Narceus se balade sur ma main! Photo par Lise Daneau |
De quel papillon est cette jolie chenille punk? Photo par Lise Daneau |
J’ai croisé une non moins jolie chenille que je ne me souviens pas avoir déjà vue.
Le magnifique Morio. Dessin de Jacob Hübner (1761-1826) |
Elle est d'un gris presque noir avec des taches orangé foncé. Mais ce qui est amusant : ses poils dorsaux sont réunis en des genres de pics lui donnant une allure punk. Elle aussi a accepté de venir sur ma main. En quel papillon se métamorphosera-t-elle? Elle donne le Morio, un magnifique papillon que l’on voit de temps en temps. Il appartient à la famille des Vanesses, dont les chenilles sont justement «à dards épineux». Le Morio est un migrateur. Comme les autres Vanesses, les ailes du Morio sont puissantes qui lui permettent le vol plané. Le papillon vit près d’un an, ce qui est très rare chez ces insectes habituellement éphémères.
La photo n'est pas floue! Ce Peuplier deltoïde est plein de touffes cotonneuses! Ce sont ses graines qui en sont enveloppées. |
La chenille du Morio affectionne particulièrement les Peupliers, d’où une autre découverte. Depuis mon enfance, je connais ces mousses volantes transportant une petite graine et qui abondent dans l’air au printemps. Mais je ne m’étais jamais demandé quel arbre les produisait. Eh bien, j’ai eu ma réponse de manière spectaculaire! Aux Salines, j’ai observé un grand arbre plein de touffes cotonneuses. Je n’avais jamais vu cela! Cet arbre n’est nul autre que le Peuplier deltoïde, un géant de notre forêt (qui, malheureusement, a une vue courte : environ 60 ans, ce qui est peu pour un arbre). Au printemps, il produit des fleurs en épis rougeâtres – ça, j’en avais déjà vu au sol. Ces épis mûrissent, sèchent et se fendent pour libérer leurs graines entourées de «coton». Nos autres espèces de Peuplier produisent aussi cette «ouate».
Les épis floraux rougeâtres du Peuplier deltoïde (aussi appelé Liard au Québec) mûrissent, sèchent puis libèrent les graines enveloppées d'un coton tout léger. |
Ce n'est pas parce que j'ai étudié en sciences biologiques que j'aime les plantes, les oiseaux, les animaux - y compris les petites bêtes. Au contraire: c'est parce que j'aimais la vie et les êtres vivants que je suis allé étudier en biologie. Ces années ont été intenses, avec de bons et de moins bons aspects: j'en avais discuté dans le livre Musique autiste, alors je vous y réfère, au chapitre Paysages, notamment aux pages 160-162.
Au moment d'entreprendre ces études, je composais depuis déjà quelques années - depuis mes 12 ans en fait. Ce détour par la biologie a contribué à forger ma musique et à faire mûrir ma spiritualité. Sans ce passage, il m'aurait manqué quelque chose. Sans les études musicales entreprises juste après, il m'aurait aussi manqué quelque chose: les moyens techniques de réaliser cette musique de mes rêves - ces moyens, je les ai rencontrés grâce à l'enseignement de Serge Garant dans son cours d'Analyse contemporaine. Néanmoins, au sortir de mes études en biologie, je savais intuitivement que ma musique porterait l'air d'une autre planète: la planète Terre! Celle d'une Terre que les humains aimeraient et chériraient et qu'ils reconnaîtraient comme leur véritable «vaisseau spatial». Un amour qui s'incarnerait en des gestes de bienveillance envers tout ce qui l'habite, y compris les petites bêtes aux allures déconcertantes. C'est là une autre planète car, sur celle où je vis, les humains semblent la subir davantage que l'aimer, toujours en lutte pour imposer et préserver leur prééminence et assouvir leurs instincts de domination sur tout ce qui y vit.
Boisé au Parc Les Salines |
La joie, mais pas le party.
L'énergie, mais pas la domination violente.
Un aperçu du Ciel sur une planète déjà suspendue dans le Ciel, mais pas les Extasy des paradis artificiels.
La bienveillance, mais pas la communion factice à coup de beats binaires et de basses surdimensionnées.
La beauté étrange, mais pas la provocation insignifiante.
L'eau vive, claire et froide d'une source, mais pas le cocktail coloré des émotions préfabriquées.
Je confesse qu'il m'arrive d'avoir honte de ce que fait la musique aujourd'hui: un produit addictif plus qu'un art, et qui chante sur tous les tons l'immorale rengaine «I want to pogne»...
Pour cet été, je vous souhaite une grande dose d’émerveillement sur une autre planète: la Terre!
Sommaire des articles 2022-2023
Autisme. La faille. Première partie : le fardeau
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2022/09/autisme-la-faille-1-de-2-le-fardeau.html
Ma musique. La Sonate locrienne, pour violoncelle et piano (opus 61)
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2022/10/violoncelle-et-piano-sonate-locrienne.html
Spiritualité et histoire. Sorcières et abracadabra / De quelques mythes qui ont la vie dure.
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2022/11/sorcieres-et-abracadabra-de-quelques.html
Ma musique. Florale, pour violon solo (opus 62)
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2022/12/violon-solo-florale-opus-62.html
Spiritualité et histoire. Les Mages et l’Étoile.
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2023/01/les-mages-et-letoile.html
Musique. Dvořák autrement (Première partie)
Chant grégorien. Le rythme, le temps musical.
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2023/03/chant-gregorien-le-rythme-le-temps.html
Autisme. La faille. Deuxième partie : les démons.
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2023/04/autisme-la-faille-2-de-2-les-demons.html
Ma musique. Une Messe pour le Vent qui souffle. Pour orgue (opus 18).
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2023/05/une-messe-pour-le-vent-qui-souffle-opus.html
Autisme. Syndrome de stress post-traumatique et intimidation. Ou Le mal n’a pas de visage.
http://antoine-ouellette.blogspot.com/2023/06/stress-post-traumatique-et-autisme-ou.html