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lundi 1 février 2021

MER ET MONDE. Pour deux clarinettes et vibraphone (opus 45)

Mer et monde  
Pour deux clarinettes et vibraphone (opus 45)

 Les deux pièces que j’ai composé en 2012 ont un point commun : toutes deux sont basées sur une mélodie soutenue entendue dès le départ – il n’y a pas d’introduction ici. Autrement, elles sont bien différentes.

La première s’intitule Mer et monde, et est écrite pour deux clarinettes et vibraphone – la première partie de clarinette demande la clarinette usuelle en si bémol et aussi la petite clarinette soprano en mi bémol (pour son timbre acide), alors que la deuxième partie demande en plus de la clarinette en si bémol une clarinette basse (pour le velouté du timbre). Je pense que l’alliage de ces clarinettes avec le vibraphone crée une sonorité unique, mais je suis conscient que trouver un ensemble de cette formation n’est pas évident et que cela risque surtout d’intéresser des ensembles à «géométrie variable».

 Mer et monde est une pièce d’environ 15 minutes, aux tempos contrastés et exigeant trois solides instrumentistes, car c’est une musique vive et intense. Vive mais, comment dire?, étrange, peut-être angoissée, je ne sais trop. C’est la pièce que j’ai composée qui se rapproche le plus du total chromatisme, puisqu’elle est en grande partie fondée sur une échelle sonore contenant les douze sons de l’octave chromatique, regroupés en trois groupes de quatre sons aux mêmes intervalles (1. fa, sol bémol, la bémol, la naturel; 2. do, ré bémol, mi bémol, mi naturel; 3. sol naturel, la bémol, si bémol, si naturel), à l’exception de la note ré qui marque les extrémités de l’échelle. L'échelle couvre deux octaves: à l'octave du premier Ré se trouve un Ré bémol; l'échelle ne se boucle qu'une autre octave plus haute.

Échelle modale de Mer et monde (c) Antoine Ouellette 2012

Cette échelle, c’est le «monde» du titre, un continent modal balayé par les arabesques, les vagues et l’écume des trois instruments. 
 
Vagues et écume dans Mer et monde (c) Antoine Ouellette 2012
 

Mer et monde n’est probablement pas ma pièce la plus «confortable», mais elle n'est certainement pas de la musique dodécaphonique ou sérielle. Est-ce même vraiment de la musique chromatique? Cette échelle sonore n’est jamais transposée (sauf à l’octave) : il n’y a donc aucun chromatisme «ajouté», ni de modulation. Je pencherais donc pour dire qu’il s’agit d’une forme de diatonisme. Certains me diront que c’est en «ré mineur». Non, Mer et monde est en… do majeur! L’échelle sonore précédente «orne» le deuxième degré qui est longuement tenu (implicitement). Un accord de septième de dominante sur sol intervient à trois moments charnières de la pièce, donnant le signal pour deux sections où les clarinettes se répondent comme en de douces vagues. Ces vagues sont en do majeur, mais la tonique n’est qu’effleurée, jamais affirmée, pas même à la toute fin. C’est de la tonalité aérienne, sans la tension harmonique habituellement associée à la musique tonale.
 
L'autre oeuvre de 2012 est Musica autistica, pour orchestre.