UN QUÉBÉCOIS À BRUXELLES
Cet article a été publié en avril 2013, à la suite d'un voyage pour le Salon du livre de Bruxelles.
Et voilà : j’ai survécu à l’avion! Je fais du progrès : j’ai même trouvé mon vol de retour intéressant, presque agréable, malgré le tiers de sa durée passé en turbulences (incluant de «fortes turbulences»). Heureusement, je n’ai pas le mal de l’air, et je peux lire en avion, chose que je suis incapable de faire en auto ou en autobus parce que cela me donne le tournis. Oui, j’étais à Bruxelles du 5 au 12 mars dernier (2013) pour participer à
Auprès de Manneken-Pis, le célèbre petit Bruxellois qui fait pipi http://fr.wikipedia.org/wiki/Manneken-Pis |
«Yo-ho-ho! Et une bouteille de rhum!» Voir Hergé: Le secret de la licorne, page 25 |
Comme ville, j’avais un peu préféré Genève (je dois avoir des goûts de luxe… sans les moyens),
… essentiellement parce que la nature y est plus proche, chose à laquelle je suis sensible. Malgré ses grands parcs, Bruxelles fait davantage «ville ville». Au hasard d'une promenade, je me suis retrouvé dans un quartier étrange, proche de la Gare du Nord, proche de mon hôtel. Sur toute une rue, les maisons avaient de grandes vitrines et, dans ces vitrines, des femmes s'affichaient, nues sauf quelques sous-vêtements voulus affriolants. Sur le coup, j'ai pensé que c'était des mannequins, mais non, c'étaient de vraies femmes! Une vague de tristesse et de compassion m'a alors envahie (mais pas pour le bonhomme qui est entré dans une de ces maisons: peut-être était-ce Johannes Brahms, noble compositeur et client régulier de prostituées). Pauvres dames! Que faites-vous donc de vos vies? Vous êtes intelligentes, vous avez des talents, une âme: alors la vie ne vous offre rien de mieux que ce marchandage dégradant? Quelle tristesse.
Un des plus agréables dangers de Bruxelles: ses nombreuses chocolateries! |
Petite portion de l'éblouissante Grande place |
Tout le monde me l’avait dit et c’est vrai : la Grande place est magnifique. On y accède par de petites rues et c’est l’éblouissement. Mais mieux encore : cet après-midi là, un oiseau chantait, perché à un édifice : un chant magique et puissant. Après avoir enchanté mes oreilles, il s’est envolé et venu se poser à quelques pieds de moi pour picosser sur la petite terrasse d’un resto. C’était un oiseau tout noir avec un bec jaune. Je n’ai pas eu le temps de bien le photographier : il n’est venu que pour me faire un clin d’œil. Mais je sais qu’il s’agissait d’un Merle noir. Olivier Messiaen a composé une pièce pour flûte et piano en son honneur, mais je dois avouer que le vrai chant de l’oiseau est plus beau encore. Vous pouvez en écouter des exemples sur ce site d’où vient sa photo – il est noir mais ne manque pas d’allure!
http://fr.wikipedia.org/wiki/Merle_noir
Pour plus de chants de Merle noir:
http://www.xeno-canto.org/browse.php?species_nr=&query=turdus+merula
Je tenais aussi à visiter la section ancienne du Musée royal des Beaux-Arts pour voir en vrai des toiles de Bosch et de Brueghel dont je suis aussi un fan. J’adore leur fantaisie surréaliste (bien avant la lettre) et délicieusement macabre. J’avoue être resté sur mon appétit : leurs toiles que j’ai vues sont extraordinaires (ce qui m’a aussi frappé est l’absence d’épaisseur de la couche de peinture et donc de textures) mais il y en avait trop peu. Il faudra que j’aille un jour dans un musée en possédant davantage… Mon grand coup de cœur artisticovisuel, je l’ai eu par hasard, à un kiosque tout près de celui de Québec Édition à la Foire du livre même! Une très gentille dame tenait ce kiosque, Claudette De Ville, avec son mari Benjamin. Il était consacré à l’œuvre d’un peintre, Pol Fraiture, qui fut le premier époux de Claudette et qui est décédé trop jeune, «par choix personnel», à 34 ans, en 1981. Des années après son départ, Claudette lui a consacré un livre superbe qui était en vente.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Merle_noir
Pour plus de chants de Merle noir:
http://www.xeno-canto.org/browse.php?species_nr=&query=turdus+merula
Avec Claudette et Benjamin |
Pol Fraiture: Au Village par un petit sentier Merci à Claudette De Ville pour l'autorisation de reproduire cette toile. |
Né avec la vocation de peintre, Pol Fraiture a créé un style très personnel, surtout figuratif, mais d’une figuration onirique dirais-je. Il a inventé des techniques particulières par lesquelles les couleurs de ses toiles changent selon l’éclairage ou l’angle selon lequel on les regarde. Ses œuvres sont magnifiquement texturées et il paraît que son bleu, notamment, est exceptionnel. Je lui trouve une affinité d’âme avec Vincent van Gogh dont il partageait une hypersensibilité face à la vie et au monde. Je tourne les pages de ce livre et tout ce que je vois, tout, n’est que beauté : je dis rarement cela d’un peintre! Et encore, je n’ai pas vu de vraies toiles : ce doit être à couper le souffle, surtout que ce sont souvent d’assez grands formats.
J'invite donc à visiter son site :
Pol et Ketou. Merci à Claudette De Ville pour l'autorisation de publier cette photo. |
Le livre, Histoire de ma vie avec Pol (voir : http://www.pol-fraiture.be/fr-news), est disponible dans des librairies européeennes mais aussi en contactant directement Claudette :
Le retour à Montréal ne fut pas évident. La veille de mon départ, il faisant tempête à Bruxelles et dans une partie de l’Europe. Au menu : neige et vent à écorner un bœuf! Le matin, trottoirs et rues étaient glacés. Je devais prendre le train à la Gare du Nord : ce train menant à l’aéroport est censé passer aux 15 ou 20 minutes. Mais ce matin-là, c’était le chaos. En compagnie d’autres voyageurs, j’ai attendu sur les quais plus de deux heures. Brrrr! Heureusement, un employé de la gare était avec nous pour nous tenir au courant et nous avertir des changements de voies, avec une touche d’humour réconfortante. Car plusieurs voies ferrées étaient hors d’usage à cause de la glace. Alors, j’ai grelotté sur le quai 11, puis sur le quai 5, «Non, ce sera le 6», pour revenir finalement au Quai 11. Le trajet en train devait durer 15 minutes, mais ce fut plutôt près d’une heure. Je voyais le temps passer avec inquiétude et j’étais certain de manquer mon avion (départ à 10h20) car une dame avait fit qu’il n’y avait pas de retard à l’aéroport. Arrivé presque en panique au comptoir d’Air Canada, j’ai été soulagé : «Oh, votre avion ne partira pas avant midi». Midi, ce fut pltôt l’heure de l’embarquement : l’avion devait passer au dégivrage et, comme il n’y avait que deux camions de dégivrage à l’aéroport, l’attente fut longue. Au bout du compte, l’avion est parti avec 4 heures de retard, mais j’ai été chanceux parce que plusieurs vols avaient carrément été annulés.