Comme un ciel d'automne... (opus 20)
Pour orchestre symphonique (opus 20; 1995)
Je retranscris ici l'introduction de la partition. Comme un ciel d'automne
s'inspire des souvenirs d'une visite impressionnante dans la réserve
faunique de Cap Tourmente, située non loin de Québec, en bordure du
fleuve Saint-Laurent. C'était en octobre lors de la migration des Oies
des neiges. Visions inoubliables: les lieux, les oiseaux par milliers,
leur symphonie puissante, les odeurs, ce ciel contrasté, à la fois
ensoleillé et orageux, dans lequel une volée d'Oies migratrices
traversèrent un arc-en-ciel! Comme un ciel d'automne est aussi un
témoignage d'amitié. À la fin d'août 1994, un ami, le compositeur et
organiste Raynald Arseneault, m'avait demandé de lui composer un thème
en vue d'une improvisation qu'il devait donner deux mois plus tard sur
son orgue de l'église Saint-Marc-de-Rosemont à Montréal. Après en avoir
pris connaissance, Raynald m'a remercié pour ce thème, le trouvant très
beau. Il entrevoyait alors une improvisation toute en lumière et en
sérénité. Malheureusement, déjà sérieusement affecté par la maladie qui
allait l'emporter quelques mois plus tard (le sida), Raynald n'a pu
réaliser ce projet, et l'improvisation fut confiée à un autre
organiste... Le thème a continué à vivre en moi. Les moments passés avec
Raynald à la fin de son périple sur Terre, puis son départ, m'ont donné
l'impulsion pour composer Comme un ciel d'automne, qui est un chant de migration. L’œuvre est donc dédiée à la mémoire de Raynald, en témoignage d'amitié.
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Le Cap Tourmente (Photo: Antoine Ouellette)
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Comme un ciel d'automne comprend cinq grandes sections enchaînées, avec un Interlude agité. Les sections 1, 3 et 5 sont lisses et axées sur la mélodie principale mise en divers «environnements» sonores. Les sections 2 et 4 sont plus «éclatées», peut-être à l'image de cette immense volée d'Oies au travers de l'arc-en-ciel. À chaque section, la «tonalité» monte d'un degré: la section est en Sol (modal), la section 2 en La plus ou moins majeur, la section 3 en Si bémol «mineur», la section 4 en Do «mineur», et la section 5 en Ré «majeur» - je mets les mots majeur et mineur entre guillemets parce que cette musique est modale et non tonale. À Cap Tourmente, un sentier permet de gravir le Cap: la musique s'inspire ainsi de cette ascension. Parmi les percussions pour cette pièce se trouve un Bâton de pluie («Rain stick»).
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Timbre soviétique avec Oies des neiges
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En juillet 2020, j'ai retouché Comme un ciel d'automne
(opus 20), datant de 1995. Je pensais revenir à cette œuvre depuis
longtemps car, à mon souvenir, il y avait là quelques maladresses à
«nettoyer». La pandémie m'en a donné l'occasion. C'était la première
fois que je composais pour un orchestre symphonique. Avec l'expérience
acquise depuis, j'étais certain que la partition contenait quelques
«effets de filtres», c'est-à-dire des passages où les plans ne sont pas
parfaitement équilibrés, où l'arrière-plan est trop fort et masque
l'avant-plan. À la relecture en juillet 2020, j'ai été agréablement
surpris: les problèmes ne nécessitaient pas que je réécrive au complet
certains passages, ni encore moins la partition dans son entier. J'ai
donc pu apporter les modifications directement dans le manuscrit, sans
détériorer son aspect visuel. Toutefois, comme je m'y attendais, il y
avait quelques effets de filtres à corriger. Le plus souvent, j'ai pu le
faire en modifiant les dynamiques, par exemple en mettant mezzo-forte
un trait qui était marqué forte. Ici et là, mais en peu d'endroits, j'ai
dû changer des notes: en éliminer ou en ajouter selon le cas. J'ai
aussi précisé la répartition des percussions pour les quatre musiciens
qui en jouent. Je me suis aperçu que la pièce était en fait un peu plus
longue que je ne l'avais écrit dans le manuscrit en 1995: 13-14 minutes
au lieu de 11.
La pièce est un peu
«sauvage», comme souvent ma musique pour orchestre - le pan «chamanique»
de mon œuvre.
Sources des illustrations: Collections personnelles, Wikipédia pour le timbre (Domaine public, PD-US)