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jeudi 1 juin 2023

STRESS POST-TRAUMATIQUE ET AUTISME. OU LE MAL N'A PAS DE VISAGE

Syndrome de stress post-traumatisme : intimidation et autisme
Ou Le mal n’a pas de visage


1. L’intimidation scolaire : ce n’est pas fini!
2. La solution: l'approche générale du civisme
3. Point de bascule
4. Le mal n’a pas de visage
5. Le Renard de Sibérie

Nous nous trompons lorsque nous tentons de mettre un visage sur le mal. Le mal est sans visage. Enlevons-lui son masque et il nous apparaitra avec un nouveau masque… Notre histoire aurait-elle favorisé les lignées plus agressives depuis des millénaires? Pourrons-nous changer

L’intimidation scolaire : ce n’est pas fini!

Aux bulletins de nouvelles télévisées, des reportages récents ont montré des scènes où des élèves se groupent pour battre un camarade sous les cris d’encouragement des témoins. Des garçons battent un garçon; des filles battent une fille – non, les filles n’échappent pas à cette tendance : elles excellent visiblement dans ce comportement, vive l’égalité. Les témoins encouragent et filment avant de publier leurs choses sur les réseaux sociaux. Certaines vidéos provenaient même de ma petite ville! Dans le journal régional, Les 2 Rives, des parents témoignent régulièrement du calvaire que subissent leurs enfants. Dans l’édition du 14 mars, on y lit que des adolescentes doivent prendre des antidépresseurs pour surmonter leur anxiété sociale aigue suite à de l’intimidation. La mère d’une de ces enfants a dit ceci qui résume le problème : «Quand j’étais plus jeune, j’ai été vilaine et je ne pensais pas que ça pouvait atteindre les autres». Ce qui m'a rappelé ce père qui encourageait son garçon à intimider les autres: «S'il ne le fait pas, les autres vont lui faire». Une attitude contagieuse et transgénérationnelle. Mais n'y a-t-il justement pas un proverbe qui affirme que «Si tu veux la paix, prépare la guerre». On est équipé pour veiller tard... 

La cyberintimidation est aussi fréquente qu’hallucinante dans sa méchanceté illimitée. Aujourd'hui, au moment même où vous lisez ceci, il y aurait 160 000 enfants victimes d’intimidation dans les écoles du Québec – non, il n’y a pas un zéro de trop, c’est bien 160 000. D’autres reportages ont montré l’intimidation que subissent des profs de la part de ces gentils petits monstres.

Pourtant, on affirme faire de la sensibilisation dans les écoles pour empêcher l’intimidation. Ce doit être du genre un petite période en début d’année, puis on s’imagine que l’affaire est réglée… La réalité perdure, parce que notre nature ne change pas. Et puis, voir ces reportages me fait un pincement au cœur…

Le calvaire quotidien de l'autobus scolaire...

Je n’ai pas souffert de l’autisme. Je le dis honnêtement. Je n’ai pas de souvenirs de souffrance liés à l’autisme. Mes parents avaient bien accepté l’étrange petit garçon que j’étais, et ils m’ont bien guidé.

Par contre, j’ai souffert du syndrome de stress post-traumatique. Intensément. Ça, je le sais, j’en suis conscient. J’en souffre toujours, mais à une moindre échelle grâce au travail que j’ai fait sur moi et grâce à l’aide que j’ai demandé et reçue. Le trauma est facile à identifier : intimidation physique et psychologique quotidienne à l’école.

Pour le Secondaire, je suis allé dans un collège privé où le sport était valorisé – mais que faisais-je donc là moi qui ne suis pas du tout sportif?! On dit souvent que la pratique du sport permet aux jeunes d’évacuer correctement leur agressivité. Mon expérience ne corrobore toutefois pas du tout cette prétention!

Je me souviens de quelques scènes…

J’étais assis à mon pupitre lorsqu’un camarade m’a agressé de dos en m’étampant la tête sur le bureau et en m’assénant des dizaines de coups de poing sur la tête, au grand rire des autres. J’étais sorti du local étourdi et en pleurs sous les risées et les huées, et je me suis réfugié dans la cage d’un escalier de secours.
À l’aréna où je fus forcé de jouer au hockey (même si je n’arrivais pas à me tenir sur des patins), un camarade a pris un grand élan de vitesse et m’a frappé de toute sa force. Je suis retourné au banc en douleurs et en pleur, et le professeur qui était l’entraîneur de mon équipe riait.
J’ai été forcé à aller à une classe-neige d’une semaine, moi qui n’avais jamais skié. La torture que je subissais me faisait me réfugier à l’extérieur, au grand froid, presque toutes les soirées.

Les salles de cours m'étaient plus sécuritaires,
mais m'aventurer jusqu'à mon casier était
périlleux... 

Aller à ma case était un péril que j’affrontais quotidiennement. J’étais devenu terrorisé chaque fois que je m’aventurais en ce territoire. Prendre l’autobus du collège pour m’y rendre me terrorisait tout autant, chaque matin, chaque soir. Si je ne trouvais pas de siège pour moi dans les deux premières rangées, je me ramassais dans la zone dangereuse et je me ramassais des coups sur la tête, des crachats et des insultes. L’hiver, on me volait ma tuque pour la salir dans la sloche de l’allée de l’autobus. Arrivé au collège, un groupe m’attendait à la porte pour me donner un accueil spécial…

Je vivais en état d'hypervigilance chronique. J’avalais ma peur et mon anxiété. Si j’exprimais de la colère ou tentait vainement de riposter, les coups redoublaient. Lorsque j’allais en parler à la direction, on me disait «Bats-toi!» - ah oui, contre une gang de 5 ou 6 méchants voyous?! Comme la quasi-totalité des victimes d’intimidation, je n’en parlais pas à mes parents. J’encaissais en silence sans la moindre aide des adultes témoins, des adultes pourtant en position d’autorité et exerçant profession d’éducation. Alors, des intimidés devenaient intimidateurs à leur tour : il faut se défendre ou se défouler.

Cela, ce fut tout mon Secondaire 2. J’avais 12 ans. Mais cela avait déjà commencé en Secondaire 1 et cela s’est poursuivi en Secondaire 3; en Secondaires 4 et 5, les coups ont cessé, mais pas les insultes. Je connais des personnes qui sont nostalgiques de leur adolescence, mais je vous jure que ce n’est pas du tout mon cas! Ce ne fut pas non plus le cas de Pierre R., un camarade d’infortune qui, lui, s’est pendu à la fin d’une année scolaire. Être intimidé quotidiennement a de quoi rendre fou.

Heureusement, cette haine ne m'a pas fait décrocher: mon goût d'apprendre a été plus fort. Mais ce n'est pas le cas pour tous les enfants qui subissent l'intimidation. 


La solution: l'approche générale du civisme

Indirectement, l’autisme, le fait que je suis Asperger, a joué un rôle. Les jeunes autistes se comportent différemment; ils sont plutôt solitaires et maladroits socialement; ils n’ont pas l’«esprit de groupe». Du coup, ils se font vite repérer par leurs camarades, particulièrement par les plus vicieux d’entre eux et qui entraînent les autres à faire du mal. C’est ce qui s’est passé pour moi. Les enfants autistes représentent un des groupes subissant le plus d’intimidation scolaire, et c’est encore plus fréquent pour les autistes de type Asperger. En conséquence, un nombre important de personnes autistes portent un bien lourd bagage lorsqu'elles parviennent à l'âge adulte. 

Mais l’intimidation vise tout jeune qui se montre différent, surtout ceux et celles qui ne revendiquent pas leur différence. L’intimidation vise tout jeune dont le physique déroge un tant soit peu à la norme. Dans un documentaire, une jeune fille se faisait battre et insulter parce qu’elle était belle! Comme quoi le mal n’a pas de cause ni de visage. 

Alors, il faut prendre pour acquis que les risque sont réels qu'il y ait de l'intimidation à l'école, dans toute école. Or, trop souvent, on prend plutôt pour acquis que «cela n'arrive qu'ailleurs».

Il faut aussi prendre pour acquis que, contrairement à une idée à la mode, ce n'est pas en sensibilisant aux réalités des «minorités» que l'on fera cesser l'intimidation. Car quelqu'un peut très bien être à la fois membre d'une minorité ET intimidateur, tout comme quelqu'un peut très bien être à la fois membre de la «majorité» ET subir de l'intimidation. Ce type de «sensibilisation» sera assurément instrumentalisé par certain groupes (il l'est de fait) et à leur seul avantage - la «sensibilisation» devient alors une forme de propagande, sans effet réel sur l'intimidation. Car l'intimidation elle-même se trouve instrumentalisée: on n'a alors aucun véritable intérêt à ce qu'elle disparaisse. De plus, les enfants dont le profil ne peut se caser dans celui d'aucune «communauté stigmatisée» se trouveront sans défense et sans défenseur: les enfants qui ont le nez comme ceci, les oreilles comme ça, qui sont «petits», «maigres», «trop belle», etc. 

Aborder l'intimidation à partir de l'idéologie de la défense de groupes ne fonctionne visiblement pas. Récemment, une école affichait être un «safe space» pour les jeunes de la communauté LGBT+. C'est stupide! L'école doit être un endroit sécuritaire et épanouissant pour TOUS les jeunes qui lui sont confiés. Résultat: non seulement l'intimidation n'a pas diminué dans les écoles depuis ma jeunesse, mais il s'est ajouté la cyberintimidation.

Pour diminuer l'intimidation, il est tout d'abord ESSENTIEL que les adultes en position d'autorité, les professeurs et les membres de la direction, fassent leur travail d'éducateurs. Éduquer ne se limite pas à faire apprendre les tables de multiplication: éduquer, c'est inculquer le civisme. Le civisme devrait donc être enseigné: le civisme est une attitude générale envers tout le monde et c'est ce à quoi devrait former l'éducation. Pourquoi le civisme n'est pas enseigné? Parce qu'il vaut également pour toute personne; or, ce que veulent et obtiennent d'influents groupes de pression est tout le contraire: que les enfants soient «sensibilisés» à des causes particulières. Alors donc, l'école devient la tribune de toutes sortes d'idéologies (même si l'on en a sorti les religions), et l'intimidation ne diminue pas. 

Peut-être que des temps de méditation dans la journée scolaire seraient aussi bénéfiques... mais à nouveau, sans que cette pratique n'ait de visées inavouées, par exemple du prosélytisme. 


Point de bascule

Gustave Courbet: Le désespéré. 1843. 

J’entends souvent des gens dirent qu’ils souffrent de syndrome post-traumatique. Pour certains, c’est vrai, mais pour d’autres ce ne l’est peut-être pas. Il en va des traumatismes comme de l’anxiété. On peut connaître des périodes où notre anxiété est élevée pour diverses raisons, mais une anxiété momentanément élevée n’implique pas que la personne développera nécessairement un trouble anxieux. De même, une personne peut avoir vécu un traumatisme et en conserver de la crainte sans que nécessairement ne se développe un trouble de stress post-traumatique. Le trouble anxieux vient du fait que l’anxiété bascule en quelque chose qui est envahissant et qui interfère avec la vie quotidienne; le trouble de stress post-traumatique représente une bascule semblable vers un état envahissant qui empoisonne la vie. Dans les deux cas, cette bascule se fait vers un état pathologique qui nécessite des soins psychologiques, voire une aide par médication.

Une personne qui développe un trouble de stress post-traumatique (sspt) présente trois grandes classes de symptômes. 1) Elle revit continuellement la scène traumatique en pensée ou en cauchemar (symptômes de reviviscence). 2) Elle cherche à éviter — volontairement ou non — tout ce qui pourrait lui rappeler de près ou de loin le trauma (symptômes d'évitement et d'engourdissement émotionnel). 3) Elle est fréquemment aux aguets (symptômes d'hypervigilance) malgré l'absence de danger imminent.

Aquarelle de William Blake:
Le grand démon rouge (1804) 


Pour ma part, ma condition remplissait les trois familles de critères. Le symptôme le plus pénible fut assurément les cauchemars. Ces cauchemars étaient très réalistes : je m’y voyais agressé par des groupes. Je me réveillais en sursaut en croyant avoir crié de toutes mes forces. Toute la journée suivante, je restais en état de choc. Autrement, je parvenais à camoufler la volonté d’éviter et l’hypervigilance, mais à un prix énorme en énergie : du coup, je me sentais souvent épuisé. J’ai donc développé des troubles anxieux. À 20 ans, j’ai eu une crise, longue et intense, de syndrome du côlon irritable. Les causes du syndrome du côlon irritable (sci) sont multiples et incertaines, mais on a noté une forte corrélation avec un traumatisme : environ 9 personnes sur 10 présentant le sci ont vécu un traumatisme.
Syndrome du Côlon Irritable (SCI) - Canadian Digestive Health Foundation (cdhf.ca)

Vers mes 40 ans, l’anxiété était devenue trop lourde : je devais faire quelque chose. Après une psychothérapie qui ne m’a guère apporté de soulagement, j’ai participé aux ateliers de La Clé des champs, réseau d’entraide pour personnes avec trouble anxieux. Cela a été salutaire. Vers la même époque, un psy rencontré par hasard (dans un corridor!) m’a posé le diagnostic de sspt. Je lui avais décrit mes cauchemars et il m’avait dit que c’était «dangereux». Il m’a alors donné un petit protocole pour tenter d’éliminer les cauchemars. En gros, lorsqu’on se réveille d’un cauchemar, il s’agit sur le coup de visualiser une fin positive à ce cauchemar. J’ai appliqué ce protocole et cela a fonctionné à merveille. 
Depuis une vingtaine d’années, je ne fais plus de ces cauchemars terribles. Tant sur le plan de la gestion de l’anxiété que sur celui du traumatisme, j’ai grandement amélioré ma condition. Il m’en reste toutefois quelques séquelles et une certaine fragilité. Le diagnostic de sspt a été trop tardif, il est survenu trop longtemps après les événements, pour espérer une guérison totale. Mais je peux assurer qu'il n'est jamais trop tard pour parvenir à éliminer les symptômes les plus pénibles. 
Il y a aussi toujours du bon à tirer de nos expériences de vie, y compris celles qui sont pénibles. Dans mon cas, j'ai fini par devenir pair-aidant pour des personnes souffrant de troubles anxieux, et je suis heureux de pouvoir le faire. 


Le mal n’a pas de visage

Le mal est sans visage.
Enlevez-lui son masque
et il vous apparaîtra aussitôt sous
un autre masque.
Il en a une infinité en réserve...

De cette expérience, une leçon que j’ai tirée est la suivante : le mal n’a pas de visage. C’est même l’une de ses principales caractéristiques. Le mal n’est pas le colonialisme, pas l’esclavagisme, pas le patriarcat, pas l’Occident, pas la guerre, pas le sexisme, pas la grossophobie, pas l’homophobie, pas Vladimir Poutine ni les États-Unis, etc. On se raconte des histoires en croyant pointer le visage du mal. Ces maux que l’on nomme ne sont que des masques, les masques innombrables que prend ce sans-visage. Bloquer tel canal que le mal peut emprunter, et voici le mal se trouver aussitôt un autre canal. Il a d’ailleurs une infinité de canaux à sa disposition. Des fois, il frappe sans aucune raison à travers des gens qui posent des gestes violents complètement arbitraires et gratuits. Notre manière de réprimer le mal est elle-même malicieuse! Les discours dénonçant telle forme que le mal emprunte sont plus souvent qu’autrement eux-mêmes violents. Ces discours très répandus de dénonciation n’hésitent pas à donner dans l’intimidation, le harcèlement, le lynchage. Le discours woke est violent; le discours complotiste est violent, le discours féministe est violent, etc. 

L’intimidation par les pairs qui se fait à l’école se transpose ensuite chez les adultes, sous des formes diverses à commencer par la banale «Il faut jouer du coude pour faire sa place». J’entendais une militante progressiste bien connue déclarer à la télé : «Il faut demeurer en colère, car sinon rien ne changera». B’en oui, cultivons la colère les uns envers les autres et ce sera assurément le paradis sur Terre! «Vous n’êtes pas écœurés de mourir, bande de caves!» écrivait le poète Claude Péloquin. Il semble que non.

Personne n’est à l’abri de cette tentation. Dans les écoles, les filles peuvent être aussi méchantes entre elles que les garçons entre eux : c’est ce qui est poétiquement nommé le bitchage ou bitching. Comme celle chez les garçons, cette intimidation au féminin tend à se poursuivre à l’âge adulte, notamment dans les lieux de travail. Ces dernières années, il y a eu plusieurs cas de femmes harceleuses, notamment des politiciennes. J'avoue avoir été témoin d'un joli nombre d'incidents impliquant des femmes agressives, comme cette dame qui s'en était prise à une autre dans le métro en lui arrachant ses lunettes et en les piétinant avec rage. Édifiant, non? 
 

Le Renard de Sibérie

Renard au Parc de la Visitation (Montréal)
Le biologiste russo-soviétique Dmitri Konstantinovitch Beliaïev (1917-1985) a réalisé des recherches exceptionnelles sur la domestication des animaux. En sélectionnant les individus au caractère doux et amical avec les humains, il a créé une race de Renard domestique, le Renard de Sibérie. C’est le Renard commun, mais en une lignée aussi douce qu’un Chien ou un Chat. En fait, nos Chats et Chiens proviennent aussi de lignées que nous avons sélectionnées pour leur caractère docile et amical.


Ce n’est pas un crime de lèse-majesté de déduire que sur ce point il en va pour les humains comme pour les animaux. Il y a des lignées plus impulsives qui optent facilement pour la violence (de quel que type que ce soit), et il y a des lignées plus paisibles et calmes. Or, à considérer notre histoire, il semble bien que les lignées plus violentes ont été favorisées. Pendant des millénaires, ce fut pour des questions de pure survivance. Mais lorsque est arrivé le temps des civilisations, une certaine sélection avait déjà été opérée. Les innombrables guerres et crimes qui jonchent notre histoire en sont le symptôme. Les lignées douces ont été mises en marge, et il est probable que bon nombre d’entre elles sont éteintes à jamais depuis longtemps. L’agressivité de l’être humain face à la nature est inouïe, notre cruauté face aux animaux aussi. Pourtant, nous nous donnons facilement bonne conscience… et nous continuons.

Victor Orsel: Le Bien, le Mal (1832)

Peut-être qu’au fond de nous, nous désirons vivre dans la paix, la concorde, la fraternité, vivre en harmonie avec la nature aussi. Mais c’est loin au fond de nous. Ainsi, malgré de bonnes intentions, il nous arrive de poser plein de gestes contraires. Certains d’entre nous en ont de la peine, des regrets, de la honte même, mais d’autres non. «Au plus fort la poche!». Le prix de consolation est une paix qui repose avant tout sur des rapports de force, paix bancale, sans cesse contestée, instable et fragile, qui est en fait terrain de luttes incessantes. Quand une force gagne, elle se remet immédiatement en tenue de combat et part guerroyer pour obtenir davantage. Avec des victimes, comme en toute lutte. Quoi qu’on dise, il y a une prime sociale à l’intimidation.

Comment assumer cela? Comment corriger lorsque nos premiers choix vont spontanément et instinctivement vers l’établissement de rapports de force et d’une justice favorable aux plus forts, aux puissants, aux gens qui crient le plus fort? Au lieu de nous obstiner à dénoncer les autres comme coupables, il faudrait que chaque personne se regarde dans le miroir et prenne conscience de son propre penchant vers la violence et la méchanceté. Mais ce n’est pas demain la veille, car c’est bien connu, le coupable est le «blantriarcat»!  

Ce défi, seul l’amour le peut le relever; l’amour et ce qui vient avec : la patience, la prévenance, la bonté, le partage, le respect mutuel… Les petits gestes tout simples d’amour, de bonté et de gentillesse du quotidien sont les fleurs de la vie. Mais n’est-ce pas, quelle vie plate ce serait!

Sources des illustrations: Collection personnelle, sites commerciaux pour les livres suggérés, Wikipédia (Domaine public, PD-US)