MUSIQUE (Composition et histoire), AUTISME, NATURE VS CULTURE: Bienvenue dans mon monde et mon porte-folio numérique!



vendredi 1 décembre 2023

PAPA FÊTE SES 95 ANS!

Mon père, Robert, en 2010

Papa fête ses 95 ans!
Un hommage filial.

Cela se fête! Pensez-y : 95 ans! Sans problèmes importants de santé. À 90 ans, Robert, mon père, disait se trouver «un petit peu vieux» el, cinq ans plus tard, il est autonome, vit chez lui (dans un petit immeuble que mes parents ont fait construire en 1995), il va au cinéma, au concert, visite des expositions, et il possède toujours son permis de conduire – il ne fait que de courtes distances, mais tout de même! Je lui souhaite un joyeux anniversaire!

1. Un père d'exception
2. Une touche artistique
3. Comme un écrivain russe
4. Ma branche irlandaise

Un père d’exception

Papa et les quatre enfants, juillet 1965.
Je suis à droite!


Ce fut un père merveilleux, dévoué et présent; c’est un grand ami, un confident, un soutien constant. Je n’ai pas assez de mercis pour tout ce qu’il m’a donné. Alors, je lui rends hommage en cet article, avec quelques incursions historiques sur la branche paternelle de ma famille.

Dans ma vie quotidienne, il me semble que je suis Monsieur Malchance. Mais par contre, j’ai reçu quelque chose d’infiniment précieux : des parents exceptionnels. Je ne le dis pas par convention : je le dis du fond du cœur parce que c’est tout simplement vrai. Des gens qui avaient vocation d’être parents et dont la première carrière fut d’être parents.

À son décès en 2014, j’avais rendu hommage à ma mère en cet article : https://antoine-ouellette.blogspot.com/2015/01/les-grands-departs-1-francoise.html
Maman et Papa mariés.

Je suis leur enfant aîné, né le 29 octobre 1960. Et imaginez : mes parents ont éduqué, guidé et accompagné un petit garçon autiste (type Asperger) sans l’avoir su et sans aucun service – il n’en existait d’ailleurs pas à l’époque. J’ose dire qu’ils se sont fort bien débrouillés.

Voir l’article sur la «Méthode Ouellette» auprès d’un petit garçon Asperger : https://antoine-ouellette.blogspot.com/2015/12/autisme-pour-les-petits-pour-les-grands.html

Je ne suis pas certain que recevoir un diagnostic d’autisme Asperger en bas âge est toujours une bonne chose, ni pour les parents ni pour l’enfant. En tout cas, mes parents m’ont accepté comme j’étais – si on me dit souvent que «ça ne parait pas», ça paraissait beaucoup plus quand j’étais enfant : tout le monde dans la famille et à l’école savait qu’Antoine était «très différent»! Mes parents me laissaient jouer souvent seul, écouter seul des disques en vinyle looooongtemps, mais ils savaient aussi quand me dire d’aller jouer avec ma sœur Geneviève (née en 1962), mon frère Philippe et ma sœur Catherine (nés en 1964). De toute façon, la petite Geneviève forçait Antoine à jouer avec elle : elle avait beaucoup d’initiative! Et je ne regimbais pas.

Le père de mon père:
Philias - non, il n'aimait
pas son prénom!


J’ai vécu les premières années de ma vie sur l’avenue McDougall à Outremont (qui n’était pas encore alors un arrondissement de Montréal), dans une maison construite par mon grand-père. C’était une maison intergénérationnelle abritant trois générations. Mon grand-père détestait son prénom : Philias! Il est décédé le 25 septembre 1964, un mois avant mes quatre ans. Ce fut assez subi et peut-être la conséquence d’une erreur médicale : peu de semaines avant, Philias avait passé une endoscopie; l’appareil a probablement blessé son œsophage qui s’est rupturé pour causer son décès. Le médecin déclarera n'avoir vu que deux cas de rupture d'œsophage dans toute sa carrière... Malgré mon tout jeune âge, je me souviens clairement de lui – j’ai aussi des souvenirs très nets de la maison d’Outremont, et de son beau jardin arrière, où nous avons habité jusqu'en 1968. C’est Grand-papa qui m’a appris les lettres, bien avant que j’aille à l’école. Il les traçait dans la neige avec une branche – quel beau et efficace moyen pédagogique! Il me semble même me souvenir du scintillement du soleil sur la neige autour des lettres. Grand-papa faisait de grandes promenades avec moi : il m’amenait notamment à la chapelle des Clercs Saint-Viateur où il me faisait allumer des lampions – j’y avais pris goût et Grand-papa a dû faire don d’une bonne petite somme d’argent avec le temps…

Veuf à 57 ans et toujours bel homme, Philias n'aura pas d'autre amour dans sa vie et refusera gentiment les propositions qu'il a reçues. Même chose pour mon père dont un cousin s'était mis en tête de lui trouver une «blonde» et lui en a proposé quelques-unes... 


Une touche artistique

Robert à 14 ans.

Enfant et adolescent, mon père était de santé fragile. Par exemple, une méchante coqueluche lui a fait rater une année scolaire. Philias connaissait très bien le saint Frère André, célèbre thaumaturge et idéateur de l’Oratoire Saint-Joseph (l’un des lieux les plus fréquentés par les touristes à Montréal). Comme il possédait une auto, il conduisait régulièrement le Frère André dans ses tournées de malades. Philias s’était donc ouvert au Frère André de la santé de Robert qui l’inquiétait souvent. La réponse du Frère fut immédiate, catégorique et prophétique : «Ne t’inquiète pas pour Robert : il va vivre très vieux!».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8re_Andr%C3%A9_(religieux)

Mon père a commencé le programme d’Études françaises à l’Université de Montréal. Il a même écrit quelques poèmes dont celui-ci a été lu en ondes le 7 mars 1951 par le chansonnier bien connu Raymond Lévesque (l’auteur de la chanson au texte toujours actuel : Quand les hommes vivront d’amour) :

 

Petit pont


Robert à la pipe.
Vers 1950. 
Mon père cessera de fumer 
d'un coup. Ce plaisir qu'il avait
bien apprécié avait fait son temps.
 
C’est un vieux pont de bois.
Flânant au-dessus de la rivière,
Construit pour guider nos pas
D’une rive à l’autre de la terre.

Peint avec la lumière du jour,

Il a fait l’admiration de ceux qui l’entourent.
Les passants qui le croisent depuis toujours
N’ont jamais su ce qu’il portait de lourd.

        C’est un merveilleux petit pont,

        Qu’on a bâti de gros bois ronds.

Lorsque je regarde le passé,

J’ai peur d’avoir abusé,
De t’avoir même maltraité et usé.
Un jour je te récompenserai.

Tu étais un si joli petit pont

Que je te rebâtirai de gros bois ronds
Et te peindrai avec de la lumière
Pour te revoir au-dessus de la rivière.

C’est un merveilleux petit pont

Que j’ai bâti de gros bois ronds.

 
Robert en 1947,
finissant du cours commercial
au Clement College.


Mon père a longtemps pratiqué la musique pour se divertir. Comme j’apprenais la flûte à bec à l’école, il s’y est mis aussi. Il s’est acheté quelques belles flûtes à bec, surtout des altos et des ténors qu’il préférait. Il est ensuite passé à la clarinette et au saxophone! Fait surprenant : mon père avait entendu du tarogato, un instrument d’Europe de l’Est ressemblant à une clarinette lors d’une visite à l’Expo.
Cet instrument l’avait charmé et il avait entrepris des démarches afin d’en acheter un. Le «plus simple» était de faire venir l’instrument depuis un pays d’Europe de l’Est. Or, cette région du monde était alors sous contrôle soviétique. Pas évident! Mais la ténacité payant, mon père finit par avoir son tarogato entre les mains! Il le vendra quelques années plus tard à un musicien, geste qu’il regretta ensuite. Je me souviens un peu du conte de Madame la Lune qu'il nous inventait et nous racontait à l'heure du dodo. Je me souviens surtout de l'émerveillement dans lequel cela me plongeait. 
Je me souviens aussi de bribes d'une chanson qu'il avait inventée sur des paroles sans significations et qui m'amusaient beaucoup. Cela commençait ainsi: Alami alakami alamoncholo


Comme un écrivain russe

Narcisse,
mon arrière-grand-père.
Quelle moustache!!!


Robert a d’abord été couvreur au sein de l’entreprise familiale fondée par son grand-père paternel, Narcisse. Narcisse était illettré et il fit le choix de quitter la campagne pour s’établir en ville, à Montréal où il ouvrit en 1900 son commerce de plomberie, ferblanterie, couverture et ventilation d’immeuble. À tort ou à raison et comme plusieurs de ses contemporains, Narcisse considérait que ses enfants devaient avoir une meilleure éducation et que cela passait par la vie en ville. Cette entreprise a dû avoir bonne réputation puisqu’elle décrocha de gros contrats comme celui d’effectuer la couverture de l’immense Saint-Jean-de-Dieu, hôpital psychiatrique, ville dans la ville – cette institution existe toujours sous le nom d’hôpital Louis-Hyppolite-Lafontaine.

Lorsque son fils Philias s’est joint à l’entreprise, il a aussitôt découvert des anomalies dans les comptes de l’entreprise. Si Narcisse faisait de si longues heures de travail en n’arrivant à se donner qu’un maigre salaire, c’est que son associé le fraudait! Grâce à Philias, cet homme fut démasqué et congédié.

Devanture de l'entreprise
de mon arrière-grand-père
Narcisse, rue Coloniale, Montréal. 


Philias, Laura et les deux enfants (Robert et Françoise) ont vécu dans une belle maison au 665 rue Dollard dans Outremont. Lorsque les ennuis de santé cardiaque de Laura se sont aggravés et que la maison semblait trop lourde à entretenir, la famille a pris logement. Quelques petites années plus tard, ce fut le drame. En plein hiver, lors des plus grands froids, l’immeuble à appartements où elle logeait a été complètement détruit par un violent incendie. Parents et enfants ont dû sauter par une fenêtre pour échapper aux flammes, et les pompiers ont mis plus de deux jours à éteindre ce brasier. Comme presque tout le monde à l’époque, la famille n’avait pas d’assurances et tout fut perdu. 

Ils ont alors loué la maison d’une dame Lavoie au 716 rue Wiseman, dans le même quartier. Comme cette dame âgée voulait casser logement, elle a vendu plusieurs meubles à la famille, entre autres la magnifique horloge grand-père dont j’ai hérité par la suite. Mon père n’avait que 18 ans lorsque Laura, sa mère, est décédée à l’âge de 55 ans le 13 février 1946. Était-ce pour changer de décor, Philias acheta un terrain sur l’avenue McDougall et y fit bâtir une maison, celle de mon enfance. 

Philias, Laura et Robert. Je trouve que Laura avait des mains de musicienne.
Aurais-je hérité de ses longs doigts?

Robert suivit un cours commercial au Clement Business College (la Loi 101 n’existait pas encore…). Puis, il devint courtier d’assurance à son compte, avec un associé. C’était l’époque héroïque où les courtiers d’assurance devaient faire du porte-à-porte pour se trouver des clients. En la dernière partie de sa carrière, Robert sera administrateur.

En couvreur pour l'entreprise
de son grand-père Narcisse.
 

Bon, Outremont passait pour une ville très riche. C’est vrai, mais cette richesse n’était pas uniforme : il y avait des poches de pauvreté à Outremont. La première rencontre entre Françoise (ma future mère) et Robert ne fut pas un coup de foudre, même que… Ils s’étaient vus à une soirée d’amis. Lorsque Robert a dit être d’Outremont, Françoise s’est retournée vers sa sœur en se moquant : «Houlala ma chèèèère! Outremont!». Mais la vie réserve bien des surprises et des revirements! Ils se sont finalement épousés en janvier 1960. Je précise que mes parents n’appartenaient pas à la «haute» mais à la classe moyenne. 

La vie de la famille a été heureuse. Mais il arrive du mauvais temps dans la vie. J’étais jeune adolescent à l’époque et je sentais une tension vive. Mon père n’était pas comme avant, et il travaillait de très et trop longues heures. Quelque chose s’était passé. Par après, je saurai. C’est un notaire qui voyait à placer une partie des économies de mon père. Le monsieur avait très bonne réputation et il était apprécié de tout le monde. Un jour, mon père a reçu un téléphone lui annonçant la mort soudaine du notaire***. Suicide. Le notaire avait fait des placements spéculatifs avec l’argent que ses clients lui avaient confié, et il avait perdu de grosses sommes qu’il lui était impossible de récupérer. Plutôt que d’affronter ses responsabilités et de subir la honte, il décida de s’enlever la vie. C’est dans la stupeur totale que ses clients, dont mon père, ont appris que leur argent s’était évaporé. Personne n’est à l’abri…

Après que la famille ait déménagé dans le quartier de Bordeaux dans le Nord de l’île de Montréal, mon père a porté la barbe – il la porte toujours. Quand nous allions en vacances dans le Nord-Est des États-Unis, il arrivait que des gens l’abordent sur la rue en croyant qu’il était Alexandre Soljenitsyne, l’écrivain russe dissident qui s’était établi à Cavendish au Vermont dans les années 1970 (et qui demeurera là jusqu’à son retour en Russie en 1994). Robert s’est aussi fait quelquefois abordé avec un «Bonjour mon Père!».  

Alexandre Soljenitsyne. Aux États-Unis,
des gens ont abordé mon père en croyant
qu'il était l'écrivain russe! Comparez avec
la première photo: oui, il y a une ressemblance.
Mais mon père est plus souriant! 


 Ma branche irlandaise

Je n'ai pas de photo de mon arrière-arrière-grand-père John Morrin venu d'Irlande.
Mais j'ai celle-ci qui date de 1895 où l'on voit son fils James assis à gauche, qui sera papa de Laura, sur les genoux de sa mère, Laura qui sera maman de mon père. 

La famille de mon grand-père était Québécoise «pure laine». Mais son épouse, ma grand-mère, était Irlandaise. Mon père a d'ailleurs des yeux vert typiques, et j’avoue m’être toujours senti une âme celte. Cette branche familiale irlandaise vient de mon arrière-arrière-grand-père, John Morrin (prononcez Mowrînne). 

Laura Morrin,
ma grand-mère
que je n'ai pas connue.


Il est arrivé adulte au Québec lors de la terrible famine qui a dévasté l’Irlande de 1845 à 1852. Il parlait alors assurément l’anglais, peut-être aussi le gaélique irlandais. Lorsqu’il s’est établi au Québec, il a été des plus heureux d’entendre une autre langue, le français, qu’il a rapidement appris. Entre vivre en anglais ou en français, pas d’hésitation pour John qui détestait les Britanniques! Et pour cause : ce fut le mildiou, un champignon, qui avait ravagé les cultures de patates en Irlande (la patate était l’aliment de base de ce peuple pauvre), mais ce furent les Britanniques qui ont retardé autant que possible l’acheminement de vivres et de secours aux populations : l’objectif était de laisser crever le plus grand nombre de ces sales Irlandais catholiques et rebelles à la Couronne. Ils n’ont pas raté leur coup puisque cette famine en tuera plus d’un million... 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_famine_irlandaise

Donc, John parlera français et s’établira à Berthierville où il épousera Catherine Giroux le 30 avril 1849. Je m’étonne : Berthierville est la petite ville juste de l’autre côté du fleuve Saint-Laurent (ou ici Lac Saint-Pierre), en face de celle où je me suis établi en 2014, Sorel-Tracy.

John aura un fils, James, qui épousera Maria Massé de Grand’Pré en 1886, à Saint-Cuthbert, non loin de Berthierville. À cette époque, le nom de famille a failli devenir Morin, avec un seul «r», mais cela aurait constitué un outrage et la famille a obtenu un ordre de cour pour maintenir Morrin – c’est qu’en Irlande, les Morrin sont Catholiques et les Morin Protestants, ouille! Le couple aura cinq enfants : quatre filles (Bella, Laura, Bertha et Stella) et un garçon, James. Laura épousera Philias le 26 juin 1926 et sera la mère de mon père.

Laura et Philias avec leurs deux enfants: Robert et Françoise. 

De cette génération irlandaise, je n’ai connu que le dernier James. Les filles sont décédées assez jeunes, surtout Bella qui a quitté ce monde à 19 ans, à Saint-Cuthbert, le 5 février 1907. 

Stella Morrin, dont le nom
d'artiste était Jacqueline
de Grand'Pré.
 
Pour sa part, Stella a causé un scandale dans son village : avant même ses 20 ans, elle quittait sa famille au bras d’un imprésario pour se rendre à Paris où elle fera une belle carrière de chansonnière dans les cabarets, sous le nom de Jacqueline de Grand’Pré. Lors de la Deuxième guerre, elle s’établira au Brésil où elle poursuivit sa carrière et où elle investit dans des plantations de café. La guerre terminée, Stella désirait regagner Paris. Mais la loi brésilienne ne lui permettait pas de sortir son argent investi du pays. Un imprésario arrangea les choses et elle put partir pour Paris où une partie de ses investissements lui seront versés annuellement. Malheureusement, elle avait contracté une sévère infection à la gorge qui abîma sa voix, ce qui mit fin à sa carrière de chanteuse. Vers 1960, Stella revint au Québec et retrouva son frère James (qui ne lui a jamais entièrement pardonné sa vie de bohème!). Elle vécut modestement sans toutefois se priver de soirées de cabaret, milieu où elle avait toujours ses entrées – elle était notamment une familière du Faisan doré, l’un des plus célèbres cabarets montréalais de l’époque. 
Elle revit aussi mon père à qui elle donnait le surnom insolite de «Poudoupoudou»! Il ne semble pas qu’elle soit venue chez nous sur McDougall: elle passa les dernières années de sa vie à Ottawa où elle donna des cours de français. Cette femme très cultivée à la mémoire phénoménale décéda le 8 août 1967. J’aurais bien aimé connaître Stella. Je ne sais pas si elle a enregistré des disques – mais on l’entendait chanter en direct à la radio. Si quelqu’un parmi vous possède un disque d’elle, je serais ravi de l’écouter. 

Au Faisan doré, avec Stella (au bout de la table).
Robert est le deuxième à gauche.


*          *          *

Regarder ces photos en noir et blanc ou en sépia, dont certaines datent de la fin du XIXe siècle, ne m'inspire pas de la nostalgie mais plutôt un vertige du Temps. Ce n'est pas le passé que je vois: c'est le présent, le présent vécu par ces gens et qui est le même présent que nous vivons nous aussi. On dirait que ce n'est pas le temps qui passe, mais plutôt nous qui passons dans un éternel présent. Les gens sur ces photos vivaient dans un monde en couleurs, le même monde avec les mêmes couleurs que nous avons nous aussi! Ils éprouvaient des sentiments, les mêmes que nous éprouvons. Ces gens étaient là, dans le présent, dans l'«ici et maintenant». Je regarde ces photos et Laura, Philias, Stella, Narcisse sont à mes côtés, Maman aussi. Et bien sûr Robert, Papa!

Sources des illustrations: Collection personnelle, archives familiales et Wikipédia (Domaine public et PD-US)


mercredi 1 novembre 2023

SCORPION ASCENDANT ASPERGER

Scorpion ascendant Asperger

Selon la science du management
et l'un des tests les plus utilisés en 
ce domaine, mon profil est celui
de l'Architecte.


1. Un profil de personnalité
2. Bonne entente
3. Persévérance et limites
4. Un monde aquatique
5. Régénération

 

Dans un article précédent, je disais me reconnaître au moins autant dans le profil de mon signe astrologique que dans le profil Asperger. Vu le marasme conceptuel et la confusion actuelle du diagnostic d'autisme, l'astrologie me semble aussi sérieuse! J'ironise un peu, gentiment, mais je me pique à jouer le jeu le temps de cet article.

Ce qui suit n’est donc pas tant un éloge de l’astrologie qu’une réflexion sur mon type de personnalité. Dans une classification des types de personnalités souvent utilisée dans le domaine du management, je suis Architecte. Lorsque je compose une pièce, je me sens comme un architecte. Mon manuscrit terminé, c'est comme un plan à l'intention de l'interprète. Peut-être que cela ne paraît pas (car l'art doit cacher l'art), mais mes pièces sont solidement architecturées. 

Je vous montrerai qu’il y a des points communs entre l’Architecte et l’Asperger… aussi avec le Scorpion. Mais les signes du zodiaque sont quand même plus poétiques! (Ne prenez pas le présent écrit au sérieux à 100%, mais il y a quand même un peu de sérieux en lui...). 

Que disais-je donc dans l'article évoqué plus haut? Voici – vous pouvez sauter à la suite si vous aviez lu : «Je dois reconnaître que l’astrologie est un système sophistiqué que ses adeptes ont cherché à parfaire au fil des siècles.

Le Zodiaque de Lubok, XVIIIe siècle.

Dans l’astrologie classique, il y a 12 types, représentés par les signes du zodiaque. Chacun de ces 12 types se décline lui-même en trois décans et en douze ascendants: chaque signe se décline donc en 3 X 12 = 36 nuances. De plus, l’influence de planètes doit être considérée, de même que le signe lunaire. Cela ne signifie pas pour autant que ce «système explicatif» soit fondé! Les horoscopes quotidiens publiés ici et là flirtent avec le ridicule. Comme système prédictif, l’astrologie obtient des résultats aléatoires. Mais l’astrologie peut, sous certaines conditions, être un outil de connaissance de soi aussi valide que, par exemple, la psychanalyse. Devant une description détaillée de son signe, la personne peut entrer en dialogue et prendre conscience de certains de ses propres traits : «Ah oui, ça c’est vrai, je suis ainsi» ou, au contraire, «Cet aspect-là, en y pensant bien, je ne m’y retrouve pas». L’astrologie peut ainsi aider la personne à se positionner et, de cette manière, l’aider à mieux se connaître. Le revers est des gens prennent l’astrologie très au sérieux et lui accordent une valeur absolue pour les guider au quotidien dans leurs décisions – comme certains se guident sur leur groupe sanguin pour trouver un «amour compatible».
https://antoine-ouellette.blogspot.com/2022/02/autisme-les-descriptions-ne-suffisent.html

 

Un profil de personnalité

Mon véritable signe est le signe de croix! Néanmoins, selon la description qu'en fait l'astrologue Anne-Marie Chalifoux, je dirais que le portrait de mon signe astrologique concorde à 75%, peut-être même un peu plus. Sur WikiHow, ma concordance est encore plus forte et presque troublante :

Vous savez donc maintenant que je suis Scorpion, le «pire» signe! Je ne sais pas à quel point je crois à l’astrologie. Mais je peux admettre que je porte bien mon signe.

Dessin de Sidney Hall (1788-1831)

Or, le profil de l’Architecte montre de nombreux points communs avec celui du Scorpion ainsi qu’avec celui de l’Asperger. Ainsi, lorsque je m’amuse à faire ces tests de personnalité, il y a une constance solide : je dois donc assez bien me connaître. Si peu de gens parviennent à bien me connaître, c’est que l’Architecte, le Scorpion autant que l’Asperger sont des personnalités introverties et secrètes. Je suis conscient que cette introversion me fait passer aux yeux de certaines personnes comme étant distant et froid. Mais elles font erreur, et plus encore lorsqu’elles pensent que, du coup, je suis influençable et que je vais dire comme elles, ne serait-ce que pour faire gentil. Les gens qui ont tenté de me convertir au complotisme, au wokisme ou à la «théorie du genre» s’en sont vite aperçus qui ont reçu quelques bons coups de pinces et de dard! WikiHow : «Les Scorpions sont des personnes très profondes, intenses et minutieuses et il y a quelque chose de plus derrière leur apparence. Ils affichent un air tranquille, détaché et dénué d'émotions, mais en dessous se cachent une passion intense, une force extrême, une puissance formidable et une volonté de fer». Que c’est moi!!!

Alors donc, Architecte pour le management, Asperger pour la psychologie, je suis Scorpion pour l’astrologie. Dans la description du Scorpion qui suit, il est facile de repérer des traits communs avec l’autisme. L’astrologue Anne-Marie Chalifoux démarre le portrait qu’elle trace de ce signe par les mots suivants : «Il ne vous sert à rien de vouloir le cacher : vous êtes un Scorpion, un vrai. D’ailleurs, vous le savez pertinemment, car rien ne vous échappe». Hum! Je suis Scorpion du premier décan : «Quel caractère!» Ouille! 

Une maman Scorpion qui promène
(et protège ses petits). Dévoués, les Scorpions!


Toujours selon cette astrologue, le Scorpion est secret, mystérieux, voire impénétrable; par contre, doté d’une «remarquable intuition», il pressent les événements, devine les gens, leurs intentions et leurs sentiments : «Vous percevez leurs secrets les plus intimes, ce qui, bien entendu, les met parfois mal à l’aise en votre présence»; «c’est la raison pour laquelle on a parfois l’impression que vous vous moquez des gens, que vous êtes hautain, dédaigneux des autres, alors que c’est plutôt une sorte de distance que vous mettez entre vous et eux pour mieux les comprendre et pour être sûr de la qualité de vos relations (…). Vous ne parlez pas, ce qui dérange, et quand vous parlez, cela dérange encore plus». C’est que sous sa carapace, le Scorpion est hypersensible, encore plus lorsqu’un enfant Scorpion a eu de mauvaises expériences avec ses pairs. Donc, le Scorpion se protège, observe, radiographie l’âme d’autrui…, puis il tranche de manière nette. Sans surprise, «il n’est pas du tout facile de trouver la bonne attitude du premier coup lorsqu’on le rencontre» - c’est gênant tant cela me va! Et plus encore : «La première chose à faire est de mériter sa confiance, ce qui n’est pas gagné d’avance. De toute façon, il ne l’accordera pas spontanément. Avec lui, le mot «gagner» prend tout son sens. Car il faudra peut-être des années avant qu’il ne vous la donne. Et si jamais vous la perdez, ne comptez pas la retrouver facilement».
La divinité antique Serket. Walter Art Museum.
Mais une fois le Scorpion gagné, il est fidèle, engagé, fiable, solide, dévoué, une loyauté à toute épreuve… tout en restant lui-même, et il garde toujours une part de mystère, même pour lui. «Il s’ouvrira un peu, jamais complètement, mais avec les autres, il ne changera pas. Son esprit de contradiction, ses sarcasmes, son humour cinglant et ses attitudes mystérieuses font partie intégrante de sa personnalité. Il faudra le prendre tel quel, sans chercher à vouloir le changer».

Aussi, le Scorpion est «passionné des mondes étranges, des personnes insolites, de sciences ésotériques, de parapsychologie, et la mort vous fascine». Ma foi peut sembler «ésotérique» à certaines personnes et, de fait, il se passe rarement une journée sans que je ne songe à la mort – ce qui ne m’empêche pas du tout de vivre et qui n’implique pas de dépression chez moi.

 

Bonne entente

Dessin de William Wallace Denslow,
1902.

Bon. Peut-on s’entendre avec un Scorpion?! J’ai vu un site qui recommandait aux couples désirant un enfant de le planifier afin d’éviter qu’il puisse être natif du Scorpion! De la scorpionophobie, ou plutôt de l’arachnophobie qui existe réellement! (https://fr.wikipedia.org/wiki/Arachnophobie)

Eh bien oui. Certains profils, certains signes vont bien avec lui et s’entendent facilement avec lui, aussi surprenant que cela puisse paraître. WikiHow précise : «Montrez que vous avez confiance en vous. Les Scorpions respectent les personnalités fortes et confiantes» - c’est vrai que je ressens une déception lorsqu’il s’avère qu’une personne se dise «profondément blessée» pour une simple divergence d’opinion (les opinions des Scorpions sont souvent tranchantes, et ils adorent jouer avec les idées qu’ils n’identifient pas aux personnes qui les énoncent) – ce type semble fréquent aujourd’hui que le journaliste Richard Martineau désigne comme celui des «petits lapins». Pas grand atome crochu avec ce type-là…

Les côtés plus déstabilisants de mon signe sont toutefois tempérés par mon ascendant, Balance, et mon signe lunaire, Poissons, qui lui donnent une touche de légèreté, d’élégante, de fantaisie.

 

Persévérance et limites

Mais oui, nous, Scorpions, pouvons être mignons!
Photo du Ministère de la défense (!) des États-Unis
.
D’une manière générale, les personnes autistes sont réputées pour avoir des «intérêts particuliers» dans lesquels elles peuvent s’absorber durant de longues périodes. Des auteurs, comme Tony Attwood, les créditent d’une grande ténacité, capables de persévérance. Comme nous avons les défauts de nos qualités (nul n’est parfait), cette ténacité peut sembler être de la rigidité, et il peut arriver qu’elle en soit réellement! Longtemps, il a été écrit que les autistes n’évoluent pas. C’est évidemment faux. Mais souvent, cette évolution se fait en fidélité à soi-même plutôt qu’en changeant subitement d’opinions ou en papillonnant d’une passion à une autre.

Le Scorpion fait de même, car c’est un signe dit fixe. Chaque saison de l’année contient trois signes. Le premier est dit cardinal qui correspond au début de la saison; le troisième est dit mobile qui correspond au déclin de la saison; entre les deux se situe le signe fixe qui marque la pleine maturité de la saison donc, symboliquement, la solidité. Le Scorpion est le signe fixe de l'automne - l'automne est d'ailleurs ma saison préférée. 

Admirez la ressemblance avec l’autisme : «Ces signes astrologiques sont caractérisés par la stabilité sur le plan intellectuel et émotionnel, par la résistance aux changements et par la loyauté pour certaines valeurs comme par exemple la famille et la maison. Les personnes du signe fixe sont des personnes capables d’exécuter certaines tâches pendant beaucoup de temps car elles ne s’ennuient jamais (…). Leur objectif est de continuer les tâches jusqu’à leur accomplissement».

Un Scorpion assez fantaisiste dans
le Livre d'Heures de Maître Fastolf,
XVe siècle

On a donc les défauts de nos qualités, ou vice-versa. Il en va de même pour les profils de personnalité correspondant aux douze signes. Ainsi, «Les signes fixes sont caractérisés par leur capacité d’avancer vers le futur (…). Signe fixe, vous êtes loyal, fiable, courageux, persévérant et travailleur. Quand vous vous engagez, vous tenez parole et prenez vos responsabilités mais si on vous trahit, vous avez la rancune tenace. Cet entêtement est d'ailleurs votre point faible car il vous prive d'une intéressante largeur d'esprit. Vous avez du mal à vous adapter et cette rigidité peut autant nuire à votre vie privée que sociale. Nuancez vos opinions».
https://www.mon-horoscope-du-jour.com/astrologie/tout-savoir/modes-vibratoires/fixe.htm

Avec le temps, j’ai gagné en nuance et en diplomatie. Mais je ne suis pas parfait! Un autre site mentionne quelque chose qui s’est, malheureusement, souvent vérifié dans ma vie : «Les signes fixes agissent concrètement dans une direction précise, il est alors difficile d'en arrêter la force ou de les détourner. Ces signes manquent d'habileté pour diffuser leur créativité, rôle pour lequel les signes cardinaux sont mieux adaptés. C'est la raison pour laquelle ces deux natures joignent instinctivement leurs talents, en vue de progrès réguliers et constants». Manque d’habileté pour diffuser ma créativité : la croix de ma vie, en effet. D’où l’importance de faire équipe avec des gens apportant de la complémentarité - mais où se cachent-ils donc???

 

Un monde aquatique


Blason de la ville de Souvignargues
(France) avec deux jolis Scorpions. 


Le Scorpion est un signe d’Eau, ce qui en fait peut-être le signe fixe le plus flexible. Je n’ai qu’à considérer certains épisodes de ma vie pour constater être capable d’une bonne capacité d’adaptation et d’une bonne résilience. Les signes d’Eau sont très intuitifs : «L’Eau transmet un caractère émotif, intuitif et spirituel».
https://www.voyance-complete.com/astrologie/les-signes-de-leau/


J’avoue que ma formation scientifique m’a quelques fois amené à ne pas me fier à mon intuition, ce qui m’a joué des tours. Aujourd’hui, j’accepte de m’y fier davantage. Par contre, dans la création musicale, mon intuition est une force fondamentale. «Les signes de l’Eau sont des individus créatifs même s’ils n’ont pas une carrière artistique car ils savent que la création peut les aider pour découvrir le monde entier». En effet, je vois l’Univers tout entier dans une goutte d’eau!

On ajoute encore ceci qui s’est vérifié dans ma vie : «Le premier contact avec un signe de l’Eau montre un individu timide mais, [en gagnant sa confiance], on découvre un individu sensible et sincère».


 

Régénération


Charon traversant le Styx, le fleuve du royaume des Morts
dans la mythologie antique. Toile de Joachim Patinir (c.1480 - 1524)


Finalement, le Scorpion est gouverné par Pluton : «L’énergie de Pluton est également très renouvelable et régénérative (…). Les Scorpions désirent et sont capables de se transformer complètement chaque fois que c’est nécessaire. La résilience du Scorpion les rend également extrêmement puissants. Ils savent qui ils sont et qui ils veulent être dans la vie».


Pour la résilience en ce qui me concerne, j’ai déjà partagé ces temps d’épreuve que j’ai vécus et surmontés – il y en a eu d’autres, notamment en 2014 qui fut une année terrible et intense, mais aussi une année de métamorphose!

http://antoine-ouellette.blogspot.com/2023/06/stress-post-traumatique-et-autisme-ou.html

 

Eh bien voilà : vous me connaissez un peu mieux! Mais que ce soit par la psychologie (Asperger), le management (Architecte) ou le zodiaque (Scorpion), une personne est toujours au-delà des catégories. À ne pas oublier!


Sources des illustrations: Wikipédia (Domaine public, PD-US)