Catalogue des œuvres
Introduction à la nouvelle version.
Il me fait plaisir de vous offrir une nouvelle version du Catalogue de mes œuvres musicales. Je l'ai conçu pour que votre recherche soit plus simple selon ce que vous recherchez: musique pour instrument solo, musique de chambre, musique orchestrale, musique vocale et chorale, etc.
C'est ici:
Explorez-le et allez à la découverte!
De mes fenêtres ouvertes sortait une étrange musique: «C'est très beau!» dit un passant qui s'arrêta quelques instants. |
Voilà. Quand elle est jouée, ma musique crée son monde et, habituellement, plusieurs l’apprécient. Mais voilà encore, rarement elle est jouée (du moins à ce que je sache). Les interprètes semblent déstabilisés : sur partition, ils voient des mélodies, des harmonies, des rythmes, tout cela semble familier et, pourtant, cela même se dérobe à eux. Si vous saviez combien de commentaires plates j’ai reçus et combien il y a eu de promesses rompues – je ne les compte plus depuis longtemps! Les responsables des organismes de musique classique hésitent aussi, pour une autre raison: c'est que ma musique n'est pas une «Belle de concours» qui vient avec un beau chou «Premier Prix». La mienne n’a seulement jamais concouru. Cela ne signifie rien pour moi, je ne suis en compétition avec personne : je crée mon univers, et personne d'autre ne peut créer celui-là. Cet univers est signé - je persiste et je signe! J'y partage une vision du monde ou, plutôt, une écoute du monde. Pour des précisions sur ma poétique musicale, je vous réfère à ces deux articles:
Je
peux reprendre à mon compte ces paroles d’Anton Bruckner, compositeur
autrichien (1824-1896) dont la musique était, elle aussi, comme un ovni en son
temps : «On veut que je compose autrement. Je pourrais bien aussi, mais je
ne dois pas. Dieu m’a distingué entre des milliers, et m’a donné ce talent à
moi, justement à moi. Je devrai un jour lui en rendre compte. Comment
pourrais-je me présenter devant le Seigneur si j’ai obéi aux autres et pas à
Lui?». Depuis mes 12 ans alors que j’ai commencé à composer, je
ressens une force qui me dicte d’avancer, un élan qui est aussi un devoir
moral, celui de composer une musique, une seule : celle qui provient de ce
qui a été déposé en la petite personne que je suis.
Je peux aussi écrire comme saint Jean-de-la-Croix dans
La Nuit obscure :
C’est ma contribution à la beauté du monde, et il me semble justement que ce monde est en manque de petites oasis de beauté. J’ai été triste en lisant ces mots du réalisateur québécois Xavier Dolan qui, après un départ en lion, a annoncé en juillet 2023 mettre fin à sa carrière de réalisateur, à l’âge de 34 ans, en disant : «Je ne comprends pas l'intérêt d'essayer de raconter des histoires quand tout s'écroule autour de soi (…). Je vais construire une maison et y aller avec mes amis pour me réfugier et regarder le monde brûler». Je sais que Dolan avait connu quelques déceptions au cours des dernières années, mais cela me semble abdiquer facilement devant une adversité bien relative – mais peut-être est-ce là l’effet d’avoir été autant encensé si jeune?
Pour ma part, l’état du monde ne m’a pas mené à la démission. Dès 1987 avec Paysage (pour quatre pianos, opus 10), je poétisais en musique ma vision d’un monde fondé sur l’harmonie entre tous les êtres vivants. Le travail sur Paysage fut exactement contemporain des premières alertes de scientifiques sur les gaz à effet de serre et les bouleversements climatiques à venir. Jouée en 1990, cette œuvre (que je considère toujours comme l’une de mes plus accomplies) a été longuement ovationnée. Comme il m’arrivera souvent par la suite, cette réception est demeurée sans lendemain. Absurde mais significatif à la fois de ma difficulté à me «vendre» et de la surdité du monde qui préfère dominer la Terre (et qui donc préfère une musique exprimant cette domination) plutôt que se joindre à une Terre harmonieuse (même symboliquement à travers, par exemple, la musique de Paysage). Le miroir est parfait: écologiquement parlant, l'humanité est accro au consumérisme; musicalement parlant, l'humanité est dopée aux «substances sonores» addictives de la musique pop[uliste]. Le consumérisme étouffe la Terre; la musique pop[uliste] étouffe toutes autres musiques tel un chiendent impitoyable. Avant la section conclusive, très paisible, Paysage fait entendre un sommet sonore presque apocalyptique : dès les années 1980, je savais, par intuition, que l’humanité fonçait tête première dans un mur écologique, et que rien ne pouvait désormais changer cette trajectoire. Rien de plus sourd qu’un monde qui ne veut entendre.
Évidemment, je préférerais que ma musique soit partagée. Je sais qu’elle apporterait du bonheur et un petit quelque chose d’impalpable qui n’est pas de l’ordre du quotidien. Je n’ai pas tous les talents et celui qui me manque est l’habileté à diffuser ma musique. Je rêve donc toujours de rencontrer un musicien ou une musicienne qui serait mon alter ego en interprétation et qui ne se laissera pas intimider par personne. Ce miracle se produira-t-il un jour? Je jette ce vœu dans la fontaine de Trévi.
Mais c’est plus fort que moi, je poursuis ma route,
à ma table de travail et à mon piano. Quelquefois, lorsque mes fenêtres sont
ouvertes, il arrive que quelqu’un passe les oreilles ouvertes et dise «Que
c’est beau!», et mon bonheur est fait.