Au jardin de Gethsémani
Pour flûte, violoncelle et piano électrique, opus 3
Extrait gratuit en PDF
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Flûte: https://www.dropbox.com/s/sddrsoiuiow2t6h/Au%20jardin.%20%20FLUTE.pdf?dl=0
Violoncelle: https://www.dropbox.com/s/8qn0g87avd26auk/Au%20jardin.%20VIOLONCELLE.pdf?dl=0
Piano électrique: https://www.dropbox.com/s/d9zbf9g0lds2qr4/Au%20jardin%20Piano.pdf?dl=0
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partition est offerte pour usage privé. Pour
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Cette
musique est / This music is: © Antoine Ouellette SOCAN
Partition
et matériel d’exécution (score, parties) :
Score, sheet music and performance material (score,
parts):
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atelier@cmccanada.org ou / or
quebec@cmccanada.org
Pour écouter Au Jardin de Gethsémani: https://youtu.be/Ou96It136mU
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Andrea Mantegna (1431-1506). Le jardin de Gethsémani, à Jérusalem. C'est là que des
soldats ont arrêté Jésus la veille de sa Passion, c'est-à-dire
de son procès (bidon), de sa mise à la torture, de sa crucifixion,
de sa mort et de sa Résurrection. |
Je raconte les circonstances de la composition d'Au jardin de Gethsémani dans ce passage de Musique autiste: «Ma sœur Catherine jouait de la
flûte traversière. De septembre 1979 à juin 1983, nous avons formé un duo et
joué aux messes du dimanche à notre paroisse Saint-Joseph-de-Bordeaux. Notre
répertoire était constitué de musique de l’époque baroque, d’un peu de style
classique et du XXe siècle. Pour varier le menu, j’ai composé quelques pièces,
dont une série pour les dimanches du Carême et la Semaine Sainte. En
mai 1982, je réunirai quelques-unes de ces pièces en un tout continu intitulé Au jardin de Gethsémani, mon opus 3. En 1988, je réviserai la partition sous
sa forme définitive avec l’ajout d’un troisième instrument : le piano
électrique, qui entoure la flûte et le violoncelle d’un halo harmonique
immatériel». Le rôle du piano électrique est essentiellement de donner à la musique une lumière venue de son intérieur. C'est un peu ce que l'on retrouve dans les icônes de l'Orient chrétien: les multiples couches de peinture, l'utilisation de feuilles d'or et d'autres métaux font que l'image irradie une lumière qui vient d'elle-même. J'ai confié quelques brefs solos au piano électrique mais, le plus souvent et conformément au rôle que je voulais lui confier quant au timbre de l'oeuvre, il double flûte et violoncelle. En passant, une pièce de musique peut mettre du temps à parvenir à sa forme définitive: autour de huit ans pour celle-ci.
Dans le mot d'introduction de la partition, j'ai écrit ceci:
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Esquisses pour la version finale d'Au jardin de Gethsémani.
Elles correspondent à la page 2 de la partition.
(C) Antoine Ouellette 1982 / 88 |
«Au jardin de Gethsémani évoque le mystère de ce temps d'attente menant à Pâques, la grande fête de la Résurrection. C'est une méditation instrumentale dans la filiation des Leçons des Ténèbres de l'époque baroque: la flûte et le violoncelle tiennent lieu des voix solistes, soutenus par le piano électrique faisant office de continuo».J'ai ajouté cette note: «Le compositeur prie les interprètes de s'en tenir effectivement au piano électrique (de type Fender Rhodes ou un clavier électronique de qualité pouvant rendre ce timbre), cela surtout pour les exécutions en concert. Ces instruments sont facilement disponibles aujourd'hui, et cette couleur particulière fait partie intégrante de l'oeuvre. En cas de non-disponibilité et pour des exécutions en privé, il est possible d'utiliser un piano acoustique». La pièce est presque toujours jouée avec piano acoustique. Je sais que des pianistes ont catégoriquement refusé de jouer sur piano électrique: «Il n'est pas question que je touche à ça!»
Retour dans Musique autiste: «Alors, Au jardin de Gethsémani est à
la fois ma pièce la plus jouée (jusqu’en Hollande et au Mexique) et la plus discutée.
Par exemple, lors de sa création en concert à l’École Rudolf-Steiner, on m’a
averti que, selon la philosophie de l’école, les jeunes ne doivent être exposés
qu’à des choses naturelles. En conséquence, on refusa le piano électrique sous
prétexte que «les enfants pourraient être perturbés par ses résonances
artificielles»! Nous avons donc utilisé un piano acoustique. Bien sûr, je comprends que le piano
électrique n’est pas un instrument de musique
classique. Mais le violon lui-même ne l’a pas été avant l’époque baroque.
Et au fait, qu’est-ce qu’un instrument de musique classique sinon tout instrument
qu’un compositeur décide d’utiliser dans ses oeuvres de façon pertinente? George
Gershwin n’a-t-il pas demandé des klaxons d’automobiles dans An American in Paris?!» Je ne comprends donc pas cette réticence et elle est dommage puisqu'une partie de la magie sonore de la pièce est perdue...
Le véritable piano électrique est un très bel instrument dont j’adore le
timbre. Inventé par Harold Rhodes (1910-2000), il a joui d'une grande popularité au cours des 1970, dans la musique populaire, le rock, le jazz et la Soul. Après une période de désintérêt, des musiciens sont revenus vers lui après 1990, mais aucun en musique classique à ma connaissance... sauf moi!
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La Passion du Christ, par Théophane le Crétois (Wikipédia) |
À l’intérieur de lui, on trouve des marteaux, comme dans le piano
acoustique, qui frappent non des cordes mais de petites lamelles métalliques
accordées. L’électricité est utilisée essentiellement pour amplifier le son
ainsi produit. Ce n’est pas plus méchant que cela! L'instrument possède une grande habileté pour rendre les phrasés, les attaques, les dynamiques. On peut lui joindre une pédale pour soutenir les résonances des notes (ce qui est demandé pour Au jardin de Gethsémani). Sa sonorité est plus subtile et diaphane que celle d'un instrument concurrent qui, autrement, lui ressemble beaucoup: le piano électrique Wurlitzer, réputé pour ses basses plus incisives.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rhodes_%28piano%29
Vous connaissez la «suite dans les idées» des personnes autistes :
lorsque je composerai L’Amour de Joseph et Marie – Oratorio pour le Troisième
millénaire du Christianisme, j’utiliserai à nouveau un piano électrique, cette
fois intégré dans l’orchestre symphonique. Doté d’une partie très substantielle, il diamante les timbres des autres instruments, et il a droit à de véritables solos.
Curieusement, lorsque l’Oratorio sera joué, personne n’émettra la moindre
réserve à ce sujet.Allons chercher à comprendre...
Les petits caprices ne s'arrêtèrent pas là face Au jardin de Gethsémani. Par exemple, «lorsque la pièce sera donnée dans le cadre de la Quinzaine du Violoncelle des Productions
Traquen’Art, un responsable a émis des réserves quant au titre : «Au jardin de Gethsémani… C’est
religieux, ça… Des gens pourraient se sentir blessés. Il faudrait changer le
titre». Commentaire étonnant : change-t-on les titres des œuvres
religieuses de Bach ou de Mozart? Mon étonnement s’est multiplié lorsque j’ai
appris par hasard que ce monsieur était lui-même un laïc engagé dans l’Église!
Il quittera Traquen’Art peu après et il ne sera plus question de changer le
titre de ma pièce. Aurait-on un problème avec le religieux au Québec?» Que oui!
L’œuvre
s’ouvre par un solo de violoncelle dans le registre grave. Quelques mesures
plus loin, la flûte reprend cette mélodie par-dessus les arabesques du
violoncelle :
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Premières mesures d'Au jardin de Gethsémani. (C) 1982 / 88 Antoine Ouellette |
Peu après,
le piano électrique fait son apparition. Son timbre cristallin, magique comme
venu d’ailleurs, semble provoquer des mutations chez ses deux
partenaires : la flûte fait onduler ses notes prolongées comme en un écho,
avec les sons flautendo et sul ponticello du violoncelle :
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Deuxième page d'Au jardin de Gethsémani. (c) 1982 / 88 Antoine Ouellette |
La musique
alterne de brefs ariosos, comme celui-ci de la flûte accompagnée par le
violoncelle en cordes pincées (pizzicato) doublé par les résonances du piano électrique :
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Passage en «arioso» d'Au jardin de Gethsémani. (c) 1982 / 88 Antoine Ouellette |
… de brefs
ariosos donc alternés avec des récitatifs, comme celui-ci de la flûte, scandé
par des accords de cordes pincées du violoncelle :
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Récitatif de la flûte, extrait d'Au jardin de Gethsémani. (c) 1982 / 88 Antoine Ouellette |
... ou encore celui-ci du violoncelle:
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Récitatif du violoncelle, extrait d'Au jardin de Gethsémani. (c) 1982 / 88 Antoine Ouellette | |
Deux bémols
(si et mi) sont maintenus à l’armure tout au long de l’œuvre. Elle serait
donc en sol mineur. Mais la musique
que j’ai composée durant cette période de ma vie est en «tonalité aérienne»,
c’est-à-dire que la tonalité est vagabonde, peu affirmée. Dans Au jardin de Gethsémani, quelques
passages sont en fait atonaux, sans tonalité. Mais là encore, cette atonalité
est aérienne, sans lourdeur, voire même sans tension harmonique. Un des
passages que j’aime le plus, et qui est atonal de cette manière, se présente comme
une berceuse, toute douce et tendre, en contrepoint à deux voix (flûte et
violoncelle) doublées par le piano électrique qui tient les résonances :
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Extrait de la «Berceuse» atonale d'Au jardin de Gethsémani. (c) 1982 / 88 Antoine Ouellette |
Un curieux sol mineur, surtout que l’œuvre se
termine sur ré majeur avec des
sonorités irréelles (sul ponticelli
et harmoniques pincées du violoncelle, son roulé, flatterzung, de la flûte, résonances tenues du piano
électrique) : la musique passe de ce monde à un autre, immatériel,
spirituel. Celui de la vie des ressuscités.
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Dernières mesures d'Au jardin de Gethsémani. (c) 1982 / 88 Antoine Ouellette |
La première d'Au jardin de Gethsémani fut donnée en 1991, à Montréal, avec Paola Secco (flûte), Sylvie Lambert (violoncelle) et Allan Sutton (piano électrique)
SOURCE DES PHOTOS AUTRES QUE MANUSCRIT:
WIKIPÉDIA (DOMAINE PUBLIC PD-US)
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Feuillet de la première version de l'oeuvre, alors
qu'elle n'était destinée qu'à la flûte et au violoncelle.
Des annotations y figurent en vue de la version finale.
(c) Antoine Ouellette 1982 / 88 |