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samedi 1 avril 2023

AUTISME. LA FAILLE (2 DE 2) / LES DÉMONS

AUTISME : LA FAILLE (2 de 2)

Deuxième partie : les démons.



1. Fragilités anxiogènes
2. S'empoisonner à l'anxiété chronique
3. Tyrannie
4. Traîtres
5. Démons et possédés

Dans cet article, l'expression «personne autiste» sous-entend «personne ayant un diagnostic d'autisme». Voir:

 
Peu avant la pandémie de covid-19, une étude britannique avait conclu que la plus grande partie de l’anxiété éprouvée par les personnes autistes provient des situations de harcèlement, de discrimination et de stigmatisation qu’elles vivent dans la société.

Edvard Munch: Anxiété (1894)

Sur le coup, je m’étais dit que cette conclusion avait du bon sens. Les enfants et plus encore les adolescents autistes sont à risque de subir de l’intimidation scolaire. De nombreux adultes autistes témoignent avoir subi diverses formes de discrimination dans le monde du travail. Tout cela est connu et documenté. Bref, cela semblait coller. Retenez cette idée: j'y reviendrai dans l'article du mois de Juin qui portera sur le stress post-traumatique.

Mais, à bien y repenser, cette étude négligeait un point important. Chez les autistes, l'anxiété s’exprime dès la petite enfance, à un âge trop précoce pour pouvoir être expliqué par de la stigmatisation. Les crises et les colères des enfants autistes sont légendaires – même les miennes l’étaient et, Dieu merci, elles étaient rares! Quelques fois, ces crises s’accompagnent de gestes d’automutilation très troublants – ce qui ne fut pas mon cas. Bref, oui il y a une composante sociale, mais cette dernière ne doit pas occulter la composante intrinsèque. C'est sur cette dernière composante que la personne autiste peut travailler le plus facilement afin d'améliorer sa qualité de vie.


Fragilités anxiogènes

C’est donc que l'anxiété des autistes provient d’eux-mêmes en tout premier lieu. Comme tel, l’autisme n’est pas un trouble anxieux. Mais l’intelligence autistique possède certains traits qui sont susceptibles de favoriser l'anxiété. Je n’en nomme que quelques-uns qui n’apprendront probablement rien à personne.

1) Les hypersensibilités sensorielles touchent quasiment tous les enfants autistes - bruits, éclairages, odeurs, touchers et / ou goûts : ces sensations disproportionnées s’accumulent et peuvent ainsi causer des surcharges; l’anxiété monte parallèlement à la surcharge, jusqu’au point d’explosion sous forme de crise ou de colère violentes.

La fréquence de nombreux troubles,
comme les troubles du comportement
alimentaires, est nettement plus grande
chez les autistes.
(United States Department of Health and
Human Services: PD-US)

2) Les enfants autistes tiennent à leurs rituels et à leurs intérêts; or vient un moment où l’enfant doit les quitter pour faire autre chose. Parallèlement, l’enfant a tendance à développer une aversion et une grande angoisse face aux changements et aux imprévus dans son environnement et dans son horaire, c’est-à-dire à ce qui vient interférer avec ses rituels et intérêts. Là encore, avec le temps, la frustration s’accumule, l’anxiété aussi, jusqu’à la crise.

3) La maladresse motrice est bien connue, notamment chez les Asperger. Dans la vie courante, cette maladresse peut être source de plein de petites frustrations qui s’accumulent, et avec elles l’anxiété aussi, jusqu’au point de débordement. La maladresse sociale constitue, elle aussi, une autre source de frustrations.

4) Les personnes autistes peinent à avoir une image pleine d’eux-mêmes. Sur ce plan, l’image du casse-tête que l’on associe souvent à l’autisme est plutôt juste. Les personnes autistes perçoivent des fragments, mais le temps est long qu’il faut mettre pour en arriver à l’image complète et consciente. Je peux témoigner du fait qu’enfant, ma voix sonnait étrangère à mes oreilles, comme celle de quelqu’un d’autre. Aussi, je me reconnaissais mal dans l’image de moi que me renvoyait un miroir, comme si c’était une autre personne. Cette perception de soi pointilliste est source d’anxiété en elle-même. Chez plusieurs d’entre nous, la perception que nous sommes des êtres sexués, de même que le fait que notre corps change grandement à l’adolescence, tout cela peut être la source d’une anxiété extrême; des autistes refuseront carrément cette réalité et tiendront, par exemple, à se dire «non binaire», ce qui les rassure… temporairement et partiellement. Sans surprise, les autistes sont largement surreprésentés dans le discours tenant de la «théorie du genre». Sans surprise non plus, les autistes sont surreprésentés parmi les personnes affectées de troubles du comportement alimentaire : empêcher son corps de changer, conserver le corps que nous avions à l’enfance, refuser la maturité.

Tout cela s’additionnant, l’enfant autiste est donc généralement plus anxieux que l’enfant non-autiste. Pas nécessairement beaucoup, mais au moins un peu.

Edvard Munch: Le cri (1893)

Malheureusement, l’enfant autiste a fortement tendance à accumuler tout cela en silence et sans que ce ne soit visible. Puis vient une petite goutte d’eau qui fait déborder le vase, et c’est une crise disproportionnée par rapport à la goutte d’eau! Mais il faut comprendre qu’il y avait eu une longue accumulation précédemment et que l’enfant était déjà saturé.

Le problème est justement cette accumulation silencieuse. L’idéal est donc d’aider et de guider l’enfant à ventiler rapidement ce qui le frustre ou le surstimule. Mais malheureusement encore, l’enfant autiste est rarement du genre à verbaliser de telles choses. Il est même très possible qu’il ne sente pas cette accumulation en train de se faire. Quand je me suis attaqué à mes troubles anxieux, j’ai réalisé que je sentais de l’anxiété en moi au moment où celle-ci était déjà très élevée, alors que je ne la ressentais qu’à peine ou pas du tout lorsqu’elle était faible, modérée ou même élevée. Pourtant, j’étais adulte à ce moment. Alors si on m’avait demandé, enfant, «Antoine, te sens-tu anxieux?», il est très probable que j’aurais répondu que non! De plus, j’ai commencé à parler tôt (je suis Asperger); or, une majorité d’enfants autistes ont un délai dans l’usage de la parole, délai qui peut se compter en années : la parole vient à 6, 8, 10 ans ou plus tard encore – dans de rares cas, elle ne viendra jamais.


S’empoisonner à l’anxiété chronique

Très honnêtement, j’avoue ne pas avoir de solutions magiques pour aborder l’anxiété de manière efficace avec un enfant autiste. Je pense qu’il faut voir cas par cas. Plus un enfant présente de «troubles associés», plus la gestion de l’anxiété risque d’être compliquée et longue. Peut-être que les «nouveaux principes pour soutenir une autre intelligence» que Laurent Mottron a proposé dans son deuxième livre pourront apporter des pistes d’aide efficaces (L’intervention précoce pour enfants autistes; Bruxelles : Éditions Mardaga, 2016).

Les troubles anxieux sont des poisons
qui perturbent la perception et la lucidité. 

Mais! Mais à l’adolescence ou à l’âge adulte (il n’est jamais trop tard pour bien faire), je suis convaincu que la personne autiste gagne à se mettre à la tâche et à apprendre à mieux gérer son anxiété. De nombreux moyens existent : certains valent pour des situations ponctuelles précises (attendre dans une file, être dans une fête, être passager dans une auto, etc.); d’autres moyens, beaucoup plus rares, permettent d’abaisser le niveau d’anxiété à moyen et long terme. Cela vaut pour presque toutes les personnes autistes. Cela est bien aussi pour les non-autistes, mais les troubles anxieux sont clairement plus fréquents chez les autistes. Je dirais même que, pour les autistes, cet apprentissage est un prérequis essentiel pour se sentir simplement bien avec soi et avec les autres. À cette fin, j'ai collaboré à la création d'un outil publié par La Clé des champs: le cahier Approche globale pour personnes autistes / La clé pour maîtriser ses troubles anxieux. Pour infos: https://lacledeschamps.org/

Il faut le comprendre : les troubles anxieux sont un poison. Un poison qui envahit la personne dans son esprit et dans sa vie. Des personnes peuvent dire : «Je suis anxieux parce que je suis lucide sur l’état du monde!». Mais en réalité, les troubles anxieux sont loin d’apporter de la lucidité. C’est tout le contraire : les troubles anxieux apportent des distorsions dans notre perception du monde et des autres. Ces distorsions nourrissent l’anxiété qui nourrit les distorsions en une boucle sans fin.

Un outil que j'ai réalisé en
collaboration avec 
https://lacledeschamps.org/

Je connais quelques personnes autistes qui trichent! Elles ne se sentent pas si anxieuses et ne trouvent pas la vie si difficile, mais c’est qu’elles évitent les situations, nombreuses, qui leur causent de l’anxiété. La vie étant ce qu’elle est, l’évitement n’est jamais une solution : ce qu’on craint finit presque toujours par nous rattraper… D’autres autistes (des fois le mêmes) tentent de toutes leurs forces de contrôler leur environnement, pas que les objets mais tout autant les gens : elles cherchent à tout prix à leur imposer leur manière de faire et de voir, jusqu’à désirer contrôler leurs pensées et même leur vocabulaire. Quelquefois en recourant à la manipulation, à l’intimidation, à la violence et aux crises.

Or, mon impression est que peu de personnes autistes s’engagent dans une démarche de gestion de leurs troubles anxieux. Celles qui ne le font pas s’empoisonnent donc petit à petit. Quelques-unes carbureront à l’anxiété et à leurs distorsions de perceptions au risque de devenir des démons pour elles-mêmes et pour les autres : elles empoisonnent leur entourage par contamination. J’ai rencontré de tels démons humains; peut-être ai-je été proche de l’être moi-même en certains moments de ma vie…   

Je sais qu'il y a beaucoup de questionnements et une grande souffrance chez plusieurs personnes autistes. Mais justement, ces questionnements et cette souffrance, donc cette anxiété, ne doivent pas devenir lourds pour soi et pour notre entourage. L'idéal est d'y voir aussi tôt que possible. À noter que l'on bénéficie d'une démarche de réduction de l'anxiété uniquement si l'on consent et participe à cette démarche. Lorsque c'est imposé de l'extérieur, les résultats sont faibles, voire inexistants.


Tyrannie

Il, elle ou iel?
La dysphorie du genre est 
nettement plus fréquente chez les
personnes autistes.
 
Autrement, les troubles anxieux sont toxiques, au point qu'il arrive que des personnes en deviennent dépendantes et les considèrent comme leur «état normal». Il m'est arrivé de croiser des autistes souffrants mais devenus jouets de leurs troubles anxieux. Par exemple,  cette autiste / borderline, consommatrice de drogues, agressive et intolérante. Elle se déclarait «non-binaire», exigeait qu’on utilise le «iel» à son égard, mais elle se vêtait de manière très genrée et provocante. Ou cette autre autiste si experte et prolixe en matière d’intimidation qu’il existait un groupe Facebook de ses victimes. En fait, je possède une collection troublante de tels incidents déplorables de malveillance venue de personnes autistes.

Une dame m’a écrit pour me raconter son problème. Elle prenait des cours de chant et pratiquait chez elle de temps en temps. Mais son fils autiste ado ne le supportait pas. En des termes cassants sinon blessants («Tu chantes mal! Tu es nulle! Tu n’as pas de talent!»), il exigeait qu'elle ne pratique pas quand il est à la maison. Il était si intolérant que la pauvre dame en était venue à se priver de chanter chez elle. Son fils disait que ses oreilles étaient trop sensibles : les autistes ont des hypersensibilités sensorielles. La chose est bien documentée. Pourtant, eh oui, lui, il écoutait du rock à fort volume dans sa chambre, sans que ses oreilles si sensibles ne soient en souffrance! 
 
 
Bosch: L'Enfer (détail),
du Jardin des délices c.1500.
Belle image pour la misophonie!

J'avais trouvé cela très curieux et contradictoire. D’autres cas semblables m’ont été soumis. À chaque fois, la personne autiste se justifiait de ce que ses sens sont hypersensibles, mais cette hypersensibilité était manifestement sélective. En fait, cette sélectivité prouve que l’hypersensibilité n’est pas seule en cause. Je m'étais alors dit que, si elles n'y prennent pas garde, les personnes autistes pouvaient se révéler intolérantes envers autrui même pour des choses qu'elles se permettent pourtant à elles-mêmes. Comme si une personne autiste démontrait une sorte d'égocentrisme par lequel elle souhaite qu'autrui agisse à sa manière. Autisme vient d'ailleurs d'«auto», soi-même. Cela peut aller jusqu'à la tyrannie et à la perversité: le jeune homme était en fait dérangé par la musique de sa mère qui ne correspondait pas à ses goûts, et il en était venu à intimider sa mère pour qu'elle accède à ses volontés à lui, fasse et agisse comme lui. C'est là de la misophonie : haine du son… des autres. Or la misophonie est essentiellement psychologique : elle n’est pas liée à l'hypersensibilité sensorielle.

Il ne faut pas accepter de tels comportements, ni de la part d'une personne autiste ni d'une personne non-autiste. L’intimidation gagne trop souvent et une personne qui gagne par ce moyen récidivera assurément. Pire : renforcée et ancrée, cette manière peut devenir la manière première avec laquelle la personne interagira avec autrui. J'observe tristement que ces gestes se sont répandus sur les réseaux sociaux, dans les groupes militants et jusque dans des institutions.


Traîtres

Depuis que je m’intéresse à l’autisme, soit depuis mon diagnostic en 2007, j’ai privilégié de me pencher sur le potentiel positif de l’esprit autistique. Mon livre Musique autiste va en ce sens, de même que l’acte de fondation d’Aut’Créatifs et le contenu de mes conférences. C’était essentiel de faire ainsi, car l’autisme est très souvent synonyme d’horreurs : maladie, troubles, comorbidités, etc. – on ne nous épargne rien pour nous effrayer! Dès le départ, j’étais tout de même conscient que vivre en mode autistique peut poser des défis, au moins dans certaines circonstances, et peut même être source de souffrances. Cela dit, il m’était important de bien discerner ce qui appartient véritablement à l’autisme et ce qui ne lui est pas spécifique.

Le démon Yakshagana

Mais je ne suis pas aveugle. Des incidents prouvent bien que les autistes ne sont pas, eux non plus, des anges (voir : https://antoine-ouellette.blogspot.com/2019/09/les-autistes-ne-sont-pas-des-anges-eux.html). Par exemple, j’ai ici un savoureux texte d’un collectif de personnes autistes qui s’en prennent à d’autres autistes parce que ces derniers seraient des «suprématistes autistes», des «Aspie shiny», des «token» (l’autiste de service qui sert à montrer qu’un organisme donne de la place aux autistes), des «autistes pots-de-fleur», des «vendus au modèle médical», etc. : du Woke à la sauce autiste! 

On me dira qu’il y a cela aussi dans le monde neurotypique. Évidemment! Mais il y a un certain discours de personnes autistes qui nous crédite de qualités génériques, comme la candeur, l’honnêteté en toutes circonstances, la fiabilité de l’engagement, etc., discours qui laisse entendre qu’un monde autiste serait plus paisible, accepterait facilement les différences, etc. Peut-être, mais cela uniquement à condition de saisir et de maîtriser notre côté sombre, donc notre anxiété - mais je vous accorde que ce n'est pas facile parce que nous vivons dans un monde anxiogène... 


Démons et possédés

En 1868-69, l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski composa son roman L’idiotL’auteur avait voulu que le personnage central de ce roman, le Prince Mychkine, ressemble au Christ par sa pureté. Je ne sais pas. Mais chose certaine, ce Prince Mychkine est manifestement un autiste, et le roman de Dostoïevski un extraordinaire portrait d’un autiste devant composer avec les vicissitudes de la vie sociale et des relations interpersonnelles. Tout y est : la candeur, le malaise face au regard et aux yeux, les crises de sur-stress causées par trop de contacts sociaux, etc., et jusqu’à l’épilepsie – mal dont l’auteur était lui-même atteint. Cette prouesse est d’autant remarquable que l’autisme n’avait pas été décrit à cette époque. Pourtant, les écrits de Dostoïevski regorgent de personnes apparentés à l’autisme, chose qui indique que ce type de personnes était bien présent dans la société russe du XIXe siècle. Ce ne sera donc pas un hasard si, vingt ans avant Hans Asperger et Leo Kanner, ce fut une psychiatre ukrainienne-russe, Grounia Soukhareva, qui donna la première description clinique de personnes autistes! (https://fr.wikipedia.org/wiki/Grounia_Soukhareva) Mais concernant cet écrivain, les choses ne s’arrêtent pas là.

Dans son roman suivant, Les démons (aussi connu sous le titre Les possédés), écrit de 1869 à 1872, Dostoïevski met à nouveau en scène des personnages plus ou moins autistes. Cette fois cependant, la candeur a fait place à la colère révolutionnaire, au désir de détruire l’ordre établi, de faire le mal. Ce nouveau chef-d’œuvre suscita l’indignation «de la part des socialistes, athées, progressistes, qui considéraient l'ouvrage comme un pamphlet à leur encontre» (https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_D%C3%A9mons).

Pour ma part, je vois ces deux romans, L’idiot et Les démons, comme les deux faces d’une même pièce de monnaie, les deux aspects d’une même réalité, les deux choix qui s’offrent à nous et en particulier aux autistes. Ce qui semble me donner raison est le roman suivant, le dernier de l’auteur, Les frères Karamazov (1879-80). L’un de ces frères se nomme Aliocha, et c’est comme le jumeau du Prince Mychkine qui aurait appris à mieux vivre avec autrui. Le sort d’Aliocha sera d’ailleurs plus heureux que celui du Prince, et le roman se termine avec Aliocha festoyant au milieu d’enfants. Une des dernières paroles qu’il dit dans le roman est : «Ça, je le dis, au cas où nous deviendrions méchants, mais pourquoi donc devrions-nous devenir méchants? Ayons d’abord, et avant tout, de la bonté, ensuite soyons honnêtes, et puis – ne nous n’oublions jamais les uns les autres». Tout semble bien qui finit bien.

Dostoïevski en 1876

Et pourtant… Dostoïevski projetait d’écrire une deuxième partie aux Frères Karamazov et y consacrer son travail en l’année 1881. Mais l’auteur décéda en février 1881, sans avoir pu élaborer cette suite pour laquelle il ne laissa que très peu de notes. Par contre, Dostoïevski avait confié des idées à l’éditeur Souvorine qui en rapporta ceci : «Il voulait écrire un roman dont le héros serait Aliocha Karamazov. Il voulait le faire passer par le monastère et en faire un révolutionnaire. Aliocha commettra un crime politique et sera exécuté. Il aurait cherché la vérité et, dans cette recherche, il serait devenu un révolutionnaire». Autrement dit, l’Ange serait devenu démon, et le personnage d’Aliocha aurait fait la synthèse entre les romans L’idiot et Les démons.

Je trouve tout cela fascinant parce qu’Aliocha aurait exprimé les deux facettes de la personne autiste, celle lumineuse et celle obscure.

C’est fou, mais ce sont deux romans d’un auteur russe du XIXe siècle qui m’ont parlé davantage que toute la littérature spécialisée à propos de l’autisme. Ils m’ont parlé de la grandeur autant que des écueils. En tant que personne autiste, je pense que ces deux romans invitent à méditer sans complaisance sur notre condition.

Sources des illustrations: Wikipédia (Domaine public, PD-US) et sites commerciaux pour les livres recommandés.