MUSIQUE (Composition et histoire), AUTISME, NATURE VS CULTURE: Bienvenue dans mon monde et mon porte-folio numérique!



mardi 2 juillet 2019

MON PARIS 2019

Mon Paris 2019. 
Du brut et de la gentillesse.


1. Des Champs-Élysées
2. Billets de métro
3. Complaintes
4. La Cathédrale blessée

Des Champs-Élysées
Avec l'unique Sofia Paz, militante pour l'autisme
Du 13 au 20 mars dernier, j’étais à Paris pour le Salon du livre. Ce court séjour a ressemblé à celui que j’avais fait en 2014 dans la même ville et pour le même événement. J’ai résidé au même hôtel, le Lutèce Hôtel où j’ai été aussi bien accueilli – ce petit hôtel est à quelques coins de rues du Salon; il est simple, bien entretenu, avec un personnel super gentil et, atout majeur pour moi, il est calme et situé sur une rue calme dans un quartier calme! Que demander de plus? Je ne demandais tout de même dans quel état serait Paris car depuis, il y a eu des attentats terroristes (notamment ceux de Charlie Hebdo et du Bataclan en janvier et novembre 2015). 
De plus, la crise des Gilets jaunes était à son comble : j’étais à Paris lors des émeutes du 16 mars, celles où le célèbre restaurant Fouquet’s a été vandalisé et incendié sur l’avenue des Champs-Élysées. Les médias ne parlaient que de ça, ou presque. Pourtant, ce même 16 mars s’était aussi tenue à Paris une grande marche pour le climat qui a réuni pas moins de 40 000 personnes dans le calme. Mais cette grande marche n’a pas fait le poids médiatiquement face aux quelques dizaines de têtes chaudes qui ont causé du saccage. Je pense que ce traitement journalistique serait le même au Québec. Et c’est une très mauvaise chose. Car quel groupe a gagné en fait de temps-médias? Quel groupe a le mieux réussi à se faire entendre? Quel groupe est parvenu à soutirer du gouvernement des politiques en sa faveur d’une manière quasi immédiate? Celui qui a usé de violence. Alors la question se pose : faut-il recourir à la violence pour être entendu? À mon avis, les médias auraient dû beaucoup plus parler de la marche pour le climat qui, encore une fois, a réuni 40 000 personnes, et l’État aurait dû annoncer de nouvelles mesures pour l’environnement. De cette manière, le message aurait été reçu qu’il vaut mieux de manifester pacifiquement pour obtenir des gains, plutôt que d’opter pour le saccage. 
Musée de la vie romantique, Paris: la maison de George Sand.
Pour ma part, je ne suis pas allé à la marche pour le climat et je n’ai pas eu l’inconscience d’aller jeter un coup d’œil sur les Champs-Élysées ce jour-là! Le mardi suivant, j’ai profité d’une journée libre à la veille de mon retour pour me promener dans Paris. Je suis allé visiter le Musée de vie romantique et le Petit Palais – ce dernier est situé à l’entrée des Champs-Élysées; je ne suis pas allé me rincer l’œil des dégâts causés, mais il y avait une manifestation de syndicats sur l’avenue. Vous devinez qu’il y avait aussi une forte présence policière ici et là… 

Billets de métro
Non loin de Paris, lors d'un souper chez Claude Abromont

À mon retour, on m’a demandé «Et les Parisiens?!», comme à chaque fois que je reviens de Paris, une petite question qui sous-entend presque toujours un préjugé à l’égard des habitants de cette ville. Alors, il me fait plaisir de dire qu’encore une fois, oui encore une fois, je n’ai rencontré à Paris que des gens aimables et gentils. Je le redis pour qui aurait des doutes: je n’ai rencontré à Paris que des gens aimables et gentils. Oui oui. Tenez. Il me restait des billets de métro de mon séjour précédent. Ces billets avaient donc cinq ans. Étaient-ils encore valides? Je tente d’en passer un premier dans une station. Entrée refusée. Je vais donc voir le contrôleur dans sa cabine, et je lui explique. Gentiment, il me dit que les billets sont toujours valides mais qu’ils se sont juste démagnétisés avec le temps. Il me donne aussitôt un nouveau billet en précisant que je dois procéder ainsi à chaque fois, car il ne pouvait me changer six billets d’un coup. Eh bien, ce fut ainsi chaque fois. En une occasion, c’était un drôle de monsieur Noir qui m’a répondu avec un merveilleux sourire : «Les billets ont augmenté de 75 centimes depuis! Vous avez bien fait de les conserver, vous avez fait une bonne affaire!», et il a ri en me donnant un nouveau billet, et moi aussi! Un soir, je suis revenu tard d’une visite chez mon ami le musicologue Claude Abromont en banlieue Est. J’ai dû prendre le train RER puis, arrivé au métro, mon billet était encore refusé. Mais là, les guichets de service étaient fermés. Voyant mon trouble, un jeune homme m’a demandé s’il pouvait m’aider – incroyable non?! Puis il a osé : «Passez en même temps que moi!». Ce n’était pas vraiment légal, J'en suis un peu honteux, mais bon j’étais mal pris et je l’ai suivi – j’ai conservé mon billet défectueux au cas où j’aurais été contrôlé.  

Ce n’est pas tout! Il m’est arrivé quelques fois de demander un renseignement à quelqu’un sur la rue; toujours, on m’a toujours répondu avec gentillesse, et des fois avec un «Oh! Mais vous êtes Canadien! Quel bel accent!». Et encore! Je ne fréquente pas les restos huppés, cela ne m’attire pas. Alors, j’ai repéré les petits restos près de mon hôtel. Et j’ai trouvé celui tenu par Hélène et Sotirios, un couple d’origine grecque, le Traiteur Hélène, qui sert des plats typiques, dont plusieurs végétariens. Tout est fait maison et franchement délicieux, à prix très correct. Il n’y a là que trois ou quatre tables; autrement, c’est surtout un comptoir pour plats à emporter. Je m’installe à une petite table, à l’heure nord-américaine, soit 18h30. Le propriétaire me dit qu’habituellement, il n’y a pas de service aux tables à cette heure-là, mais il accepte tout de même que je mange, et il me sert une succulente moussaka, wow! Et puis, nous parlons, nous parlons, nous parlons, je m’informe de la Grèce, il s’informe du Canada. J’y suis donc retourné quelques fois, pour acheter des plats à emporter pour ne pas abuser quand même. Toujours le même accueil bienveillant. Et j’ose à peine vous le confier, j’ai eu droit à quelques desserts gratuits! Ne parlez plus contre les Parisiens! 

Complaintes

Avec Emmanuelle Bordon, de la revue Trémolo
Le samedi, j'ai rencontré Emmanuelle Bordon, de la revue Trémolo, pour une entrevue très agréable: https://tremolo-mag.com/. Le dimanche après-midi après ma séance de dédicaces au Salon, je suis allé rencontrer Olivier Brisson et Julien Bancilhon pour enregistrer une entrevue vidéo qui sera diffusée le samedi d’après lors des Troisièmes rencontres internationales des pratiques brutes autour de la musique, à Paris. Olivier et Julien font un travail remarquable avec des personnes, comme on dit, «neuroatypiques», notamment auprès de la clientèle de l’Hôpital de Jour d'Antony, toujours à Paris. Mais leur vision n’est pas musicothérapeutique. Si l’art peut aussi être thérapeutique, tant mieux, mais leur mission est créative et artistique en premier lieu : donner la parole à ces artistes marginaux sans chercher à la «polir» ou à la formater. Je leur lève mon chapeau, sincèrement. Leur exemple me permet de signaler que, non, la France n’est pas «40 ans en retard sur le Québec», par exemple, en autisme. C’est un mythe. Il y a des défis, en France comme au Québec, mais il se fait vraiment de très belles choses en France. Olivier et Julien m’ont offert quelques disques de «musiques brutes» qu’ils éditent à travers leur maison La Belle brute. http://www.vertpituitelabelle.org/collection-la-belle-brute/ Je vous jure que ces musiques ne passent pas souvent sur les ondes des radios! Ma grande découverte fut celle de Jean-Marie Massou, dont j’ai hérité du CD et de l’album double-vinyle! Je vous laisse découvrir le personnage via ces deux liens : https://www.youtube.com/watch?v=bEQfkna_GcE https://www.lesinrocks.com/2017/10/30/arts/arts/lart-brut-de-jean-marie-massou/ 
Le CD de Jean-Marie Massou
Les paroles de sa Complainte contre la maternité sont données dans le CD. Elles ont de quoi heurter certaines sensibilités, car l’artiste est contre la sexualité et l’enfantement : «Femmes et hommes du monde entier, il est grand temps d’arrêter de procréer complètement (…). Vous êtes trop jolies, même à partir de 30 ans, alors je vous en supplie ne retournez jamais à la maternité (…). Vaut mieux, si vous voulez faire l’amour, vous prenez des petites voitures dans vos bras. La plus jolie, c’est la Fiat Panda. Vaut mieux que vous preniez une petite voiture dans votre propre lit que vous mettiez sur votre propre figure, que vous cajolerez tant que vous voudrez. C’est plus propre qu’un amant qui voudra voir subir la salissure des accouchées…». Ayoye! Après l’entrevue, Julien, Julie et Olivier m’ont conduit à l’arrêt de tramway menant à mon hôtel – un long trajet commenté en auto à travers Paris. J’ai vu deux manifestations, décidément : une d’Africains pour je ne sais quoi, et une autre contre le régime en Syrie. Mais tout était calme dans le quartier où je résidais. On y entendait même quelques oiseaux.
La Cathédrale blessée
Je n'étais pas à Paris quand est survenu l'incendie de la Cathédrale Notre-Dame, le 15 avril dernier. Successivement, j'ai été choqué, puis un peu rassuré  - car je m'attendais à ce que les dégâts soient bien pires, émerveillé par la solidarité et les dons, fâché de la petite mesquinerie de certaines personnes - comme cette syndicaliste qui a éructé des insultes racistes contre les Blancs (le seul racisme qui semble correct) en disant se «foutre de l'histoire de France», super édifiant. C'est une évidence à mes yeux que Notre-Dame doit être restaurée rapidement: je ne vois aucune raison rationnelle en faveur d'un autre choix. Notre-Dame est le centre de Paris, son bâtiment les plus visité et un lieu très vivant sur le plan spirituel: 30 000 personnes par jour et 50 000 lors de certains pèlerinages, 13 millions de visiteurs et 2000 messes par an. Sans parler des concerts et autres événements. La question de restaurer ou non ne se pose même pas.
Il y aura cependant des discussions pour savoir comment restaurer. Si je peux me permettre de donner mon opinion, j'opterais pour une restauration à l'identique... ou à peu près. Comme la charpente complexe de bois de la voûte n'était pas apparente, j'y irais pour un matériau à l'épreuve du feu. Même chose pour la flèche: quelque chose de médiéval et proche de celle qui existait, mais en des matériaux non inflammables, ce qui lui donnerait une touche contemporaine. Certains ont suggéré une voûte en verre. Outre que le poids d'une telle structure risquerait d'être trop lourd, la lumière diffusée à l'intérieur de la Cathédrale viendrait interférer et réduire la poésie des vitraux et des grandes rosaces. De toute façon, comme il s'agit d'un lieu classé jusque par l'UNESCO dans son Patrimoine mondial, il ne doit pas y avoir beaucoup de marge pour faire une restauration fantaisiste.
https://fr.unesco.org/news/incendie-cathedrale-notre-dame-paris-lunesco-se-tient-aux-cotes-france-sauvegarder-rehabiliter

Source des photos: collection personnelle et sites commerciaux.