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lundi 2 décembre 2013

BONHEURS. Pour piano Partition PDF gratuit.

BONHEURS, pour piano (opus 2c; 1984-85)

Partition gratuite PDF:

Cette partition est offerte pour usage privé. Pour toute performance en concert, seule la partition éditée est autorisée, et seul le Centre de musique canadienne est autorisé à la copier, la louer et la vendre.

This sheet music is offered for private use. For any concert performance, only the edited sheet music is authorized, and only the Canadian Music Centre is authorized to copy, rent and sell it.

Contact:  atelier@cmccanada.org  ou / or  quebec@cmccanada.org

 
Cette musique est / This music is: © Antoine Ouellette SOCAN
 

BONHEURS
Six petites pièces pour piano, opus 2c
1) Choral d'introduction
2) Deux
3) Trois
4) Quatre
5) Cinq
6) Choral de conclusion

Pour écouter Bonheurs: https://youtu.be/ancALyBIfp8


Photo par Coralie Adato
Petits miracles qui ne coûtent rien, les moments de bonheur sont comme des papillons qu’on ne peut toujours retenir. Léger et profond à la fois, peu osent aborder le bonheur en musique. J’ai composé les six pièces de Bonheurs en 1984 et 1985. La dernière composée, qui est la dernière du recueil, a été terminée le 1er juin 1985. Je les écrivais comme ça, à temps perdu et sans l’idée de les réunir ensemble. Lorsque finalement je les ai réunies, je me suis aperçu qu’elles forment un tout cohérent. La première et la dernière pièces sont toutes deux des chorals, d’où leurs titres : Choral d’introduction, Choral de conclusion. De plus, toutes deux s’articulent sur deux tonalités, Ré majeur et Fa dièse majeur, avec un retour vers Ré majeur pour terminer. Les derniers instants du Choral de conclusion combinent des harmonies appartenant aux deux tonalités, et les notes finales, Ré et Fa# (pas de La) forment le sceau poétique de cette union. Ce n’était pas du tout calculé!
 
Dernières mesures de Bonheurs (C) Antoine Ouellette. Socan

Les quatre pièces centrales porte de drôles de titres, tout simplement Deux, Trois, Quatre et Cinq. Quatre s’inspire de deux vieilles chansons : À la claire fontaine (un classique du folklore québécois) et une autre chanson dont j’ai oublié le titre mais que ma mère me chantait lorsque j’étais tout petit enfant. Comme les Chorals, Deux s’articule sur Ré majeur et Fa dièse majeur, en un joyeux mouvement perpétuel, avec de belles harmonies. Mais contrairement aux Chorals, Deux débute en Ré majeur pour se terminer en Fa dièse majeur, sans tension, sans désir de faire étrange. L’évolution se fait naturellement, avec limpidité.

Extraits de Deux, tirée de Bonheurs (c) Antoine Ouellette. Socan

En fait, les quatre pièces centrales vont ainsi, débutant dans une tonalité pour se terminer dans une autre : Trois va de Sol mineur à Fa dièse majeur, Quatre évolue de Ré mineur à Do majeur, Cinq se porte de Si bémol majeur à La (mineur ou majeur, la tierce est absente). À cette époque, je composais en tonalité aérienne (c’est moi qui invente cette expression) : ma musique était tonale mais se refusait à un principe pourtant fondamentale de la musique tonale, à savoir l’affirmation de la tonalité et la création de tensions harmoniques lorsqu’on s’en éloigne. Ce refus n’avait rien de prémédité ou d’affecté : il était tout à fait spontané. Dans ma musique, la note tonale n’avait pas de poids, pas d’attraction. Du moins peu. Donc peu de gravité. Comme la musique n’était pas pour autant très chromatique ou dissonante, il n’y a pas en elle de pesanteur : c’est l’envol qui prime, une musique suspendue dans le ciel. Presque toutes les pièces que j’ai composées avant Paysage (1987) vont ainsi, et j’ai conservé cette manière par la suite selon d’autres modalités.

Bonheurs semble une œuvre toute simple. C’est assez facile à jouer, c’est poétique à écouter, c’est court (environ 12 minutes au total). Fut-ce pour autant facile à composer? Je n’ai pas souvenir de difficultés majeures. Sauf que polir l’œuvre a été long. En 1992, j’avais révisé l’ensemble; à l’été 2013, j’y suis retourné pour corriger quelques coquilles et, surtout, pour revoir les dynamiques, afin de rendre celles-ci un peu moins démonstratives ici ou là. Les seuls fortissimo (ff) se trouvent dans Trois et, tels des explosions suivies de cris d’oiseaux, dans Choral de conclusion. Pour le reste, je désire que Bonheurs semble simple!

 
Extrait de Trois, où se trouvent quelques-uns des rares ff de Bonheurs (C) Antoine Ouellette. Socan.

Mais est-ce vraiment une œuvre si simple? Je ne crois pas que bien maîtriser la tonalité aérienne soit facile, mais surtout il y a dans ces pièces, composées au départ sans projet de les réunir, une cohérence interne déroutante parce que forte autant que spontanée. J'ai mentionné le parcours tonal des six pièces. Je le résume : Choral d’introduction est en ; Deux va de majeur à fa dièse majeur; Trois, de sol mineur à fa dièse majeur; Quatre, de mineur à do majeur; Cinq, de si bémol majeur à la. Or, comment commence le Choral de conclusion? Par une phrase lente qui fait précisément entendre ces notes (extrait ci-dessous), non seulement dans l’ordre mais dans le groupement : , ré-fa dièse, sol-fa dièse, ré-do, si bémol-la! Là non plus, ce n’était pas calculé : cela s’est mis en place ainsi, tout naturellement. 
 
Début du Choral de conclusion. Extrait de Bonheurs (C) Antoine Ouellette, Socan.

En regroupant ces six pièces, j’avais dû ressentir que non seulement elles vont bien ensemble mais qu’elles créent un monde, qu’il y a en elles et entre elles un réseau de correspondances mystérieuses dont une partie m’échappe peut-être encore.

 
Passage de Cinq présentant une certaine correspondance avec l'allure de Deux. Extrait de Bonheurs      (C) Antoine Ouellette. Socan.