MUSIQUE (Composition et histoire), AUTISME, NATURE VS CULTURE: Bienvenue dans mon monde et mon porte-folio numérique!



lundi 1 avril 2013

UN QUÉBÉCOIS À BRUXELLES

UN QUÉBÉCOIS À BRUXELLES

Cet article a été publié en avril 2013, à la suite d'un voyage pour le Salon du livre de Bruxelles.  



Et voilà : j’ai survécu à l’avion! Je fais du progrès : j’ai même trouvé mon vol de retour intéressant, presque agréable, malgré le tiers de sa durée passé en turbulences (incluant de «fortes turbulences»). Heureusement, je n’ai pas le mal de l’air, et je peux lire en avion, chose que je suis incapable de faire en auto ou en autobus parce que cela me donne le tournis. Oui, j’étais à Bruxelles du 5 au 12 mars dernier (2013) pour participer à la Foire du livre.

Auprès de Manneken-Pis,
le célèbre petit Bruxellois qui fait pipi
http://fr.wikipedia.org/wiki/Manneken-Pis
Avant de raconter certaines anecdotes, je dois adresser quelques remerciements : à l’équipe de Québec Édition, à Robert (Giroux, mon éditeur chez Triptyque, qui m’a «envoyé en mission» en Belgique), aux organisateurs de la Foire, notamment pour m’avoir donné la parole en solo pendant une pleine heure sur la Tribune des Éditeurs. Et bien sûr, merci à toutes les personnes qui sont venues me rencontrer. J’ai fait de très belles rencontres et, pour joindre l’utile à l’agréable, j’ai écoulé autour de 40 livres. Heureusement, cette fois, on avait pris des précautions : à Genève l’an passé, j’avais manqué de livres… Me croirez-vous, chers amiEs neurotypiques? Comme à Genève, à Montréal, en Ontario, etc., j’ai rencontré là aussi des personnes autistes tout à fait parlables et agréables! Avec, bien sûr, un petit quelque chose de différent, d’original, d’excentrique, une petite touche comme le charmant nœud papillon de Florence. Mes amitiés complices à vous et à vos proches!

«Yo-ho-ho! Et une bouteille de rhum!»
Voir Hergé: Le secret de la licorne, page 25
Il m’est resté un peu de temps pour visiter Bruxelles. Un peu. Je suis donc allé à la rencontre de quelques «classiques» comme le Musée de la bande dessinée (étant fan de Hergé, je ne pouvais pas rater), la Cathédrale gothique Saint-Michel et Sainte Gudule – alors qu’un ensemble vocal répétait de la musique sacrée médiévale de toute beauté (mais c’est dans une jolie petite église sur une rue piétonnière, Notre-Dame-du-Finistère, que j’ai assisté à la messe, oui, oui), les Galeries Saint-Hubert (où j’ai acheté quantité de sublimes chocolats), me payer une bonne «moules frites» sur l’Îlot sacré… Je suis conscient que j’ai manqué beaucoup de choses : ce sera pour une prochaine.

Comme ville, j’avais un peu préféré Genève (je dois avoir des goûts de luxe… sans les moyens),
… essentiellement parce que la nature y est plus proche, chose à laquelle je suis sensible. Malgré ses grands parcs, Bruxelles fait davantage «ville ville». Au hasard d'une promenade, je me suis retrouvé dans un quartier étrange, proche de la Gare du Nord, proche de mon hôtel. Sur toute une rue, les maisons avaient de grandes vitrines et, dans ces vitrines, des femmes s'affichaient, nues sauf quelques sous-vêtements voulus affriolants. Sur le coup, j'ai pensé que c'était des mannequins, mais non, c'étaient de vraies femmes! Une vague de tristesse et de compassion m'a alors envahie (mais pas pour le bonhomme qui est entré dans une de ces maisons: peut-être était-ce Johannes Brahms, noble compositeur et client régulier de prostituées). Pauvres dames! Que faites-vous donc de vos vies? Vous êtes intelligentes, vous avez des talents, une âme: alors la vie ne vous offre rien de mieux que ce marchandage dégradant? Quelle tristesse.

Un des plus agréables dangers de Bruxelles:
ses nombreuses chocolateries!
On me demande souvent comment sont les Belges? Lorsque je suis allé à Genève, on m’avait prévenu : «Les Suisses semblent froids et distants». J’avoue que cela ne m’avait pas frappé, peut-être parce que moi-même j’apprécie une certaine distance. Je ne sais pas. Cette fois, on m’a dit : «Les Belges ressemblent plus aux Québécois!». Là encore, j’avoue que cela ne m’a pas frappé! En fait, je n’ai eu que des contacts positifs. Tout de même, j’ai rencontré une dame québécoise établie là-bas qui a profité de mon oreille compatissante pour me dire combien le Québec est «conservateur» comparé à la Belgique, combien il est «peu cultivé», combien notre première ministre, Pauline Marois, «fait presque pitié tant elle s’exprime mal» (!). Etc. Bon, moi je ne crois pas trop au Paradis sur Terre, alors oui, ce doit être agréable de vivre en Belgique mais il doit tout de même y avoir ici ou là quelques petites imperfections. Par exemple, c’était amusant que d’écouter en déjeunant l’émission télévisée On n’est pas des pigeons qui parle de consommation avec beaucoup d’esprit : j’en ai conclu qu’en Belgique, tout comme au Québec, des petits diablotins tentent de plumer le citoyen. C’est bien pour dire.

Petite portion de l'éblouissante Grande place
J’ai aussi remarqué que la Belgique partage avec le Québec la dualité linguistique (français vs flamand) mais que là-bas l’anglais semble s’infiltrer comme langue commune, chose qui à Bruxelles même est probablement exacerbée par le caractère «international» de la ville qui est siège du parlement européen… J’ai tout de même été un peu fâché lorsqu’une employée à la réception de mon hôtel était incapable de me répondre en français : elle ne parlait qu’anglais! Fidèle à mes habitudes, j’ai demandé quelqu’un d’autre pour être servi dans ma langue. J’ai remarqué qu’on dit là-bas souvent «s’il-vous-plait» lorsque ici on dit «merci» : c’est un peu surprenant les premières fois mais charmant. On dit aussi septante plutôt que soixante-dix, et aussi octante et nonante : c’est logique mais exotique pour moi.

Tout le monde me l’avait dit et c’est vrai : la Grande place est magnifique. On y accède par de petites rues et c’est l’éblouissement. Mais mieux encore : cet après-midi là, un oiseau chantait, perché à un édifice : un chant magique et puissant. Après avoir enchanté mes oreilles, il s’est envolé et venu se poser à quelques pieds de moi pour picosser sur la petite terrasse d’un resto. C’était un oiseau tout noir avec un bec jaune. Je n’ai pas eu le temps de bien le photographier : il n’est venu que pour me faire un clin d’œil. Mais je sais qu’il s’agissait d’un Merle noir. Olivier Messiaen a composé une pièce pour flûte et piano en son honneur, mais je dois avouer que le vrai chant de l’oiseau est plus beau encore. Vous pouvez en écouter des exemples sur ce site d’où vient sa photo – il est noir mais ne manque pas d’allure!
http://fr.wikipedia.org/wiki/Merle_noir
Pour plus de chants de Merle noir:
http://www.xeno-canto.org/browse.php?species_nr=&query=turdus+merula

Avec Claudette et Benjamin
 Je tenais aussi à visiter la section ancienne du Musée royal des Beaux-Arts pour voir en vrai des toiles de Bosch et de Brueghel dont je suis aussi un fan. J’adore leur fantaisie surréaliste (bien avant la lettre) et délicieusement macabre. J’avoue être resté sur mon appétit : leurs toiles que j’ai vues sont extraordinaires (ce qui m’a aussi frappé est l’absence d’épaisseur de la couche de peinture et donc de textures) mais il y en avait trop peu. Il faudra que j’aille un jour dans un musée en possédant davantage… Mon grand coup de cœur artisticovisuel, je l’ai eu par hasard, à un kiosque tout près de celui de Québec Édition à la Foire du livre même! Une très gentille dame tenait ce kiosque, Claudette De Ville, avec son mari Benjamin. Il était consacré à l’œuvre d’un peintre, Pol Fraiture, qui fut le premier époux de Claudette et qui est décédé trop jeune, «par choix personnel», à 34 ans, en 1981. Des années après son départ, Claudette lui a consacré un livre superbe qui était en vente.

Pol Fraiture: Au Village par un petit sentier
Merci à Claudette De Ville pour l'autorisation de
reproduire cette toile.
 
Né avec la vocation de peintre, Pol Fraiture a créé un style très personnel, surtout figuratif, mais d’une figuration onirique dirais-je. Il a inventé des techniques particulières par lesquelles les couleurs de ses toiles changent selon l’éclairage ou l’angle selon lequel on les regarde. Ses œuvres sont magnifiquement texturées et il paraît que son bleu, notamment, est exceptionnel. Je lui trouve une affinité d’âme avec Vincent van Gogh dont il partageait une hypersensibilité face à la vie et au monde. Je tourne les pages de ce livre et tout ce que je vois, tout, n’est que beauté : je dis rarement cela d’un peintre! Et encore, je n’ai pas vu de vraies toiles : ce doit être à couper le souffle, surtout que ce sont souvent d’assez grands formats. 
Pol et Ketou. Merci à Claudette De Ville pour
l'autorisation de publier cette photo.
J'invite donc à visiter son site :


Le livre, Histoire de ma vie avec Pol (voir : http://www.pol-fraiture.be/fr-news), est disponible dans des librairies européeennes mais aussi en contactant directement Claudette :



 
 
Le retour à Montréal ne fut pas évident. La veille de mon départ, il faisant tempête à Bruxelles et dans une partie de l’Europe. Au menu : neige et vent à écorner un bœuf! Le matin, trottoirs et rues étaient glacés. Je devais prendre le train à la Gare du Nord : ce train menant à l’aéroport est censé passer aux 15 ou 20 minutes. Mais ce matin-là, c’était le chaos. En compagnie d’autres voyageurs, j’ai attendu sur les quais plus de deux heures. Brrrr! Heureusement, un employé de la gare était avec nous pour nous tenir au courant et nous avertir des changements de voies, avec une touche d’humour réconfortante. Car plusieurs voies ferrées étaient hors d’usage à cause de la glace. Alors, j’ai grelotté sur le quai 11, puis sur le quai 5, «Non, ce sera le 6», pour revenir finalement au Quai 11. Le trajet en train devait durer 15 minutes, mais ce fut plutôt près d’une heure. Je voyais le temps passer avec inquiétude et j’étais certain de manquer mon avion (départ à 10h20) car une dame avait fit qu’il n’y avait pas de retard à l’aéroport. Arrivé presque en panique au comptoir d’Air Canada, j’ai été soulagé : «Oh, votre avion ne partira pas avant midi». Midi, ce fut pltôt l’heure de l’embarquement : l’avion devait passer au dégivrage et, comme il n’y avait que deux camions de dégivrage à l’aéroport, l’attente fut longue. Au bout du compte, l’avion est parti avec 4 heures de retard, mais j’ai été chanceux parce que plusieurs vols avaient carrément été annulés.
 
Non, ce n'est pas à Montréal, mais bien à Bruxelles!
Un avion sur le point de décoller à l'aéroport, ce jour-là,
dans la tempête...