans nombre d'ouvrages musicaux! À l'évidence, loin d'avoir initié cette pratique, Messiaen a plutôt été l'héritier de décennies d'expérience de transcriptions de chants d'oiseaux, y compris dans son propre pays. Je me demande pourquoi, à ma connaissance, il n'a pas cité les travaux de ses devanciers?
Voici un exemple d'ouvrage particulièrement intéressant: Wood Notes Wild. Notations of Bird Music, publié à Boston en 1891. Pour l’essentiel, il s'agit de l’œuvre de Simeon Pease Cheney, mais il était encore inachevé au décès de ce dernier survenu le 10 mai 1890. Son fils, John Vance Cheney, s’est chargé de réviser et de préparer l’ouvrage pour édition à partir d’un manuscrit dont un exemple est fourni en page de garde. Les chants de 42 espèces d’oiseaux y sont discutés avec des transcriptions en notes de musique. Mais pour Cheney, la musique de la nature dépasse celle des seuls oiseaux : il discute donc aussi des chants de batraciens et d’insectes et donne même des transcriptions du bruit du vent et de celui des chutes Niagara! Aussi, dans les substantiels appendices représentant près de la moitié du livre (pages 111 à 226), Cheney fils présente et discute de nombreuses autres transcriptions de chants d’oiseaux réalisées par son père ainsi que par plusieurs autres observateurs. On trouve là non pas seulement quelques noms mais bien quelques dizaines de noms!
Les transcriptions de Cheney sont fascinantes par la liberté avec laquelle il emploi la notation musicale. Pour mieux respecter les particularités des chants d’oiseaux 1) il ne met pas de barres de mesure et respecte les irrégularités rythmiques; 2) il inclut des silences et des points d’orgue; 3) sous les notes, il met des onomatopées pour donner une meilleure idée du timbre. Chose plus remarquable encore, Cheney invente carrément des signes spéciaux pour noter les sons particuliers de certaines espèces; des signes qui, comme les effets qu’ils veulent rendre, n’existaient pas dans la musique de son époque. Cheney transcrit ainsi le chant du Petit-duc maculé avec de nombreux points d’orgue et un signe ondulé de son invention pour les «glissandos roulés» de l’oiseau :
Ce n'est là qu'un exemple de ses transcriptions qui allient pragmatisme et ingéniosité.
Il faut aussi mentionner la Montréalaise Louise Murphy qui, dès les premières années du XXe siècle, intégrait de ses transcriptions dans ses articles sur les chants des oiseaux. Plus encore, Louise Murphy utilisait ses transcriptions dans des œuvres musicales de sa composition. Sweet Canada, un cycle de douze mélodies pour voix et piano (dont elle est aussi l’auteure des paroles) fut publié à Toronto en 1923. Chaque mélodie fait référence à un oiseau. Louise Murphy avait ainsi précédé de près de trente ans la première pièce d’Olivier Messiaen basée explicitement sur le chant d’une espèce d’oiseau précise (Le Merle noir, pour flûte et piano, 1951)!
Donc, une échelle presque à donner le vertige, la transcription de chants d’oiseaux en notes de musique était une pratique courante chez les naturalistes dès les années 1850, soit plusieurs décennies avant Messiaen, et en plusieurs pays. Pourquoi alors a-t-on trop attribué de mérite à Messiaen? Tout simplement parce que l’existence de cette tradition est ignorée, comme celle de ces nombreux livres et articles. Les ornithologues d’aujourd’hui ne les connaissent plus eux-mêmes, peut-être parce que cela appartient à l’histoire de leur science et qu’ils connaissent peu cette histoire. Les musiciens eux aussi ignorent tout cela, puisqu'il s'agit d'ouvrages de biologie et non de musique. Peut-être seraient-ils même froissés de savoir qu'ils ont été devancés par des outsiders en un domaine qui semblait à prime abord relever de leur art? Résultat: comme la quasi-totalité de ces auteurs naturalistes, Cheney n’est cité ni en musique (New Grove) ni en ornithologie (Marler). C’est un manque que mes recherches visent à combler et qui remettent les choses dans une juste perspective. Mais je soupçonne que des musicologues continueront encore à bouder les faits objectifs...