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Cette
musique est / This music is: © Antoine Ouellette SOCAN
BONHEURS
Six petites pièces pour piano, opus 2c
1) Choral d'introduction
2) Deux
3) Trois
4) Quatre
5) Cinq
6) Choral de conclusion
Photo par Coralie Adato |
Les quatre pièces centrales porte de drôles de titres,
tout simplement Deux, Trois, Quatre et Cinq. Quatre s’inspire de deux vieilles
chansons : À la claire fontaine
(un classique du folklore québécois) et une autre chanson dont j’ai oublié le
titre mais que ma mère me chantait lorsque j’étais tout petit enfant. Comme les
Chorals, Deux s’articule sur Ré majeur et Fa dièse majeur, en un joyeux
mouvement perpétuel, avec de belles harmonies. Mais contrairement aux Chorals, Deux débute en Ré majeur pour se terminer en Fa dièse majeur, sans
tension, sans désir de faire étrange. L’évolution se fait naturellement, avec
limpidité.
Extraits de Deux, tirée de Bonheurs (c) Antoine Ouellette. Socan |
En fait, les quatre pièces centrales vont ainsi, débutant
dans une tonalité pour se terminer dans une autre : Trois va de Sol mineur à Fa dièse majeur, Quatre évolue de Ré mineur à Do majeur, Cinq se porte de Si bémol majeur à La (mineur ou majeur, la tierce
est absente). À cette époque, je composais en tonalité aérienne (c’est moi qui
invente cette expression) : ma musique était tonale mais se refusait à un
principe pourtant fondamentale de la musique tonale, à savoir l’affirmation de
la tonalité et la création de tensions harmoniques lorsqu’on s’en éloigne. Ce
refus n’avait rien de prémédité ou d’affecté : il était tout à fait
spontané. Dans ma musique, la note tonale n’avait pas de poids, pas
d’attraction. Du moins peu. Donc peu de gravité. Comme la musique n’était pas
pour autant très chromatique ou dissonante, il n’y a pas en elle de
pesanteur : c’est l’envol qui prime, une musique suspendue dans le ciel.
Presque toutes les pièces que j’ai composées avant Paysage (1987) vont ainsi, et j’ai conservé cette manière par la
suite selon d’autres modalités.
Bonheurs semble une œuvre toute simple. C’est assez facile à jouer, c’est poétique à écouter, c’est court (environ 12 minutes au total).
Fut-ce pour autant facile à composer? Je n’ai pas souvenir de difficultés
majeures. Sauf que polir l’œuvre a été long. En 1992, j’avais révisé
l’ensemble; à l’été 2013, j’y suis retourné pour corriger quelques coquilles
et, surtout, pour revoir les dynamiques, afin de rendre celles-ci un peu moins
démonstratives ici ou là. Les seuls fortissimo (ff) se trouvent dans Trois et, tels des explosions suivies de
cris d’oiseaux, dans Choral de conclusion.
Pour le reste, je désire que Bonheurs
semble simple!
Extrait de Trois, où se trouvent quelques-uns des rares ff de Bonheurs (C) Antoine Ouellette. Socan. |
Mais est-ce
vraiment une œuvre si simple? Je ne crois pas que bien maîtriser la tonalité
aérienne soit facile, mais surtout il y a dans ces pièces,
composées au départ sans projet de les réunir, une cohérence interne déroutante
parce que forte autant que spontanée. J'ai mentionné le parcours tonal
des six pièces. Je le résume : Choral
d’introduction est en ré; Deux va de ré majeur à fa dièse
majeur; Trois, de sol mineur à fa dièse majeur; Quatre,
de ré mineur à do majeur; Cinq, de si bémol majeur à la. Or, comment commence le Choral
de conclusion? Par une phrase lente qui fait précisément entendre ces
notes (extrait ci-dessous), non seulement dans l’ordre mais dans le groupement : ré, ré-fa dièse, sol-fa dièse,
ré-do, si bémol-la! Là non plus, ce n’était pas calculé : cela s’est
mis en place ainsi, tout naturellement.
En regroupant ces six pièces, j’avais
dû ressentir que non seulement elles vont bien ensemble mais qu’elles créent un
monde, qu’il y a en elles et entre elles un réseau de correspondances
mystérieuses dont une partie m’échappe peut-être encore.
Passage de Cinq présentant une certaine correspondance avec l'allure de Deux. Extrait de Bonheurs (C) Antoine Ouellette. Socan. |