Un petit mot solidaire avant tout...
(et Haydn sera bien d'accord!)
Vous qui me lisez, vous vivez probablement en situation de confinement à cause de la pandémie de covid-19. Je suis de tout cœur avec vous, et j'espère sincèrement que cette période ne vous est pas trop difficile.
La dernière période créatrice de Haydn montre des résonances particulières pour ce temps. Haydn y a exploré le thème de la guerre et de la paix: l'actuel secrétaire général des Nations Unies, António Guterres a exhorté le monde à suspendre les conflits armés en cette période de pandémie (2020). En plus d'être exposés au virus, d'innombrables personnes vivent en situation de grande précarité et d'angoisse à cause des guerres:
https://www.un.org/fr/coronavirus-covid-19-fr/covid-19-les-effets-de-lappel-de-lonu-au-%C2%AB-cessez-le-feu-mondial-%C2%BB
À sa suite, je vous invite à signer cet appel au cesser-le feu:
https://avaaz.org/campaign/fr/global_ceasefire_loc/
Dans ses dernières années, Haydn a aussi exploré le thème de la nature et de l'environnement, dans une grande méditation artistique sur le sujet (voir l'article ci-bas). Il est évident, mais malheureusement pas pour tout le monde, que cette pandémie a profité de notre attitude d'irrespect face à la nature pour se répandre.
https://www.ledevoir.com/societe/environnement/575925/la-destruction-de-la-nature-une-source-de-pandemies
À nouveau. Monsieur Gutteres vient de lancer un appel pressant afin que l'on profite de la pandémie pour revoir complètement notre modèle économique en faisant de l'environnement la priorité:
https://news.un.org/fr/story/2020/04/1067652
Paix, écologie et avenir vont définitivement ensemble. D'autant plus que, pendant ce temps, l'année 2020 s'annonce comme une des plus chaudes jamais enregistrées au niveau planétaire, sinon même la plus chaude, et cela malgré l'arrêt de plusieurs activités industrielles polluantes:
https://www.ledevoir.com/societe/environnement/577875/l-annee-2020-sur-la-voie-des-records-de-chaleur
Recommencer comme avant est suicidaire. Là encore, nous pouvons agir en tant que citoyens. De nombreux moyens existent. Haydn aurait assurément signé cet engagement d'artistes pour le climat, engagement que j'ai signé:
https://www.cadencerompue.fr/
Il faut faire de ce temps une occasion de changement. Ne la ratons pas, car il y a déjà eu beaucoup trop d'occasions ratées!
Le Projet Haydn (10). La Période verte (1795-1809). Deuxième partie.
Haydn et le Cosmos
(et Haydn sera bien d'accord!)
Vous qui me lisez, vous vivez probablement en situation de confinement à cause de la pandémie de covid-19. Je suis de tout cœur avec vous, et j'espère sincèrement que cette période ne vous est pas trop difficile.
La dernière période créatrice de Haydn montre des résonances particulières pour ce temps. Haydn y a exploré le thème de la guerre et de la paix: l'actuel secrétaire général des Nations Unies, António Guterres a exhorté le monde à suspendre les conflits armés en cette période de pandémie (2020). En plus d'être exposés au virus, d'innombrables personnes vivent en situation de grande précarité et d'angoisse à cause des guerres:
https://www.un.org/fr/coronavirus-covid-19-fr/covid-19-les-effets-de-lappel-de-lonu-au-%C2%AB-cessez-le-feu-mondial-%C2%BB
À sa suite, je vous invite à signer cet appel au cesser-le feu:
https://avaaz.org/campaign/fr/global_ceasefire_loc/
Dans ses dernières années, Haydn a aussi exploré le thème de la nature et de l'environnement, dans une grande méditation artistique sur le sujet (voir l'article ci-bas). Il est évident, mais malheureusement pas pour tout le monde, que cette pandémie a profité de notre attitude d'irrespect face à la nature pour se répandre.
https://www.ledevoir.com/societe/environnement/575925/la-destruction-de-la-nature-une-source-de-pandemies
À nouveau. Monsieur Gutteres vient de lancer un appel pressant afin que l'on profite de la pandémie pour revoir complètement notre modèle économique en faisant de l'environnement la priorité:
https://news.un.org/fr/story/2020/04/1067652
Paix, écologie et avenir vont définitivement ensemble. D'autant plus que, pendant ce temps, l'année 2020 s'annonce comme une des plus chaudes jamais enregistrées au niveau planétaire, sinon même la plus chaude, et cela malgré l'arrêt de plusieurs activités industrielles polluantes:
https://www.ledevoir.com/societe/environnement/577875/l-annee-2020-sur-la-voie-des-records-de-chaleur
Recommencer comme avant est suicidaire. Là encore, nous pouvons agir en tant que citoyens. De nombreux moyens existent. Haydn aurait assurément signé cet engagement d'artistes pour le climat, engagement que j'ai signé:
https://www.cadencerompue.fr/
Il faut faire de ce temps une occasion de changement. Ne la ratons pas, car il y a déjà eu beaucoup trop d'occasions ratées!
* * *
Le Projet Haydn (10). La Période verte (1795-1809). Deuxième partie.
Haydn et le Cosmos
Cet article est le dixième d’une série dans laquelle je vous initie
à l’art de Joseph Haydn. Pourquoi Haydn? Tout
simplement et subjectivement parce qu’il est mon compositeur préféré tous
styles et époques confondus! Mais attention : il y a mon goût, il y a
aussi la matière et celle que nous offre Haydn est d’une richesse rare.
Le premier article situait le génie du compositeur :
Le second article situait les «massifs» des genres musicaux qu’il a
pratiqué sa carrière durant :
Le troisième article portait sur sa première période créatrice, que
j'ai nommée Période bleue (des débuts jusqu’en 1766):
Le quatrième article portait sur sa seconde période créatrice, que
j’ai nommée Période mauve (1766-1773) :
Les cinquième et sixième portaient sur sa troisième période
créatrice, que j’ai nommée Période rose (1773-1784) :
Les septième et huitième articles présentaient
la Période rouge
(1784-1795)
http://antoine-ouellette.blogspot.ca/2018/01/https://antoine-ouellette.blogspot.com/2018/03/le-projet-haydn-8-sept-paroles.html
Le neuvième article discutait de la Période verte (1795 au décès de Haydn). Le présent article en est la suite.
https://antoine-ouellette.blogspot.com/2019/09/projet-haydn-9-periode-verte-premiere.html
Symphonies
élargies,
symphonies cosmiques
Les Saisons: une version exceptionnelle! |
Dans cette
ultime période (1795-1803), il peut sembler surprenant que Haydn n’ait plus
composé de symphonies, lui qui avait été un champion du genre. C’est que le
gros de ses forces a été consacré à des «symphonies élargies», à savoir six
Messes (de structure symphonique) et ses deux oratorios sur les textes
allemands du Baron van Swieten : La Création (1798) et Les saisons (1801).
Ces deux oratorios nécessitent le plus grand orchestre que Haydn ait demandé, avec
piccolo, contrebasson et trombones qui s’ajoutent – en plus des clarinettes
déjà présentes dans certaines des symphonies londoniennes. Mieux encore, Les
Saisons est véritablement une immense symphonie avec voix, en quatre
mouvements, chacun représentant une saison : le Printemps est un Allegro
(qui s’ouvre sur une page d’orchestre tumultueuse); l’Été est un mouvement
lent; l’Automne, un éblouissant scherzo (avec des parties incroyables de cors
et une «fugue ivre» presque bitonale!); l’Hiver est un grand Finale.
La Création: une version de référence |
Heinrich
Schütz, le pionnier du baroque allemand, avait donné des Symphonies sacrées
mariant voix et instruments. Mais le mot «symphonie» avait alors un tout autre
sens que celui qu’il prendra au XVIIIe siècle. Vers le milieu de ce dernier
siècle, le mot allait désigner une œuvre instrumentale en quelques mouvements
(généralement trois ou quatre) destinée à un orchestre. Cet orchestre pouvait
être un orchestre à cordes, mais il a rapidement intégré des bois aussi, des
cuivres et les timbales. L’instrumentation pouvait quelque peu varier d’une
symphonie à l’autre chez un même compositeur. Par exemple, bon nombre de
symphonies de Haydn n’emploient ni les trompettes ni les timbales; et bon
nombre encore limitent les bois à deux hautbois et deux cors, avec un ou deux
bassons. Nous sommes très loin des orchestres de type wagnérien, et le
gigantisme orchestral ne s’imposera qu’au XIXe siècle.
Beethoven
sera le premier classique à intégrer des voix dans une œuvre intitulée
Symphonie (en fait, le second puisque Josef Martin Kraus l’avait déjà fait dans
sa Symphonie funèbre de 1792 – chœurs optionnels en fait et malheureusement
omis dans plusieurs interprétations), mais Haydn, lui, n’avait carrément plus
composé de symphonies purement instrumentales pour créer plutôt des messes et
des oratorios symphoniques venus couronner sa production orchestrale avec
l’intégration des voix solistes et des chœurs. Il y a lieu de se demander si,
avoir pu continuer à composer, Haydn serait revenu à la symphonie purement orchestrale. En tout cas, aucun
projet de ses dernières années ne l’indique.
Un télescope géant de William Herschel, 1789 |
Je cite mes
propos tirés du livre Le chant des oyseaulx : «Au pinacle de son art et de
sa célébrité, Franz Joseph Haydn (1732-1809) convoque toutes les ressources du
classicisme tardif dans un diptyque monumental. Ses deux oratorios - l’un
religieux : La Création
(1798), l’autre profane : Les Saisons (1799-1801) – découlent d’une écoute
intégrale, harmonieuse du monde et de la vie; une écoute fermement fondée sur
la conviction que le cosmos résonne d’un ordre divin et d’une beauté supérieure
à laquelle participent tous les êtres. Haydn aurait voulu poursuivre avec un
troisième volet, basé sur l’Apocalypse, mais le déclin de sa santé et de ses
forces l’en a empêché. Cette grande méditation cosmologique en est donc aussi
une sur le temps : le temps mythique de la création, le temps de la vie et
de la mort des vivants sur Terre et le temps restauré de la parousie. Outre sa
foi religieuse simple et forte, une des sources d’inspiration pour ces œuvres
pourrait avoir été la visite qu’il a rendue au célèbre astronome Sir William
Herschel en 1792 lors de son premier grand séjour à Londres. Celui qui avait
découvert la planète Uranus en 1781 fit l’honneur au musicien de le laisser
contempler le ciel étoilé dans son télescope géant (Geiringer, 1984; 105). À
l’époque, une telle expérience était loin d’être banale!
Herschel, aussi compositeur à ses heures |
Souvent vu
comme une suite de scènes pittoresques de la vie paysanne, Les Saisons est en
fait une œuvre complexe qui parle aussi de la fragilité de la vie. La mort
rôde : elle fait irruption avec celle de l’oiseau, frappé en plein vol par
les balles des chasseurs (numéro 24); suivront celle des lièvres et du cerf
abattus par les mêmes chasseurs (numéros 24 à 26), celle, métaphorique, de la
nature lorsque l’hiver arrive : «La terre est à présent un tombeau»,
chante un paysan (numéro 31). Celle de l’homme finalement : un voyageur
égaré dans la tempête hivernale y échappe de peu qui a repéré à temps la faible
lumière d’une maison où il trouvera refuge (numéro 32). Mais ce n’est que
partie remise, comme le rappelle ce passage du livret : «Ton court
Printemps est flétri, la force de ton Été est épuisée; déjà se fane l’Automne
de ton âge; déjà s’approche le pâle Hiver, et te montre ton tombeau ouvert (…).
Où sont donc les projets ambitieux, les espoirs de bonheur, la quête d’une
gloire futile? Ils ont disparus comme un rêve». La musique est des plus
expressives (numéro 38) : c’est bien à lui-même que songeait Haydn en
l’écrivant (Vignal, 1988; 1420). L’oratorio se termine par une vision de
l’Au-delà, prélude au troisième volet projeté du cycle».
Superbe version sur instruments d'époque |
La présence
du thème du voyageur me permet de rappeler une observation. L’héritier immédiat
de Haydn ne fut pas du tout Beethoven, mais bien Franz Schubert, le compositeur
du cycle de lieder Le Voyage d’hiver. La Symphonie #5 de Schubert semble
calquée sur la Symphonie #77 de Haydn : même tonalité (si bémol majeur),
même légèreté du traitement orchestral, même ton suave du mouvement lent, etc.
Pour sa
part, l’oratorio La Création est basé sur le récit de la Genèse, le premier
livre de la Bible. Le Chaos initial est dépeint dans une longue introduction
orchestrale, une page exceptionnelle qui a fait couler des flots d’encre et
réjouit d’innombrables analystes de la musique! Même le bouillant Beethoven
n’avait rien écrit de semblable, ni n’en écrira d’ailleurs – sans grand
intérêt, son oratorio Le Christ au Mont
des Oliviers (opus 85, 1801) ne supporte vraiment pas la comparaison avec
les deux oratorios allemands de Haydn.
Les saisons: vision de sainte Hildegarde von Bingen |
Des
auditeurs ne souscrivent pas à la foi jaillissant de La Création. Dans ce cas,
je pourrais suggérer que cette œuvre est l’oratorio de l’émerveillement;
émerveillement devant la Nature et toutes les formes de vie. Tout est évoqué ici :
les éléments (lumière et feu, terre, air, eau), les astres (les étoiles, le
Soleil), la vie (plantes, oiseaux, baleines et autres animaux depuis les
insectes jusqu’au lion, l’être humain). Tout est évoqué donc, avec une imagination
constante. Par exemple, la fécondité l’est par des harmonies étranges aux
cordes graves divisées, couleur instrumentale inouïe. La musique unit
constamment le populaire et le savant, avec de splendides fugues, le
pittoresque descriptif et le grandiose, la simplicité et la complexité. Oratorio
de l’émerveillement donc, et non un oratorio dramatique. Oratorio qui vient
secouer nos désenchantements, nos regards blasés et revenus de tout.
Passe-temps
écossais
Drapeau de l'Écosse |
George Thomson, par Henry Raeburn (1823) |
Un projet
colossal, donc :
Chansons
écossaises, pour George Thomson (1800-1804) : 148 arrangements et 6 séries
de variations.
Chansons
gaéliques, pour George Thomson (1803-1804) : 60 arrangements.
Chansons
écossaises, pour William Napier. Deux cahiers : I (1792) : 100
arrangements; II (1795) : 50 arrangements.
Chansons
écossaises, pour William Whyte (1802-1804) : 65 arrangements.
Pour un
total de 423 arrangements et 6 séries de variations! Des interprètes ont
enregistré des choix parmi ce monument, le temps d’un disque. Mais entre 2003
et 2008, une équipe en a enregistré l’intégralité : Lorna Anderson
(soprano), Jamie MacDougall (ténor), avec le Trio Eisenstadt (Harald Kosik,
piano; Verena Stourzh, violon; Hannes Gradwohl, violoncelle). Une somme de 18
disques compacts! Éditée par la maison Brilliant Classics, elle est disponible
sous deux formats : en six volumes séparés (contenant entre un et cinq
disques), de même qu’en un seul coffret complet.
Bien sûr, il
ne faut pas chercher ici du Haydn essentiel. Ces œuvres témoignent d’abord de
la richesse de la chanson au Royaume-Uni au tournant des XVIIIe et XIXe
siècles; elles témoignent aussi de la pratique entre amis et pour le simple
plaisir de la musique à l’époque. Néanmoins, Haydn y a mis son grain de sel qui
ajoute au charme de ces chansons! L’arrangement le plus surprenant est celui de
David of the White Rock (pour
Thomson). Là, Haydn demande explicitement que le violon et le violoncelle
(c’est spécifié cette fois) jouent uniquement en pizzicato, en cordes
pincées : ce traitement évoque la harpe des bardes pour une chanson qui,
justement, raconte la mort d’un barde. Cette page rejoint l’extrême originalité
des œuvres de Haydn pour Trio (violon, violoncelle et piano).
Avant cela,
Haydn avait composé un certain nombre de lieder (chansons, en allemand) pour
voix et piano. Un groupe de 12 lieder fut publié en 1781 et un autre groupe de
12 en 1784. Comme il en ira pour les arrangements écossais, la partie de piano
est sur une seule ligne : la basse (main gauche) et des accords chiffrés
pour la main droite : c’est donc au pianiste de réaliser la main droite,
ce qui se faisait par l’improvisation en lien avec la ligne vocale. En 1794,
Haydn publie Six Original Canzonettas,
sur des poèmes en anglais, groupe qui sera suivi en 1795 par le Second Set of VI Original Canzonettas.
Dans ces douze pièces, la partie de piano est entièrement écrite, ce qui les
rapproche du lied romantique, d’autant plus que le poème et l’atmosphère de
certains de ces lieder entrent dans l’univers romantique. The Wanderer (Le voyageur)
est très proche de Schubert qui exploitera le thème du voyage et de l’errance.
Haydn a aussi laissé une quinzaine de lieder isolés, sur des textes italiens,
allemands et anglais. En dépit des qualités de ces œuvres, Haydn n’a pas
réellement mené le lied à sa maturité, ni d’ailleurs Mozart ou Beethoven. Il
faudra attendre l’optique plus littéraire du Romantisme pour ce faire, et la
génération de Franz Schubert (1797-1828) et Carl Loewe (1796-1869).
Le héros d’un
grand roman
George Sand, par Charles Louis Gratia (c. 1835) |
Telles
furent les dernières années d’un authentique génie. Car génie Haydn fut.
Compositeur d’une œuvre immense, inventeur infatigable de formes et de genres,
explorateur de nouveaux instruments, musicien constamment inspiré… Il ne lui
manque rien pour figurer parmi les plus hauts noms de la musique occidentale de
l’époque baroque-classique-romantique, à l’égal des Bach, Mozart, Beethoven et
quelques rares autres. Et pourtant, bien peu de mélomanes et même de
musicologues lui rendent justice. Que lui manque-t-il donc? C’est idiot, mais
il lui manque une «biographie mythique»! Nous aimons nous représenter les
génies comme des êtres tourmentés en lutte perpétuelle contre leur époque et
dans la vie desquels nous trouvons des événements spectaculaires qui enflamment
l’imagination. Haydn subverti ces clichés. À part son enfance pauvre, à part
son adolescence et un début de vie adulte difficiles, à part deux voyages en
Angleterre, voici un «génie tranquille» qui a mené une vie toute entière
consacrée à son art. Cela devrait suffire. Surtout face à une œuvre aussi riche
et marquante! Là devrait être l’essentiel pour qui aime l’art. Pourtant à
nouveau, Haydn a été fait héros d’un roman. Il tient un rôle majeur dans
Consuelo (1841-44) de George Sand – immense roman en deux parties :
Consuelo et La Comtesse de Rudolfstadt. Il fallait peut-être une femme (car
George Sand était le nom d’artiste d’Aurore Dupin, 1804-1876) pour percevoir la
véritable grandeur de Haydn en plein âge romantique – l’écrivaine a été la
conjointe de Frédéric Chopin. Bien documenté, le portrait qu’elle en trace est
tout à fait crédible.
Un dernier mot sur les «dernières œuvres»
Trop de musiciens et de musicologues ne considèrent que ses «dernières œuvres» - qu’ils n’apprécient guère mieux que les précédentes et que souvent ils connaissent peu : dans ces «dernières œuvres», ils louent ce qui leur semble mener à Beethoven et au Romantisme. Mais c’est là de l’étroitesse d’esprit. Le génie de Haydn était tout aussi présent dans ses «premières œuvres»! Haydn n’est pas un musicien du pathos; il n’est pas non plus un «humoriste en musique» : sans nier cet humour musical particulier qui était le sien, ce sont ses mouvements lents qui ont le plus impressionné ses contemporains, des moments de pure poésie sans lesquels sa musique ne serait pas ce qu’elle est. Haydn, c’est la profondeur dans les apparences de la simplicité; c’est la complexité et la sophistication derrière le populaire; c’est l’art qui cache l’art. Avec une biographie sans feux d’artifice. Haydn nous oblige à aimer la musique pour elle-même : il nous place face à elle et à elle seule. C’est probablement là où Haydn nous dérange : nous peinons à apprécier la musique sans le support du visuel, de l’anecdote ou de l’exhibitionnisme émotionnel. Haydn nettoie, décape et purifie l’audition.
Sources des illustrations: Wikipédia (Domaine public, PD-US) et sites commerciaux pour les pochettes des disques recommandés.