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lundi 3 juin 2024

PLANÈTE TERRE. LA QUADRATURE DU CERCLE

Planète Terre. 

La quadrature du cercle.

 

«Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix.»

- Livre de Ben Sira le Sage (Ancien Testament). Chapitre 15, versets 16 et 17.


1. «Le monde est un gros chaos!»
2. La quadrature du cercle.
3. La Terre est une sphère de dimension limitée.
4. La population humaine a explosé depuis 1900
5. Les besoins réels ou imaginaires des humains ont explosé eux aussi, et ce n'est pas fini!
6. Que sacrifiera-t-on?
7. Le choix, vraiment?


«Le monde est un gros chaos!»

Entre l'eau et le feu, nous semblons avoir
choisi le feu et la Terre flambe.
Photo du Gouvernement des États-Unis:
incendie en Californie.


Un lieu commun de la pensée veut que «l’histoire se répète». Ce n’est pas entièrement faux, mais pas entièrement vrai non plus. Aujourd’hui, l’humanité est face à une situation inédite et sans précédent. En sommes-nous conscients? On dirait plutôt que nous continuons «comme avant» : parce que nous croyons que «l’histoire se répète», nous croyons aussi que les solutions et les stratégies qui nous ont servis jadis nous servirons encore et toujours. Or ce ne sera pas le cas. Car, je le redis, nous sommes face à une situation inédite et sans précédent. Poursuivre avec ce qui nous a déjà servi est désormais mal adapté ou carrément inadapté. Pourtant, nous semblons hypnotisés par le mirage devant nous. Entre le feu et l’eau, nous avons les yeux fixés sur le feu. Après avoir fait brûler les continents, nous aurons ensuite l'eau qui engloutira des terres, des îles et des villes. Ainsi, l'année 2023 a fait exploser tous les records de chaleur sur le globe et dans les océans; 2024 a débuté de la même manière. Ainsi, «Sur les 12 derniers mois, la température du globe a été 1,58 °C plus élevée qu'à l'ère préindustrielle, dépassant la limite de 1,5 °C fixée par l'Accord de Paris». Et pourtant, quel sujet occupe l'actualité? La guerre. En Ukraine et en Israël - les autres guerres n'intéressent personne même si au Yémen elle dure depuis près de dix ans. Nous avons bel et bien choisi le feu. Mais est-ce vraiment un choix ou le simple fruit de nos tendances ataviques?
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2063516/climat-environnement-oceans-inondation-secheresse
L'avion est le moyen de transport
le plus polluant. Faut-il donc vraiment
se réjouir que le trafic aérien revienne
«à la normale» d'avant-pandémie?
Photo de la US Air Force (PD-US)


On avait cru que la pandémie de covid allait changer les choses. Force est toutefois de constater qu’à la sortie de cette crise, rien n’a changé pour l’essentiel : au contraire, nos activités ont repris comme avant (sont «revenues à la normale» comme certains disent) à notre grand soulagement, y compris les activités qui abiment la Terre. Je n’arrive pas à comprendre que des dirigeants lancent des cris d’alarme sur le climat en tenant des colloques en présentiel à chaque année, de sorte que les délégations émettent de grandes quantités de gaz à effet de serre en se déplaçant en avion. Pour donner l’exemple, ces gens devraient se réunir virtuellement. La technologie le permet. Les artistes, les sportifs, les politiciens vivent en avion, même si bon nombre d’entre eux sont des «donneurs de leçons»! Pour démontrer un engagement sérieux, il faudrait rationner les voyages aériens. Du coup, il faudrait renoncer au tourisme de masse – ce serait un énorme défi pour les régions que l’on a rendues dépendantes de ce tourisme… Il faudrait aussi commencer à démanteler des infrastructures absurdes sur le plan écologique – je pense symboliquement à l’entièreté de la ville de Las Vegas, une absurdité écologique où se produisent, sans remords de conscience, des «donneurs de leçons»! Ce n'est pas demain la veille...

La chasse, incluant le braconnage,
est l'un des facteurs d'effondrement
des populations animales
Portrait de chasseur, par Gustav Köhler
(1859-1922)



Il faut l’avouer : c’est énorme que les humains, par leurs actions, aient pu détraquer ainsi le climat de la Terre et faire chuter ainsi la biodiversité. À voir un être humain, à voir un petit enfant, on ne dirait jamais que ses actes puissent avoir de telles répercussions planétaires. Et pourtant! Nous recherchons des coupables – car le coupable, c’est toujours l’Autre. Par exemple, j’entends mes amies féministes dire : «Mais Antoine! Tout ça, c’est la faute du patriarcat!». Le capitalisme est aussi pointé du doigt,  jusque par des gens qui consomment sans vergogne. D'autres accusent le sionisme, l'extrême-droite ou que sais-je encore, mais toujours l'«Autre»…
La vérité est impitoyable : la situation actuelle est causée par la somme d’innombrables petits «Ce n’est pas grave», par de multiples petits «J’ai le droit de me payer du luxe», par une infinité de petits «C’est b’en correct», par une kyrielle de petits «Je m'en fiche: après moi, le déluge!», toutes petites choses qui, mises ensemble, ont généré insouciance, inconscience, cécité volontaire et irresponsabilité. C’est donc une faute collective. Une faute qui fait basculer le monde dans un «gros chaos» (selon l'expression d'une amie!). 

Certains soutiennent que «les solutions existent déjà» - en général des technologies. Or, le fond du problème ne relève aucunement de la technologie. Il concerne notre regard sur la Terre et sur nous-mêmes.

 

La quadrature du cercle

La quadrature du cercle est un cas
mathématique insoluble. Symboliquement,
nous tentons de résoudre la quadrature du
cercle au niveau planétaire.


Pour le moment, nous tentons de résoudre la quadrature du cercle. L’expression «Chercher la quadrature du cercle» signifie rechercher la solution à un problème insoluble. À l’Antiquité, les mathématiciens se sont amusés à tenter de relever ce défi : construire un carré de même aire qu’un disque à l’aide d’une règle et d’un compas. Pour y arriver, il faudrait pourvoir calculer la racine carrée du nombre Pi. Or, Pi n’a pas de racine carrée! Qu’importe, on s’est torturé les méninges pendant des millénaires, jusqu’à ce que Ferdinand von Lindemann démontre hors de tout doute en 1882 que le problème est irrémédiablement insoluble.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Quadrature_du_cercle

Aujourd’hui, nous sommes de nouveau face à la quadrature du cercle, et nous y cherchons désespérément une solution. Or, de solution, il n’y en aura pas, car il ne peut y en avoir. Cette fois, il ne s’agit pas d’une énigme géométrique mais de notre avenir, rien de moins. Voici les paramètres de cette nouvelle quadrature du cercle. D’un côté, notre population croit sans cesse et nos besoins (réels ou imaginaires) aussi, donc notre impact sur Terre croit sans cesse; d’un autre côté, nous disons vouloir préserver la biodiversité et vivre dans un environnement sain, sur une Terre durable et accueillante. Autrement dit, nous désirons à la fois :

  • Continuer de faire croître notre population,
  • Continuer de satisfaire des besoins toujours plus nombreux,
  • Avoir un environnement sain (par exemple, éviter les conséquences du bouleversement climatique),
  • Préserver la nature.

L'Évangile est une voie de sobriété, 
mais sommes-nous ce «sel de la Terre»?
Travailleurs du sel, gravure du XVe s.


C’est une quadrature de cercle : un problème irrémédiablement insoluble. Peu importe l’angle par lequel nous l’attaquons, il n’y aura jamais de solution. Quelque chose sera nécessairement sacrifié. Si la tendance se maintient seront sacrifiés l’environnement et la nature. Et si la tendance se maintient ainsi, la dégradation généralisée de la Terre deviendra pour nous un facteur limitant… et ce sera pénible. Est-ce l’avenir que nous désirons? Déjà, «le monde est un gros chaos», me disait une connaissance. Je me soucie des jeunes qui auront cette situation à gérer. 

Je ne suis pas certain que nous échapperons à temps à nos conditionnements - au conditionnement imposé par le consumérisme qui nous fait tout vouloir à la fois et tout de suite. L'Évangile enseigne aux Chrétiens et Chrétiennes d'être «sel de la Terre» et propose une voie de sobriété. Sommes-nous encore «sel de la Terre»? N'en sommes-nous pas plutôt à nous faire saler par toutes sortes de détritus idéologiques? Ne sommes-nous pas devenus allergiques à la sobriété, gavés de l'abondance factice de la consommation et devenus dépendants à elle? Nous nous illusionnons à idolâtrer les «marges» alors que c'est avec le centre, le cœur, que nous devrions renouer et refaire alliance. Mais n'avons-nous pas tout simplement perdu la foi? 

 

La Terre est une sphère de dimension limitée

Encore en 1893, Orlando Ferguson croyait que la Terre
était carrée et stationnaire. Ne rions pas de lui: nous
agissons sur Terre comme si celle-ci était infinie!


Il fut un temps où les savants pensaient que la Terre était plate. En ce temps-là, la Terre n’était même pas une planète : elle n’était que la terre avec un petit t. Les savants ignoraient si cette terre était infinie ou finie. Dans le doute, ils ont postulé qu’elle était probablement infinie. Sur cette terre, il y avait les terres connues, mais on considérait aussi qu’il y avait des terres inconnues, des terras incognitas. Il y avait aussi des mers, connues et inconnues. Le philosophe grec Anaximène (vers 585 - 525 av. J.-C.) soutenait que la Terre était un disque très aplati baignant dans un océan fini, le tout étant maintenu dans l'espace sur un coussin d'air. Ces lieux inconnus, mers et terres, étaient, croyait-on, peuplés de monstres : des humains difformes ou des animaux autant fantastiques que féroces. Né vers 560 av. J.-C., le philosophe et mathématicien Pythagore passe pour être le premier auteur à avoir avancé l’idée d’une Terre sphérique. Au IVe siècle av. J.-C., Aristote en estima le diamètre : selon ses calculs, la Terre est deux fois plus grosse qu’elle l’est réellement.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Figure_de_la_Terre_dans_l%27Antiquit%C3%A9

Pendant longtemps, les cartes géographiques du monde continuaient de les évoquer. Aujourd'hui, il n'y a plus de ces terres inconnues. Mais les choses se passent comme si nous n’avions toujours pas intégré le fait que la Terre est une sphère limitée. La Terre n’a pourtant pas grandi depuis!

 

La population humaine a explosé depuis 1900

Explosion spectaculaire de la population humaine.
Est-ce soutenable?


Du temps de Jésus, il y avait environ 250 millions d’êtres humains sur la planète – la Terre pouvait encore sembler grande. Pour comparaison, il y a plus de 330 millions de personnes aux seuls États-Unis aujourd’hui. Le premier milliard d’humains fut atteint autour de 1800. En 1930, ce chiffre avait doublé et, en 1950, il tournait autour de 2,5 milliards. Depuis, la croissance est incroyable et fulgurante : nous sommes plus de 8 milliards aujourd’hui et nous atteindrons les 10 milliards en 2050... et cela continuera ainsi à augmenter. Il n’y a plus de terres inconnues sur la planète.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale
Cette augmentation exponentielle dépasse largement les possibilités que nous avons de maintenir un équilibre et une harmonie avec la Terre. De plus, sa vitesse surpasse celle des capacités d'adaptation de nos sociétés. 
 
Cette augmentation serait soutenable si la Terre était plate et sans limites, ce qu'elle n'est pas mais nous ne semblons pas l'avoir réellement compris. 

Or, l’idée nous est insupportable de limiter notre population. Encore plus insupportable est celle de la diminuer même volontairement par une baisse de naissances. Ces idées scandalisent d’une manière viscérale la plupart des gens, car on les interprète comme une menace et un jugement. Déjà à un niveau très local, une baisse de population dans un village ou une ville est accueillie comme une mauvaise nouvelle. Un dicton dit que «ce qui ne grandit pas meure». Au contraire, nous nous réjouissons lorsque la population de notre ville augmente. C’est le cas même dans celle que j’habite : les politiciens sont unanimes pour favoriser la croissance de la population. Au Québec, dans les années 1970, le slogan d'une publicité de bière était: «Nous sommes six millions: faut se parler!». Nous sommes maintenant 9 millions: une augmentation de 50% en quelques petites décennies. À écouter bien des discours alarmistes, ce n'est pas suffisant. 

La colère de la nature... provoquée par nous-mêmes.
US Department of Agriculture. PD-US. 

Un plan existe pour faire passer la population du Canada de 35 millions à 100 millions d’habitants d’ici 2100. 
https://www.nextbigfuture.com/2023/01/plan-for-100-million-canadians-by-2100-is-on-track.html
Au rythme où vont les choses, ce 100 millions sera atteint trente ans plus tôt, soit en 2070. Entre le 15 juin 2023 et avril 2024, soit en neuf mois, la population du Canada s'est accrue d'un million de personnes! Jamais un tel «projet de société» n'a été soumis aux citoyens lors d'une élection. 
Cette croissance, due à l'absence de régulation volontaire des frontières, est sans équivalent. Elle n'est évidemment pas soutenable, même avec les énormes déficits budgétaires que les États font. Plusieurs crient à la crise du logement. Mais comment pourrait-on construire à cette cadence? Comment les systèmes de santé et d'éducation pourraient-ils suivre? Sans parler du défi de francisation pour le Québec? C'est une machine infernale, hors de contrôle, et génératrice de destructions environnementales, de chaos. Mais s'il n'y avait que le Canada... 

En fait, psychologiquement, notre nombre ne sera jamais suffisant, ni au Québec ni ailleurs, à moins d'un immense effort de lucidité et de volonté. Il semble que nous soyons programmés pour faire croître notre nombre sans cesse. Des politiques natalistes sont en vigueur dans des zones déjà surpeuplées où le point d'équilibre a été dépassé. Le raisonnement sous-jacent est une fuite en avant formant une spirale sans fin: «Plus il y aura des gens, plus nous pourrons nous payer des services»: le gros hic est que plus il y a de gens, plus le besoin de services augmente. L'équilibre n'est jamais atteint. 
 
Nos besoins, réels ou imaginaires, font brûler 
la Terre. Toile de Peter Suhr, 1842


L’idée d’une baisse volontaire de la population entraîne inévitablement des réactions de colère: «Qui est de trop?! Est-ce moi qui est de trop?! C'est ça, on va éliminer des gens!». Ainsi, il y a quelques années, le magazine Franc vert a dû cesser sa publication suite à un éditorial plaidant pour une baisse de la population.
https://www.harveymead.org/2022/01/16/depopulation-ou-reprise-de-controle-possible-de-notre-avenir/
Plus récemment, en 2023, un dépliant distribué à Outremont invitait, en autres moyens, les gens à avoir moins d’enfants.
Le tollé fut tel que le dépliant a été retiré de la circulation et que le maire de l’arrondissement a invité les citoyens à ne pas prendre cette option en considération. Bref, nous rejetons cette idée qui nous horrifie.
 
Pourtant, le Pape Jean-Paul II parlait de «parentalité responsable». Plus crûment, le Pape François a dit: « L'ouverture à la vie est une condition du sacrement de mariage. Mais cela ne signifie pas que les chrétiens doivent faire des enfants en série et procréer comme des lapins». Signe d'un malaise général face à cette question infiniment délicate, le Pape François a aussi laissé entendre que l'enfant unique n'est pas l'idéal. Néanmoins, toute délicate que soit une question, elle finit par s'inviter. 

Bref, j’observe ces réactions viscérales sans juger. Je note que la réponse à l'idée de baisse de population est un NON retentissant. Soit. Mais il reste un fait incontournable : la Terre n’a pas grandi pour autant!

 

Les besoins, réels ou imaginaires, des humains
ont explosé eux aussi... et ce n'est pas fini!
 
Il y a le nombre, il y a aussi les besoins. Or, ces besoins ont explosé : nos besoins semblent désormais illimités et hors de tout contrôle. Le poids écologique d’un être humain n’a donc jamais été aussi lourd – il bat tous les records dans les pays «riches», et ce n’est pas terminé puisque les pays «pauvres» désirent rejoindre le premier groupe.
Août 2019: l'Amérique du Sud en feu.
Photo de la Nasa, PD-US


Au cours de cinq dernières années, les humains ont consommé 500 milliards de tonnes de matières diverses: 500 000 000 000 de tonnes! En cinq ans seulement, c'est presque ce qui avait été consommé durant tout le XXe siècle (Source: Fondation Circle Economy). De cette montagne de matières, seuls 7,2% sont recyclés. Comment ne pourrait-il pas y avoir de pollution à large échelle? Penser concilier cette démesure avec la protection de la Terre relève de la pensée magique. 

L’empreinte écologique est mesurée en «hectares globaux» (hag).

«La moyenne mondiale de l'empreinte écologique est de 2,84 hag par personne alors que la biocapacité moyenne est de 1,68 hag par personne».
Le Canada compte parmi les dix pays où l’empreinte écologique est la plus élevée au monde, soit 7,7 hag, ce qui exigerait 4 planètes et demi si tout le monde en faisait autant – les autres pays les plus lourds sont, par ordre, le Qatar (14,4!), le Luxembourg, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Koweït, Trinidad et Tobago, les États-Unis, la Mongolie et l’Estonie. Étonnant, n'est-ce pas, de ne retrouver que deux pays européens dans ce Top 10?

Un Français a besoin de 4,7 hag pour maintenir son niveau de vie. Si tous les humains consommaient autant qu'un Français, il faudrait disposer de 2,79 planètes ;

Un États-unien a besoin de 8,37 hag pour sa consommation. Si tous les humains consommaient ainsi, il faudrait disposer de 4,97 planètes ;
Un Brésilien a une empreinte écologique de 3,08 hag (1,83 planète) ;
Un Chinois a une empreinte de 3,71 hag (2,21 planètes) ;
Un Indien a une empreinte de 1,12 hag (0,67 planète).
Un Haïtien a une empreinte de 0,67 hag (0,4 planète) – mais ce n’est pas parce qu’Haïti a un sort idéal et qu’on y respecte la nature mieux qu’ailleurs… 

La Terre, vue par Apollo 17 . NASA
Il est estimé que la consommation d'électricité augmentera de 50 % entre 2021 et 2040. Une vraie boulimie. De même, «sans changement de paradigme en matière d’agriculture, l’augmentation des besoins en eau pour le secteur devraient bondir de 70 à 90 % à l’horizon 2050», cela alors que des pénuries d’eau se font déjà sentir, y compris dans des pays riches.
https://www.cieau.com/eau-transition-ecologique/enjeux/croissance-demographique-rechauffement-climatique-besoins-energetiques-comment-vont-evoluer-les-besoins-en-eau-dans-le-monde/
Même l'intelligence artificielle cause une augmentation de la demande d'eau:

Le maire d’Outremont plaidait donc pour une baisse de la consommation. Or cette option suscite tout autant de résistances! Le système économique exige que nous consommions toujours davantage au point que la «confiance» ne se mesure qu’en termes de consommation. Le monde tel que nous l’avons construit s’effondrerait si la consommation diminuait. Cercle vicieux où nous semblons pris à la gorge.

La Terre n’a toujours pas grandi pour autant!

 

Que sacrifiera-t-on?

Défi : en multipliant la croissance en nombre de l’humanité par sa croissance en besoins, comment concilier cela, sur une planète limitée, avec la préservation de la biodiversité et la lutte aux bouleversements climatiques? Ou dit autrement : comment rendre soutenable une croissance illimitée en nombre et en besoins dans un environnement planétaire sain et sur une planète limitée?

C’est la nouvelle quadrature du cercle. Et je suis désolé de devoir le dire : le problème est insoluble. Peu importe la technologie, peu importe les prières, la tendance est insoutenable. Cette tendance fera nécessairement s’effondrer la biodiversité et détraquer le climat. Des scientifiques osent maintenant dire que notre salut passe par la colonisation d’autres planètes, parce que ce sera bientôt l’Enfer sur Terre.

Alors, sur Terre, que choisirons nous de sacrifier? 

Un rare milieu humide protégé dans ma
région: les Sentiers des îles de Berthier.

Pour le moment, c'est clairement la nature qui sera sacrifiée. Puisque nous sommes à la fois juge et parti, c'est à nous que nous accorderons toujours la priorité.  Cela se traduit directement par une appropriation de plus en plus forte des terres par les humains et leurs activités. Je n'ai pas besoin d'aller loin pour le constater. Depuis les années 1990, ma région de Montérégie a ainsi été déforestée à un niveau digne de ce qui se passe en Amazonie: les rares forêts résiduelles qui y subsistent sont menacées - plus de 20 000 arbres seront prochainement abattus à Contrecœur pour des installations portuaires qui, de plus, fragiliseront encore davantage deux espèces animales déjà menacées à cause de la perte de leur habitat vital. 

L'importance écologique capitale des milieux humides est reconnue. Mais cela semble demeurer théorique. Le Québec mène une guerre silencieuse contre ces milieux depuis des décennies. L'actuel gouvernement ne fait pas pire que ses prédécesseurs mais, en six ans, il a autorisé la destruction de milieux humides représentant 11 fois la superficie du parc du Mont-Royal. Alors qu'il y avait des terrains industriels en friche disponibles, l'État a ainsi autorisé Microsoft à détruire l'équivalent de 9 terrains de football en milieux humides à Donnacona. Et ce même gouvernement aime se vanter de sa verte conscience! Il n'est pas certain qu'un autre gouvernement ferait mieux... 

Les exemples sont innombrables de par le monde. Par conséquent, il reste nécessairement de moins en moins d’espace pour les milieux naturels et les espèces qui y vivent.

Alors, sur Terre, que choisirons nous de sacrifier? 


Le choix, vraiment? 

Le Koala est une espèce spécialisée.

Mais en vérité, ce n’est pas une question de choix et nous n’avons pas vraiment de choix. Comme toutes les espèces, la nôtre déploie son «programme biologique». Comme les autres, elle en ira jusqu’au bout quoi qu’il arrive, peu importe le nombre et l’intensité des signaux d’alerte qui parviennent jusqu’à sa conscience.

Les espèces vivantes sont opportunistes. Elles se multiplient tant et aussi longtemps que des facteurs limitants ne viennent pas freiner leur multiplication. Certaines espèces sont spécialisées, par exemple le Koala qui ne mange que de l’Eucalyptus, ou le Panda géant qui ne mange que du bambou. En général, les espèces spécialisées ont une population faible, car elles sont limitées par leur spécialisation (alimentaire ou autre). D’autres espèces sont généralistes : celles-là ont habituellement un régime alimentaire omnivore et peuvent donc s’adapter à une grande diversité de milieu. Les populations des espèces généralistes auront tendance à être plus nombreuses. «Lorsque les conditions environnementales changent, les espèces généralistes sont mieux capables de s'adapter, alors que les spécialisées ont tendance à s'éteindre beaucoup plus facilement» https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A8ce_g%C3%A9n%C3%A9raliste_ou_sp%C3%A9cialis%C3%A9e

Le Rat brun, que nous dédaignons
aussi sous le nom de «Rat d'égout»,
est une espèce généraliste... comme nous!
US National Park Service


Pour sa part, l’être humain est généraliste : très tôt dans son histoire, il s’est adapté à une grande diversité d’environnements, depuis l’arctique jusqu’aux forêts tropicales. Aujourd’hui, des populations nombreuses acceptent de vivre dans des espaces exigus ou dans des conditions glauques. De plus, l'humain a un génie qui lui permet de créer des outils lui facilitant toutes les tâches imaginables, ce qui favorise encore plus son établissement partout. Il est aussi, avouons-nous-le, assez agressif! Partout, il a décimé les autres espèces qui auraient pu compétitionner avec lui pour les ressources naturelles. Résultat : le triomphe humain se double de l’effondrement de la biodiversité, entre autres choses. https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/le-rapport-planete-vivante-du-wwf-revele-une-baisse-devastatrice-de-69-des-populations-danimaux

Pour le moment, aucun facteur limitant ne se profilant à l’horizon, notre espèce poursuivra sa croissance, en nombre et en besoins. Les calamités climatiques n’auront pour conséquence que le déplacement d’individus d’un endroit devenu invivable vers un endroit plus hospitalier et, pour le moment, il reste bien des endroits hospitaliers… dans la mesure où nous les prendrons sur la nature et les autres vivants ainsi que nous le faisons depuis toujours.

Notre espèce ne changera pas. Au mieux, les dégâts seront limités. Advienne que pourra...

Source des illustrations: Collection personnelle et Wikipédia (Domaine public et PD US).