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mercredi 1 décembre 2021

ODANAK / UNE FOI CHEZ LES AUTOCHTONES

Odanak / Une foi chez les autochtones

 

Totem au Musée
des Abénakis

1. L'abbé Rémi et le Musée
2. Le Père Aubery et la langue abénakie

3. Un abbé fils de Grand chef

4. Pentecôte

5. L'évangélisation comme faux prétexte

6. Sainteté

7. Gilles Ottawa


Depuis quelques temps, un couple Abénaki vient à la messe à l'église où je vais aussi. Ils ont vécu de grands deuils au cours des derniers mois. Je leur ai parlé à quelques reprises. Des gens bien. Leur présence m’est un signe d’espérance. Avec tout ce qui s’est dit et écrit ces derniers temps au sujet de l’Église catholique et des Autochtones, ces deux personnes auraient pu trouver de bonnes raisons d’en vouloir à l’Église. Mais tout au contraire, elles viennent prier. Possèdent-elles une meilleure capacité de discernement, une plus grande aptitude au pardon? Je ne le sais pas, mais j’apprécie leur présence.

 

L’abbé Rémi et le Musée


Ces derniers temps, il a été dit et écrit sur tous les tons que l’Église catholique avait tenté de détruire les cultures autochtones du Canada. Cela a été vrai mais, comme souvent, la réalité est plus complexe.

Je vis à Sorel-Tracy sur les bords du Lac Saint-Pierre. À quelques kilomètres de chez moi se trouve donc Odanak, un village (ou plutôt, juridiquement parlant, une réserve) de la Première nation Abénakie.

Les amateurs d’exotisme seraient déçus : accolée à la petite municipalité de Pierreville, ses maisons ressemblent à celles de sa voisine. Une sculpture extérieure ici et là signalent le monde autochtone. Déjà à l’arrivée des Français dans la région, les Abénakis vivaient surtout en sédentaires, ou semi-sédentaires. À Odanak, un superbe musée présente leur culture et leur histoire, avec des fresques de Frédéric Back.

https://museeabenakis.ca/


Musée des Abénakis, Odanak. Ce superbe musée
a été crée par l'abbé Rémi Dolan
et la communauté.

Fait à souligner : ce musée a été fondé en 1965 par la communauté et le prêtre missionnaire catholique Rémi Dolan, et il a été la «première institution muséale autochtone du Québec». L’abbé Rémi a donc joué un rôle important en faveur de cette culture. Tout n’est ni blanc ni noir.

Je déplore qu’il y ait eu des pensionnats pour Autochtones au Canada. Même sans les incidents d’abus qui se sont déroulés ici et là dans ces pensionnats, je crois que la formule était faussée dès le départ. Pour moi, l’enseignement auprès des enfants doit se faire en proximité et dans la culture. À mes yeux et selon mon expérience de pédagogue, il aurait plutôt fallu créer des écoles dans les communautés elles-mêmes, des écoles de type externat où la culture de la communauté aurait été elle aussi matière d’enseignement. C'est exactement ce que fait depuis 2011 le collège Kiuna à Odanak. Magnifique: https://kiuna-college.com/fra/

Il n’y a pas eu de pensionnat à Odanak. Il y eut plutôt une école dirigée par les Sœurs grises. Ce contexte met en lumière les ambiguïtés des relations entre Autochtones et non-autochtones, y compris les ambigüités liées au Catholicisme.

 

Le Père Aubery et la langue abénakie

Robert Rogers,
l'incendiaire d'Odanak


La langue abénakie survit de peine et de misère. Au moment où j’écris ces lignes, seule une dizaine de personnes la parlent encore. Selon des témoignages, les missionnaires et les religieuses auraient interdit cette langue. Mais les témoignages ne concordent pas tous à ce sujet. Ainsi, selon l’anthropologue abénakie Nicole O’Bomsawin, ce serait plutôt la communauté elle-même qui l’a peu à peu abandonnée au profit du français ou de l’anglais.  https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1116115/abenakis-abenaquis-dictionnaire-enseignant-langue-charland

Ce ne serait pas surprenant : Odanak est une petite communauté de moins de 500 personnes environnée de villages francophones, dans une région francophone. Des efforts sont cependant en cours pour redonner vie à cette langue. La principale source pour cette renaissance est l’œuvre… d’un missionnaire jésuite!

À l’époque de la Nouvelle-France, des religieux, des religieuses et des missionnaires avaient fait de réels efforts pour comprendre les cultures amérindiennes. Le jésuite Pierre-Joseph Aubery (1673-1755) avait ainsi rédigé un Dictionnaire Français – Abénaquis en 1715, après avoir écrit un ouvrage sur cette culture, Racines Abénaquises (1712).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Aubery

Le pasteur James Evans, inventeur
d'une écriture pour des langues
autochtones, toujours en usage. 

Le Dictionnaire d’Aubery a été préservé presque par miracle, car le village d’Odanak sera détruit le 4 octobre 1759 par les troupes du major Robert Rogers. La population fut en partie décimée, et plusieurs écrits de Pierre-Joseph Aubery furent détruits. https://fr.wikipedia.org/wiki/Odanak_(r%C3%A9serve_indienne)

Mais heureusement pas ce Dictionnaire qui sera édité par la suite. Cet ouvrage est l’une des bases de l’actuelle tentative de redonner vie à la langue abénakie.

La langue abénakie ne fut pas la seule à bénéficier dus compétences de missionnaires. Dans les années 1830, le pasteur méthodiste James Evans inventa l’écriture syllabique pour noter la langue des Cree. Dans les années 1880, ce système fut utilisé pour écrire l’inuktitut, la langue principale des Inuits. Cette écriture est d’une grande beauté graphique; par exemple, le début  du premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme

ᐃᓅᔪᓕᒫᑦ ᐊᓂᖅᑎᕆᔪᓕᒫᑦ ᐃᓅᓚᐅᕐᒪᑕ ᐃᓱᒪᕐᓱᕐᖢᑎᒃ

https://www.cwjefferys.ca/rev-james-evans-teaching-indians-his-system-of-cree-syllabic-writing

https://fr.wikipedia.org/wiki/Inuktitut


Un abbé fils de grand chef

Mais il semble que certains religieux ont tenté d’éteindre la culture abénakie. Et c’est là que les choses deviennent surprenantes. Ah, les Humains et leur esprit tortueux! Voyez. Vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe, c’est Joseph de Gonzague qui est curé à Odanak.
L'abbé Joseph de Gonzague était
lui-même Abénaki, fils de Grand chef!


Son dévouement ne fait pas de doute. Par exemple, il harcèle le gouvernement fédéral, «tuteur légal» des Autochtones selon la constitution canadienne, pour qu’il verse des fonds à Odanak, notamment pour la réfection de bâtiments, dont l’église incendiée par la foudre en juillet 1900. Devant le refus obstiné du fédéral, l’abbé Joseph remue mer et monde pour trouver l’argent ailleurs. Et il le trouva!
Cela dit, l’abbé Joseph semble avoir exercé un certain zèle sur sa communauté pour la convaincre d’abandonner des traditions et même sa langue. «Ah voilà! Un sale Blanc colonialiste!». Pas si vite! L’abbé Joseph était lui-même Abénaki! Oui oui. Mieux : il était le fils d’un grand chef de cette nation! Pour quelles raisons a-t-il agi ainsi? Je ne le sais pas. Je soupçonne que, comme bien des gens à l’époque, il désirait participer à la montée de la modernité. Probablement qu’il jugeait que la culture traditionnelle n’était pas adaptée pour aborder ce monde nouveau qui s’imposait à grande vitesse. Je soupçonne qu’il n’était pas seul de sa communauté à penser ainsi. Du côté des «Québécois de souche» aussi, la modernité allait faire disparaître de très nombreuses traditions : il faudrait s’en souvenir lorsqu’on laisse entendre que seules les cultures autochtones étaient menacées par ce phénomène global.
Intérieur de l'église d'Odanak.
Ironiquement, avec la fermeture d'églises
dans les villages autour d'Odanak, c'est là
que la messe est célébrée dans la région -
autrement dit, chez les Autochtones.
 

Mais il est difficile d’évaluer jusqu’à quel point l’abbé Joseph a été aussi zélé que certains l’affirment pour éteindre des éléments culturels. Le problème est qu’il a aussi posé des gestes favorables à cette culture. Par exemple :
«L'historien Jean-Louis O'Bomsawin signale son grand intérêt pour les chants et les prières en langue abénakise : «Vous chantez bien le français, mais beaucoup mieux l'abénaki, on sent que c'est le chant national. Il faut conserver ces beaux cantiques, en découvrir d'autres, en faire une collection.» B’en coudon… Je sais qu’un tel recueil existe, mais je ne sais pas si l’abbé Joseph y fut pour quelque chose. Autre anecdote. Un des bienfaiteurs que l’abbé Joseph avait déniché pour sa communauté fut le sénateur états-unien Matthew Stanley Quay (il y des Abénakis aux États-Unis aussi). Or, à l'entrée du presbytère, l’abbé Joseph fit mettre un portrait de grandes dimensions du sénateur Quay… vêtu en chef Abénaki! Joseph ne devait pas être si contre les vêtements traditionnels.
Alors qu’il était un jeune vicaire en formation à Saint-Zéphirin, l’abbé Joseph avait d’ailleurs dû composer avec les préjugés de l’époque envers les Autochtones :
«Sa première affectation ne dura que six mois. Au cours d'une vigoureuse discussion à table [avec le curé], le bouillant vicaire De Gonzague avait brandi un grand couteau, sans doute pour donner du poids à son argumentation. Le brave curé s'était montré stoïque mais il avait admis à l'un de ses amis : «Je lui ai dit que je n'avais pas peur, mais j'ai eu peur. On ne sait pas ce qu'un Sauvage peut faire.» L'évêque s'empressa de nommer son «sauvage» à Saint-Pierre-les-Becquets».

Pentecôte

Le parlement canadien à Ottawa,
avant l'incendie de 1916.


Le Canada est officiellement fondé en 1867 et sa constitution accorde d’emblée au gouvernement fédéral l’autorité exclusive de légiférer sur «les Indiens et les terres réservées pour les Indiens». Par exemple, les Premières nations du Québec dépendent non d’elles-mêmes ni du gouvernement du Québec, mais du seul gouvernement fédéral. Il faut noter que les Amérindiens n’ont jamais été consultés lors de la rédaction de la constitution du Canada.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_sur_les_Indiens

Le gouvernement fédéral adopte sa Loi sur les Indiens [sic] en 1876. Tout est mis en œuvre pour «encourager» ceux-ci «à quitter leur statut et leurs cultures traditionnels pour intégrer la société canadienne». Comme l’a exprimé en 1920 Duncan Campbell Scott, le surintendant général des Affaires indiennes du Canada, «l’objectif est de continuer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’Indiens et plus de problème indien, ni de département des Affaires indiennes»: que l’on soit pour ou contre, c’était franchement assumé! En 1885, certaines cérémonies traditionnelles sont interdites; en 1914, une autorisation écrite doit être obtenue pour porter certains costumes traditionnels, etc. Curieusement, le régime des réserves en sort renforcé : en sortir fait perdre le statut d’«Indien». Bref, il s’agit d’un régime de tutelle.

Duncan Campbell Scott,
un de ces politiciens canadiens
qui désirait «en finir avec
le problème indien»


Les grandes victimes seront les peuples nomades. À partir du début du XXe siècle, le gouvernement œuvre de plus en plus fermement pour les sédentariser coûte que coûte. À cette fin, il mettra en place un réseau de pensionnats pour les Autochtones. Pour les «civiliser» enfin, il s’agissait de se saisir des enfants, de les mener loin de chez eux dans des établissements où ils passeront en pension toute l’année scolaire afin d’être «éduqués». Coupés de leurs familles, ils allaient recevoir là l’éducation «moderne» en mode intensif. On allait leur inculquer la honte de leur culture tournée vers un passé révolu, et on leur interdira de parler leurs langues.

Le gouvernement a obtenu la collaboration de congrégations religieuses, dont des congrégations catholiques, pour parvenir à cette fin. Il m’est difficile de comprendre pourquoi ces dernières ont accepté, alors que tout aurait dû les mettre en garde contre ce projet. Le Christianisme est la spiritualité de l’Incarnation : en toute logique pastorale, l’Incarnation devrait se traduire par l’inculturation, à savoir l’adaptation de l'annonce de l'Évangile dans une culture donnée. Le Christianisme est aussi spiritualité de la Pentecôte. Lors de la Pentecôte, les disciples se sont adressés à une foule réunissant des gens de plusieurs cultures. Ces gens furent étonnés : «Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : 

La Pentecôte. Missel du XIVe siècle.
National Library of Wales (domaine public)


«Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu» (Actes des Apôtres; chapitre 2, versets 7 à 11). C’est l’Esprit de la Pentecôte qui fait qu’aujourd’hui la Bible est traduite en plus de 700 langues parlées par près de 6 milliards de personnes. https://fr.wikipedia.org/wiki/Traductions_de_la_Bible

Autrement dit, sous l’influence du gouvernement fédéral, des congrégations catholiques ont mis de côté l’Esprit de la Pentecôte. C’est regrettable. Le Collège Kiuna est le genre d'approche qu'auraient pu et dû mettre en place ces congrégations dans l'Esprit de la Pentecôte..., mais elles ne l'ont malheureusement pas fait.

L’évangélisation comme faux prétexte


Jésus marche sur les eaux:
le Grand chamane.
Par Ivan Aivazovsky, c.1890

Il est faux de croire que l’évangélisation était le but visé. Les Innus, par exemple, étaient déjà évangélisés et célébraient la foi à leur manière – ce qui est juste car «il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père» disait Jésus : il me semble parfaitement correct de voir le Père comme le Grand Esprit et Jésus comme un grand chamane. N'est-il pas Maître de la Vie? Après que Jésus ait calmé mer et vent lors d’une tempête, les disciples dans la barque dirent : «Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent?» (Évangile selon saint Jean; chapitre 14, verset 2).

Dès 1658, Marie de l'Incarnation documentait le pèlerinage des Autochtones vers Sainte-Anne-de-Beaupré : cette année-là, des marins bretons sauvés du naufrage grâce à leurs prières à sainte Anne, la mère de Marie, avaient entrepris de construire une église en son honneur à cet endroit. Les Innus ont aussitôt adopté sainte Anne, l’aïeule pour eux qui vénèrent les Anciens et la famille, cela au point que dans leur langue juillet se dit Shetan-Pishim, qui se traduit par «le mois de sainte Anne». Cette dévotion et le pèlerinage vers le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré près de Québec est donc une tradition de plus de 350 ans et qui est toujours bien vivace. Alors, l’évangélisation n’était qu’un prétexte mensonger.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1115070/autochtone-religion-innu-sainte-anne-messe-pelerinage

Marie de l'Incarnation, témoin
du pélerinage des Innus à Sainte Anne 
dès les années 1650
(Peinture anonyme, XIXe siècle)



Il est aussi faux de croire qu’il s’agit d’une politique de Blancs. Le Japon bouddhiste a fait subir un sort similaire aux Aïnous, peuple autochtone de ce pays qui fut lui aussi déculturé et mis en réserves.

 

Avec les mêmes résultats dans la culture : explosion de la toxicomanie, de la violence, des maladies mentales et du suicide. Tout cela s’est fait au nom d’un seul et même dieu : la modernité. Car pendant que l’on parquait les Amérindiens dans des réserves et décapitait leur culture, les intérêts financiers ont fait main basse, avidement et sans le moindre obstacle, sur les richesses de leurs territoires.


Sainteté 
 
Je partage cette superbe entrevue avec monsieur Rodrigue McKenzie, un Innu, et le journaliste Richard Latendresse (TVA):
Avec quelques réflexions:
Le 26 juillet 2021, c'était la fête de sainte Anne. Comme ils le font depuis des siècles, les Innus célèbraient la neuvaine à sainte Anne en faisant pèlerinage à la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré. Or, dans un restaurant, une dame s'est fâchée pour une bagatelle contre un Innu. Elle l'a traité de «sauvage» et a ajouté: «Vous êtes tous des sauvages!». L'entrevue TVA donne la parole à monsieur Rodrigue McKenzie à propos de cet incident dont il a été témoin. Son attitude et ses propos m'ont émerveillé, vraiment! Proche de la sainteté, j'oserais dire!

La Basilique
Sainte-Anne-de-Beaupré


Les Autochtones pourraient rompre avec l'Église suite aux découvertes de cimetières abandonnés, mais les Innus font mieux: ils optent pour la non-violence dans la loyauté et la foi. Peut-être que ce qui a le plus dérangé cette dame fut de voir tous ces gens venus prier paisiblement. Jésus lui-même était nomade, vivait proche de la nature et prônait la simplicité volontaire.
M. McKenzie comprend quelque chose d'essentiel que tant ne comprennent pas : l'Église, c'est des gens et une foi partagée. Pas une structure, pas des bâtiments. M. McKenzie a offert la vérité de l'Église, et mon Dieu que je suis fier de prier avec lui et les Innus pèlerins! De quoi se réconcilier avec les êtres humains.
 
 
Gilles Ottawa

Je termine cet article avec un livre dérangeant dont je vous recommande la lecture. 

Gilles Ottawa est un historien Attikamek et il a été lui-même scolarisé au pensionnat de Pointe-Bleue (Mashteuiatsh) entre 1965 et 1969. Il est l’auteur du livre Les pensionnats indiens au Québec : un double regard (éditions Cornac, 2010). Dans le contexte où, ces derniers mois, l’on a décrit ces institutions comme de véritables enfers, ce livre est troublant. Il se peut que les pensionnats autochtones du Québec, comme celui où a été M. Ottawa, fonctionnaient un peu différemment, d’autant qu’ils avaient été créés bien après les premiers du genre ailleurs au Canada. Or le jugement de l’auteur est nuancé, et il parle d’un «bilan mitigé» pour ces pensionnats (page 77). Il montre que les aspects négatifs prédominaient : éloignement de la famille, déracinement de la culture, sévices, désespoir, etc. Mais il note aussi des apports positifs. Ainsi, l’enseignement dispensé au pensionnat était complet, «d’ordre général et a permis à la plupart des jeunes Autochtones d’en sortir diplômés et instruits (…). Nombreux sont ceux à avoir par la suite réussi professionnellement» (page 85).  L’auteur reconnait que «ces pensionnats ont été à l’origine de l’émergence d’une culture mixte et, il faut l’admettre, d’une nouvelle génération de jeunes éduqués devenus depuis chefs de leur Nation ou encore cols blancs dans le secteur public» (page 2 de couverture). En page 89, il ajoute, hum, que certains pensionnaires sont devenus prêtres et religieuses et, en page 35, il informe que d’anciens pensionnaires seront enseignants… dans des pensionnats autochtones! Il mentionne aussi que les activités autres qu’académiques étaient «nombreuses» (page 63) et que les sports et la musique étaient des «disciplines d’excellence» (page 90). De plus, à Noël, les enfants recevaient des cadeaux : «La plupart en recevaient un pour la première fois, les parents n’ayant jamais eu les moyens de leur en offrir» (page 43). 
 

C'est un livre à lire, de première source. Reste qu'à mon avis et comme je l'ai écrit plus haut, ce système de pensionnats était faux dès le départ. 

Sources des illustrations: Collection personnelle, site commercial pour le livre recommandé, Wikipédia (Domaine public, PD-US)