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mardi 2 juillet 2024

UN PLAIDOYER POUR LES HANDICAPÉS PAR MAURICE LEBLANC

Des mots d'été 2024

Comme chaque année, je ne publie qu'un seul article pour les mois de juillet et d'août. Celui-ci porte sur la dignité des personnes handicapées. Mais une fois n'étant pas coutume, je cède la parole à un écrivain français.
 
À la suite de ce texte, vous trouverez le sommaire et les liens des articles que j'ai publiés au cours de la saison 2023-2024.
 

UN PLAIDOYER POUR LES HANDICAPÉS,
PAR MAURICE LEBLANC.

Maurice Leblanc


Depuis quelques mois, je m'amuse à lire l'intégralité des aventures d'Arsène Lupin, gentleman cambrioleur, écrites par Maurice Leblanc de 1907 à 1941. En fait, j'en ai presque terminé la lecture et il me peinera de quitter cet univers. Quel plaisir ce fut! Il y a là plein de fantaisie, de verve, d'humour et de mystère! 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Leblanc

Mais, écrits de 1907 à 1941, ces romans et nouvelles contiennent aussi des perles d'humanisme. Le roman Le triangle d'or (1918) met en scène des gens blessés et mutilés au combat lors de la Première Guerre mondiale. Outre Arsène Lupin, on y trouve le capitaine Patrice Belval qui a perdu une jambe, et son comparse le Sénégalais surnommé Ya-Bon qui a non seulement perdu un bras mais a été défiguré par les éclats d'un obus. Patrice est amoureux d'une infirmière qu'il surnomme, comme tout le monde, «Maman Coralie». Au chapitre 2, Patrice y va de cette tirade qui résonne comme un hymne à la dignité des personnes handicapées. Ce discours possède des accents toujours actuels, alors je me permets de vous le partager en guise de mots d'été. En lisant ces mots, je vous invite à penser aux personnes handicapées, de naissance, à la suite d'une maladie ou d'un accident, que vous connaissez. Si vous êtes vous-même une telle personne et souffrez à l'occasion de votre condition ou du regard d'autrui, ces mots pourraient vous consoler. Je les lis aussi pour moi, parce que lorsque j'ai reçu mon diagnostic d'autisme, le médecin m'a dit qu'il s'agissait, et je cite, d'«un handicap sévère et permanent», gloups. Alors, voici:

«Maman Coralie, vous comprenez ce que je veux vous dire en déclarant que je parle sans embarras et la tête haute? Oui, n'est-ce pas? Si j'avais été, avant la guerre, tel que je suis aujourd'hui, mutilé, je n'aurais pas eu cette assurance, et c'est humblement, en vous demandant pardon de mon audace, que je vous aurai avoué mon amour. Mais maintenant... Ah! croyez bien, maman Coralie, que là, en face de vous, qui êtes une femme et que j'aime passionnément, je n'y pense même pas, à mon infirmité. Pas un instant, je n'ai l'impression que je puis vous paraitre ridicule ou présomptueux».

«Et il faut qu'il en soit ainsi. Il faut que l'on sache bien que les mutilés de cette guerre ne se considèrent pas comme des parias, des malchanceux et des disgraciés, mais comme des hommes absolument normaux. Et oui, normaux! Une jambe de moins? Et après? Est-ce que cela fait qu'on ait point de cerveau ni de cœur? Alors, parce que la guerre m'aura pris une jambe ou un bras, même les deux jambes ou les deux bras, je n'aurais pas le droit d'aimer, sous peine de risquer une rebuffade ou de deviner qu'on a pitié de moi? De la pitié? Mais nous ne voulons pas qu'on nous plaigne, ni qu'on fasse un effort pour nous aimer, ni même qu'on se croie charitable parce qu'on nous traite gentiment. Ce que nous exigeons, devant la femme comme devant la société, devant le passant qui nous croise comme devant le monde dont nous faisons partie, c'est l'égalité totale entre nous et ceux que leur bonne étoile aura garantis».

«Oui, l'égalité totale. Nous tous, boiteux, manchots, borgnes, aveugles, estropiés, difformes, nous prétendons valoir, physiquement et moralement, autant, et peut-être plus que le premier venu (...). Allons donc! Place pour nous comme pour les autres! Et croyez bien que cette place, qui nous est due, nous saurons bien la prendre, et nous saurons bien la tenir. Il n'y a pas de bonheur auquel nous n'ayons le droit d'atteindre (...). La main droite de Ya-Bon vaut déjà toutes les paires de mains de l'univers, et la jambe gauche du capitaine Belval lui permet d'abattre ses deux lieues à l'heure, s'il le veut».

«La main droite et la jambe gauche... la main gauche et la jambe droite... Qu'importe ce qui nous reste si nous savons nous en servir? En quoi avons-nous déchu? (...) Nous n'admettons pas que nos pilons de bois nous empêchent d'aller de l'avant et que, dans la vie, nous ne soyons pas d'aplomb sur nos béquilles, comme sur des jambes en chair et en os».

Patrice et Coralie
Dessinateur états-unien, 1918


«Encore une fois, nous ne sommes pas des êtres à part! Aucune déchéance, je le répète, ne nous a frappés, et c'est là une vérité à laquelle tout le monde se pliera d'ici deux ou trois générations (...). Il y aura, dans cette humanité nouvelle qui se prépare, des hommes avec deux bras et des hommes avec un seul bras, comme il y a des hommes bruns et des hommes blonds, des gens qui portent la barbe et d'autres qui n'en portent pas. Et tout cela semblera très naturel. Et chacun vivra la vie qui lui plaira, sans avoir besoin d'être intact».

«Et comme ma vie est en vous, maman Coralie, et que mon bonheur dépend de vous, je n'ai pas attendu plus longtemps pour vous placer mon petit discours. Ouf! c'est fini. J'aurais encore bien des choses à dire là-dessus mais, n'est-ce pas, ce n'est pas en un jour...»

Pour connaître ce fameux Arsène Lupin, Wikipédia propose un article fascinant qui reconstitue sa vie comme s'il avait vraiment existé! À noter qu'il s'agit d'un article primé dans cette encyclopédie:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ars%C3%A8ne_Lupin


Mon appréciation du monde d'Arsène Lupin

La Porte d'Aval et l'Aiguille d'Étretat,
un lieu mythique des aventures d'Arsène Lupin.
Toile de Claude Monet, 1883. 


Le monde d'Arsène Lupin, c'est 17 romans et 4 recueils de nouvelles et 2 nouvelles séparées. Le roman «mythique» de la série est L'aiguille creuse (1909) qui vaut au site naturel de la Porte d'Aval et de l'aiguille d'Étretat en Normandie d'être, encore aujourd'hui, une destination touristique incontournable - au point que l'endroit a dû être protégé du flux des visiteurs. Mais pour moi, le roman le plus virtuose, avec un coupable stupéfiant, est 813 (1910), suivi de Les dents du tigre (1921) avec une série de meurtres en «double couche» absolument machiavélique - à la relecture, l'architecture est parfaite malgré sa complexité. Le roman le plus atmosphérique est L'île aux trente cercueils (1919) qui, surtout dans sa première moitié, donne des frissons, garanti! Le roman où Arsène Lupin est le plus discret (ce qui risque de décevoir le lecteur) est L'éclat d'obus (1916), un roman de guerre écrit pendant la Première Guerre mondiale. Le roman dans lequel Arsène Lupin est le plus insolent est La demoiselle aux yeux verts (1927): j'y ai ri plusieurs fois, et la page finale est aussi imprévue que tordante! 

Un roman survivaliste
bien avant son temps.

La verve humoristique est aussi vive dans le recueil L'Agence Barnett et Cie (1928) où, sous les traits du détective Jim Barnett, il mène des enquêtes avec son ami-ennemi le policier Théodore Béchoux: la progression de l'insolence de Lupin d'une nouvelle à l'autre est irrésistible! Le dernier roman date de 1941 et il est venu après six ans d'interruption: Les milliards d'Arsène Lupin.

Malheureusement, c'est le moins intéressant de tous. Maurice Leblanc a laissé un autre roman à l'état de brouillons, Le dernier amour d'Arsène Lupin, qui fut publié en 2012. 

Sans surprise, Maurice Leblanc était aussi un homme de son temps. Certains aspects de ses livres pourraient déranger - des détails, il est vrai, mais je vis dans un monde où les gens ont l'épiderme très sensible. Comme n'importe quelle littérature, celle-ci doit être située en son temps. Cela dit, Maurice Leblanc a écrit beaucoup d'autres romans, dont un étonnant récit d'anticipation: Le formidable événement (1921) qui annonce le survivalisme. 

Il déplorait que son personnage d'Arsène Lupin ait occulté le reste de son œuvre, mais comment pourrait-il en être autrement avec ce gentil voleur? 

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Sommaire des articles de la saison 2023-2024

Septembre 2023

[Ma musique] Introduction à la nouvelle version du catalogue de mes œuvres

Octobre 2023

[Ma musique] «Le Trille ondulé», opus 63. Pour Alto solo.
[Ma musique] «Perce-neige», opus 29. Pour orchestre symphonique.

Novembre 2023

[Spiritualité, Fantastique, Personnalité] Scorpion ascendant Asperger.

Décembre 2023

[Tranche de vie] Papa fête ses 95 ans! Un hommage filial.

Janvier 2024

[Spiritualité] La revanche des Mages, ou Retrouver la spiritualité chrétienne.

Février 2024

[Ma musique] «Terres et ciels», opus 64. Pour piano solo. Première partie : Dans mon atelier.

Mars 2024

[Ma musique] «Terres et ciels», opus 64. Pour piano solo. Deuxième partie : Dans la partition.

Avril 2024

[Spiritualité] L’Église est féminine!

Mai 2024

[Histoire de la musique. Chant grégorien] Chant grégorien : Interprétations dissidentes. Première partie.

Juin 2024

[Écologie, biologie] Planète Terre : la quadrature du cercle.

Sources des illustrations: Sites commerciaux pour les livres et Wikipédia (Domaine public et PD-US)

jeudi 27 juin 2024

ENTREVUE SUR LA SYRINX DES OISEAUX

Le 25 juin dernier, j'étais reçu en entrevue à Moteur de recherche, émission de vulgarisation scientifique sur ICI Première, radio de Radio-Canada, animée par Mathieu Dugal. J'y parle de la syrinx des oiseaux, leur organe du chant. Le sujet étant vaste, j'en donne un petit aperçu.

Vous pouvez écoutez l'entrevue ici, en choisissant mon segment - mais les autres sujets étaient aussi intéressants!

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/moteur-de-recherche/episodes/919071/rattrapage-mercredi-26-juin-2024

Pour le seul segment sur les oiseaux:

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/moteur-de-recherche/segments/rattrapage/1791808/comment-oiseaux-chantent-ils