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mercredi 1 juin 2022

CHANT GRÉGORIEN: LATIN, ACCENTS ET NOTES RÉPÉTÉES

Chant grégorien
Latin, accents et notes répétées
 
1. Le latin n'est pas une langue «plus sacrée»
2. Un chœur de laïcs
3. Accents
4. Répercussions

En 2017, j’avais publié un article sur le chant grégorien : 
Dans ce nouvel article sur le même sujet, je donne ma position sur le latin (langue du chant grégorien) et sur quelques particularités d’interprétation de cette musique en précisant mes choix : les accents et les répercussions.

Peu après mon installation à Sorel-Tracy, j’avais décidé de refonder un chœur spécialisé dans le chant grégorien et la musique sacrée médiévale. Pour être franc, je ne m’attendais pas à recruter une foule de choristes : cette musique est si particulière. Mais j’ai eu une belle surprise en ce que plus de gens se sont inscrits que je ne l’aurais espéré. Nous avons donc débuté en 2016. Et chose incroyable, notre ensemble existe toujours! Il a survécu à la pandémie qui a provoqué quelques interruptions dans nos répétitions, mais il compte 18 membres au moment d’écrire ces lignes, ce qui est excellent. Comme cette musique convient mal à la formule de concert, nous nous produisons plutôt lors de messes dans les églises de la ville.

Le latin n’est pas une langue «plus sacrée»

Catulle écrivait des poèmes grivois en latin!
Par Lawrence Alma-Tadema, 1865


Ce qui m’amène à préciser ma pensée sur un premier point. Le chant grégorien est essentiellement en latin. Aujourd’hui, presque personne ne comprend le latin, moi non plus d'ailleurs. J’ai donc pris l’habitude de m’adresser à l’assemblée au début de la messe pour présenter brièvement les pièces que nous chanterons durant la célébration et donner la signification de leurs textes. Il ne faut pas exagérer le fait que l’assemblée ne chantera pas. Des personnes dans l’assemblée se rappellent d’avoir chanté quelques-unes de ces pièces durant leur enfance et certaines osent chanter avec nous. Ensuite, il ne faut être ni médiéviste ni très savant pour savoir que Kyrie eleison signifie Seigneur, prends pitié : il y a d’ailleurs des chants en français qui réutilisent ces deux mots à côté de mots en français – ces mots sont en fait grecs. Quand nous chantons un Sanctus, tout le monde sait que nous chantons Saint, saint, saint, Dieu de l’univers : ce sont des paroles archiconnues.

Donc le latin. Mais voilà. Je sais que certaines personnes font du chant grégorien une sorte de drapeau «traditionaliste» et du latin une langue «sacrée». 
 
En ce qui me concerne, je me situe dans ce que préconisait le Pape Paul VI. Dans ses documents officiels, le Concile Vatican II réclamait le maintien du chant grégorien là où il était déjà pratiqué (article 116 de la constitution Sacrosanctum Concilium). Plus encore : en 1974, le Pape Paul VI envoyait aux évêques du monde catholique un petit manuel intitulé Jubilate Deo contenant des chants latins et grégoriens de base destinés à être chantés par le peuple. Selon moi, ce fut un grand tort d’avoir jeté ce livre à la poubelle. L’Église n’a pas un rôle de conservatoire culturel mais, encore en 1974, le chant grégorien faisait bel et bien partie de la culture musicale populaire. Il était donc injuste que nos autorités religieuses le rejettent aussi drastiquement, et encore plus injuste de le rejeter au nom du peuple. Cela n’avait pas de sens. Et puis, s’exposer un peu à un patrimoine culturel ne fait de mal à personne, je vous assure. Ensuite, on dira bien ce qu’on veut, le chant grégorien porte une spiritualité exceptionnelle que sont très loin d’avoir égalé ou même juste approché la plupart des chansons liturgiques en langue «du peuple». Je signale en passant que lors de nos prestations, nous chantons aussi le Psaume en FRANÇAIS entre les deux lectures.
Saint Philippe Néri
Par Tiepolo (XVIIIe s.)


Avec Paul VI, je crois que le cadre de la messe en langue courante issue de Vatican II permet l’utilisation au moins occasionnelle du grégorien. L’élimination totale du grégorien allait contre la volonté du Pape.
Cette fameuse «messe en latin» fut celle codifiée au XVIe siècle par le Concile de Trente. Le Concile de Trente résista aux langues vivantes parce que les Protestants venaient, eux, d’opter en leur faveur. Mais il faut souligner que lors du Concile de Trente, des gens, de saints hommes, avaient plaidé pour les langues vivantes, tels saint Philippe Néri. 
Je n’ai pas de nostalgie pour l’époque où la messe était en latin : je n’ai pas connu cette époque puisqu’au moment de mon enfance, la messe était déjà en français.

Je fais quelques rappels historiques. Jésus ne parlait pas des langues anciennes pour se donner des airs de mystère; il n'utilisait pas non plus des langues «magiques», ni des sortes d'incantations incompréhensibles: il parlait la langue de son temps et de son milieu, l'araméen et/ou l'hébreu. Je ne suis même pas certain qu'il parlait latin, peut-être le baragouinait-il un peu... La liturgie a utilisé le latin parce que le christianisme est né dans l'empire romain dont le latin était la langue officielle, et parce que le latin y était généralement compris. La liturgie a aussi utilisé le grec pour une raison similaire. Tous les livres du Nouveau Testament, qui datent du 1er siècle, ont été rédigés en grec (peut-être en araméen ou hébreux pour certains, puis rapidement traduits en grec dans un but de diffusion): aucun de ces livres n'a été écrit en latin.

Aucune langue n'est sacrée.
C'est la liturgie qui sanctifie
la langue, toutes les langues.
 

En lui-même, le latin n'est pas une langue plus sacrée qu'une autre. On oublie qu'à l'époque, c'était une langue vivante - on allait faire son marché et négocier des prix avec les commerçants en latin, on se querellait et on s'aimait en latin, Catulle écrivait des vers cochons en latin, on parlait du dernier match du Canadien en latin (bon, peut-être pas…).

Ce n’est pas la langue qui fait le sacré : c’est plutôt l’action liturgique qui sanctifie, qui rend sainte la langue, toute langue, n’importe quelle langue. Toutes les langues peuvent louer le Seigneur : c’est la Pentecôte. Vouloir une langue incompréhensible peut tenir d'un désir inavoué de faire de la messe un acte magique. En Christianisme, le mot «sacré» est très ambigu. 

L’Occident chrétien ne fut pas seul à avoir conservé des siècles durant une langue morte pour sa liturgie. Des Églises d’Orient ont fait de même et le font encore : en Europe de l’Est, plusieurs utilisent toujours le slavon, qui est aux langues slaves actuelles ce que le latin est aux langues latines.

Par contre, l'usage d'une langue ancienne pour la liturgie a aussi des avantages. Nous voyageons beaucoup, la population est mobile, et Vatican II a mis un accent sur la participation de tous lors de la messe - cela laissait croire qu'auparavant, les gens ne participaient pas, ce qui est faux: ils participaient d'une autre manière. Donc, le maintien du seul latin aurait justement permis aux gens qui voyagent de pouvoir participer là où ils se déplacent. Cette langue unique cadrait avec l'universalité de l'Évangile, alors que l'usage des langues courantes a morcelé les communautés et provoqué un glissement, qui va en s'accélérant, vers des célébrations pour des groupes particuliers. Par contre encore, le maintien du seul latin aurait probablement ralenti la croissance de l'Église dans les pays dits «pauvres»: or, c'est justement de ce côté que se poursuit la croissance de l'Église et que son avenir se joue, contrairement à l'Occident où le déclin est de plus en plus marqué et, selon toute évidence, irréversible. 

Un chœur de laïcs

Jules César louait ses propres exploits
guerriers en latin!


Le chant grégorien n'est pas l'exclusivité des monastères. Le chant grégorien fut chanté dans les simples paroisses tout autant que dans les monastères! C’est vrai qu’il semble avoir été élaboré et créé par des moines (et qui sait, des moniales), mais ce n’est pas entièrement le cas. Par exemple, les hymnes ne sont pas d’origine monastique : elles ont été conçues pour le chant de l’assemblée toute entière. Elles ont ensuite été intégrées au répertoire monastique. Dans les monastères féminins (il y en a depuis au moins le IIIe siècle), le chant grégorien est évidemment chanté par les femmes. Ce n'est pas une musique réservée aux hommes. 

Je dirige Grégoria, un chœur grégorien constitué de laïcs, femmes et hommes – Grégoria est un ensemble mixte. Nous chantons avec qui nous sommes. Mon interprétation musicale ne vise absolument pas à singer la manière monastique de chanter. Ce n’est en rien manquer de respect envers cette musique que j’aime tant : c’est au contraire lui reconnaître son universalité, le fait que tous et toutes peuvent se l’approprier, pour méditer, pour prier…, ou pour chanter de la musique. Je reconnais donc que le chant grégorien peut être ouvert à de multiples interprétations.

Mais lorsque je dirige, je ne fais pas n’importe quoi non plus, et loin de là! Voyons en ce qui concerne les accents et les notes répétées.

Accents

Tout au long du XIXe siècle, les moines bénédictins de l’Abbaye Saint-Pierre-de-Solesmes ont mené d’incroyables travaux visant à restaurer les mélodies grégoriennes telles qu’elles étaient au Moyen âge, soit lors de leur création. De ce côté, la réussite fut entière. Les éditions dont nous disposons depuis sont fidèles quant aux notes. Par contre, en ce XIXe siècle, la tradition d’interprétation des musiques médiévales, incluant le grégorien, était perdue depuis belle lurette. Il faudra attendre le mouvement de «retour aux techniques d’époque» de la mi-XXe siècle pour que des découvertes musicologiques lèvent le voile sur cette interprétation d’époque. Et encore, ces recherches ne lèveront le voile qu’en partie, sans surprise.

Les interprètes du XIXe siècle manquaient donc d’informations sur l’interprétation. Alors, comment rythmer le chant grégorien? Cette musique n’est pas mesurée et les plus anciens manuscrits n’utilisent aucune valeur rythmique proportionnelle explicite (comme des noires, des croches, des blanches, etc.). L’option de Dom André Mocquereau, qui fut maître de chœur de Solesmes de 1880 à 1914, a consisté à poser un «temps premier» : du coup, les mélodies grégoriennes ont été transcrites en notation moderne avec des croches continues (et quelques noires pour les notes munies d’un signe d’allongement). Nous ne saurons jamais si cela correspond réellement à ce qui se faisait au Moyen âge, mais j’avoue ne connaître aucun répertoire musical qui se limite à une seule valeur rythmique… Dom Moquereau ajouta aussi un certain signe d’accent : l’ictus. Dans les éditions grégoriennes du début du XXe siècle, ces ictus sont signalés par un petit trait vertical sous une note.


J'ai entouré en rouge les ictus... ajoutés à la fin du XIXe siècle.

Or! Or, cela n’existait tout simplement pas dans la musique médiévale, et aucun manuscrit de chant grégorien de l’époque n’en porte la moindre trace! Malgré cela, des générations de grégorianistes se sont fait un devoir d’observer les ictus… jusqu’à s’en arracher les cheveux.

Mais il existe un élément qui permet de donner du relief à cette musique tout en respectant sa nature, soit l’accentuation de la langue latine. Respecter l’accentuation du latin demande un peu de travail! Le latin n’est plus parlé, et son accentuation diffère, par exemple, de celle du français. Une idée de base doit être notée et mise en pratique : en latin, la syllabe finale d’un mot n’est jamais accentuée. On ne doit pas terminer un mot latin en donnant un accent : le mot doit se terminer doucement. Or, la langue française fait souvent l’inverse. Or encore, plein d’œuvres musicales baroques, classiques, romantiques et modernes accentuent la syllabe finale, souvent pour donner de l’éclat: par exemple, a-MEN, au lieu d'A-men. Donc, notre perception est faussée. Le chant grégorien est intimement lié à la langue latine : l’accentuation de celle-ci doit être respectée. Dans des éditions du grégorien, la syllabe forte d’un mot de plus de deux syllabes est marquée par un accent aigu, comme en espagnol :


J'ai souligné en rouge les accents du texte latin. 

Dans un mot de deux syllabes, c’est toujours la première qui est forte et la deuxième douce.

Or, l’ajout des ictus crée de l’incohérence parce que l’ictus ne correspond pas à l’accent latin : «L'incohérence entre cette approche et la place de l'accent latin n'échappe pas à Dom Mocquereau, qui précise : « l'ictus est indépendant de l'accent tonique du mot, avec lequel il importe avant tout de ne pas le confondre» (…).  [...] Il s'agit bien d'une approche purement a priori fondée sur la théorie musicale du XIXe siècle, prise implicitement comme une référence absolue.»

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rythmique_gr%C3%A9gorienne


Quelques exemples d'incohérences entre ictus et accents, marqués d'un X rouge.
De plus, pour les mots insulae et Saba, l'ictus est mis sur une syllabe finale, donc douce... 

Autrement dit, le concept ajouté d’ictus crée de la confusion. Puisque c’est ainsi, pourquoi donc respecter ces ajouts? Alors, qu’est-ce que je fais? Comme Alexandre le Grand a résolu l’énigme du nœud gordien en tranchant celui-ci d’un coup d’épée, je supprime les ictus purement et simplement! Les appuis de la mélodie se feront sur les accents latins et aussi sur la musicalité intuitive.


Alexandre le Grand tranche d'un coup d'épée le noeud impossible à défaire!
Il arrive que ce soit la seule solution possible.
Par Jean Simon Berthélemy (1764)


La même pièce sans les ictus ajoutés: soulagement! 

Répercussions

On a donc ajouté un élément qui n’y était pas. On en a ajouté un autre : des accompagnements d’orgue. Très peu d’églises du Moyen âge possédaient un orgue, et les rares orgues de l’époque n’avaient rien à voir avec nos grandes orgues. Le grégorien était chanté sans accompagnement, a cappella. Les accompagnements d’orgue datent de la fin du XIXe siècle, voire du début du XXe siècle. C'est complètement anachronique: le chant grégorien a été conçu mille ans avant! Ces accompagnements «tonalisent» le chant grégorien en y ajoutant des fonctions harmoniques qui sont étrangères à son style. Alors, j’opte pour une exécution a cappella, «pure et dure»!

Par contre, un élément a été supprimé, disons plus exactement gommé : les répercussions. Dans de nombreuses pièces grégoriennes, il arrive qu’une même note soit répétée sur une même syllabe. Ce sont des notes «répercutées». En voici un exemple:


Des groupes de deux notes répétées sur une même syllabe, entourés en rouge.
Ce sont des répercussions. 

Vers la fin du XIXe siècle et pendant des décennies, on a choisi de remplacer ces notes répétées par une seule note de durée plus longue. 


Des notes de durée plus longue au lieu des notes répercutées:
une erreur d'interprétation qui s'est malheureusement imposée...
 

Or, c’est une erreur!

Dans l’Introït (chant d’entrée) de la Messe du jour de Pâques, Resurrexi, nous trouvons plusieurs groupes non pas de deux mais de trois notes consécutives sur une même syllabe :


L'Introït Resurrexi contient plusieurs groupes de trois notes répétées
consécutivement sur une même syllabe. On fait quoi?!


Que faire?! Ne faire qu’une seule note? Mais il y en a trois! Ne faire qu’une seule note de durée double? Mais pourquoi pas alors de durée triple?!

Les plus anciens manuscrits de chant grégorien fournissent la réponse, et elle est claire. Dans ces manuscrits, il n’y a pas de notation sous forme de notes dans une portée. Il y a plutôt des signes sténographiques qui donnent les groupements de notes et des indications rythmiques. Ce sont des neumes. Voici ce que donne le Manuscrit de Laon, qui date du Xe siècle :


Neumes pour le Resurrexi dans la Manuscrit de Laon (Xe s.).
J'ai entouré de rouge les groupes de trois notes répétées sur la même syllabe.
La graphie montre clairement qu'il y a trois notes et non une longue. 
À noter qu'à l'époque, la musique n'était pas encore notée avec une portée. 

Visuellement, trois notes sont indiquées sur le «Xi» du mot «Resurrexi» et sur le «Al» de Alléluia. Ces trois coups de plume correspondent aux trois notes carrées de la notation plus tardive (notation carrée). À noter que sur «xi», la troisième note est écrite sous forme d'un trait plutôt que d'un point: cela signifie que cette troisième note est allongée, un peu plus longue que les deux précédentes. Plus longue de combien? Cela s'appelle «Suivez le chef»! 

Voici maintenant ce que donne le Manuscrit d’Einsiedeln qui date du début du XIe siècle :


Le même passage dans le Manuscrit d'Einsiedeln (XIe s.). À nouveau, les groupes de trois notes répétées sur une même syllabe sont clairement indiqués. Je les signale en rouge. 

À nouveau, il y a bien trois coups de plume aux mêmes endroits et qui indiquent trois notes.

Si l’on reporte les indications de Laon et d’Einsiedeln sur la notation carrée, nous constatons que tout concorde : trois coups de plume, trois notes.


La concordance est parfaite lorsqu'on reporte les neumes de Laon et d'Einsiedeln sur la notation carrée avec portée qui est parvenue à maturité au XIIe siècle. 

Il est d’autres pièces où une syllabe peut compter quatre, cinq, six et même sept fois la même note consécutive! Par exemple, dans le Trait Confitemini du deuxième Dimanche du Carême :

 


Si l'on se refuse à articuler deux notes répétées, que fait-on alors lorsqu'il y en a cinq comme ici?! 

Si l’on fond deux notes répétées en une seule note de durée double, faut-il alors fondre ces cinq notes en une durée quintuple? Ce serait absurde de s’assoir ainsi sur une note!!! Alors, que faire? Tout simplement chanter les notes indiquées. Chanter la même deux fois de suite s’il est écrit deux notes; chanter trois fois de suite la même note de suite s’il est écrit trois notes, et ainsi de suite. C’est d’ailleurs ce que préconise Dom Eugène Cardine dans son traité Sémiologie grégorienne de 1970, et c'est ce que m'a enseigné Dom André Saint-Cyr, maître de chœur à l'époque en l'Abbaye Saint-Benoît-du-Lac. C’est donc mon option : nous chantons ces notes répercutées, ces répercussions. Elles font partie intégrante du style… du moins du style médiéval! Mais nos oreilles peuvent être troublées par cet «ornement» mélodique inhabituel. Il faut donc l’apprivoiser.

Selon le contexte, j’opte pour différents choix. Dans certains cas, je fais chanter les notes répercutées comme des échos de la première qui vont en diminuant. Dans d’autres cas, comme celui ci-dessous, je vais au contraire demander un appui sur la deuxième afin de la faire ressortir (il y a d'ailleurs là une «coupure neumatique», mais je n'entre pas dans le détail). Ainsi je fais dans l’Agnus Dei de la Messe XII :


Je demande un appui sur le deuxième La de la syllabe «ca» du mot «peccata». 

Dans tous les cas, je demande à ce que les notes répétées soient bien articulées, de manière à ce qu’elles soient nettement entendues. Je ne les cache pas: au contraire, je les mets en valeur. Eh bien quoi?! Ces notes sont là : elles demandent à vivre! Chantons-les!!!

Un jour, je vous parlerai d’une autre particularité du Grégorien : le quilisma! 

 
Sources des illustrations: 
Collection personnelle, Paroissien romain (début XXe siècle, domaine public) et Wikipédia (Domaine public, PD-US)