MUSIQUE (Composition et histoire), AUTISME, NATURE VS CULTURE: Bienvenue dans mon monde et mon porte-folio numérique!



mercredi 2 juillet 2025

CATALOGUE DE MES OEUVRES MUSICALES. UNE INTRODUCTION POÉTIQUE

Catalogue de mes œuvres musicales.

Une introduction poétique. 

Il me fait plaisir de vous introduire au Catalogue de mes œuvres musicales. J'ai conçu ce catalogue pour que votre recherche soit simple selon ce que vous recherchez: musique pour instrument solo, musique de chambre, musique orchestrale, musique vocale et chorale, etc. 

C'est ici: 

Je vous invite à l'explorer et à aller à la découverte! Vous y trouverez non seulement des listes d'œuvres, mais encore des liens: audios, articles, partitions, etc. Bienvenue à vous! 

Mais tout d'abord, je vous introduis dans mon monde sonore, un monde qui marie...:
Sciences de la vie (écologie, botanique), 
Nordicité, 
Spiritualité 
et Neurodiversité.

PS. Non, je ne suis pas un spécialiste de musique sacrée. Lisez les titres de mes œuvres et vous le verrez bien. 


Esclave de mon rêve, libre de mes pas.
D'après Paolo Coelho, Manuel du Guerrier de la Lumière (1998)

1. Des milliers de pages

2. Suivre son étoile et apprendre toujours
3. Un pays à la fois familier et neuf
4. Résilience
5. Fenêtres ouvertes

Photo par Isabelle Champagne.

C’était un après-midi de printemps. Dans mon salon aux fenêtres ouvertes, je jouais une de mes pièces au piano – le premier Prélude du cycle «Terres et ciels». Une pièce pointilliste, sans mélodie, sans pâmoison romantique, sans mesure ni rythme pulsé. Des motifs en échos, des cloches qui tintent dans l’aigu au loin, des résonances mariant les harmoniques de notes éparses. À mille lieux de la pop… Sur le trottoir, un jeune homme passe. Il s’arrête et écoute. Je n’ai pris conscience de sa présence que lorsqu’il a dit, doucement : «C’est très beau». J’ai tourné mon regard vers lui et il a fait signe du pouce en haut. Ce jeune homme fut le sourire de cette journée. Il ne savait pas de qui était cette musique venue par hasard à ses oreilles, et c'est peut-être l'idéal que d'écouter tout simplement, sans préconçus, sans projeter, sans ruminer, jauger ou tenter de classifier. Juste écouter... 


Des milliers de pages

Des fois, il m’arrive de m’étonner de la quantité de musique que j’ai composée car, plus souvent qu’autrement, ce fut dans le silence et la solitude, à la manière de l’art brut! Ce fut aussi à travers d’autres activités qui forment une triade science-art-spiritualité cohérente dans ma vie. Quelques milliers de pages de musique, pour orchestre, chœur, instruments solos, petits ensembles, etc. C’est encore à découvrir même pour moi, car certaines des œuvres que j’affectionne n’ont pas encore été jouées: Gravures, Trois Fleurs des chants, Sonate liturgique...

Vous noterez que je mets des numéros d’opus, et vous vous demandez peut-être pourquoi. Il y a une raison pratique : ces numéros me permettent de classer mes partitions de manière ordonnée. Mais il y a une autre raison, plus subtile. Depuis que je suis enfant, j’entends des rumeurs de fin du monde, de catastrophes planétaires, d’apocalypse! Je suis conscient que de sombres nuages s’accumulent sur l’humanité. Mais donner des numéros d’opus signifie que j’ai toujours cultivé de l’espérance. En cette époque trouble, je veux en semer des graines. Il y a assez de Bonhommes Sept-heures comme ça! 


Suivre son étoile et apprendre toujours

Les Pléïades. Photo de la NASA
Domaine public, PD-US


Depuis que je compose, soit depuis l’âge de douze ans, je prends guide sur mon étoile. Toujours. Tout simplement. Rien ne m’en détourne, ni louanges ni incompréhensions. Je ne compose qu’une seule musique, je ne suis capable que de composer une seule musique, celle que m’inspire mon étoile. Cette musique exprime ma vision de l’art, de la vie, du monde - elle exprime celle de mon étoile aussi. On pourra y trouver des références, mais ces références se trouvent davantage dans les oreilles de qui écoute que dans les miennes. Ce ne sont là que l’écume à la surface de l’eau et, donc, c’est de peu d’importance. J’ai bien peur que mon étoile ne soit singulière, tout comme je me dois d’admettre être une personne «un petit peu spéciale» - le seul fait d'être autiste me place déjà dans un groupe représentant moins de 2% de la population québécoise, et le profil Asperger qui est le mien ne représente à son tour que 15% de ce 2%: j'ai gagné à une curieuse loterie! Mais je ne cherche jamais à faire original ou audacieux ou accessible ou hermétique ou provocateur ou que sais-je. Je ne fais que garder cap sur mon étoile, et apporter une beauté peut-être étrange en ce monde qui a grand besoin de beauté.

Voir: https://antoine-ouellette.blogspot.com/p/qui-suis-je.html

Suivre son étoile ne dispense toutefois pas du travail. C'est curieux à dire mais j'ai beaucoup appris des sciences pour concevoir ma musique - venu des sciences, il arrive même que je sois perçu comme un «outsider». Mais j'ai autant appris de mes études en musique à l'université. Ce ne fut toutefois pas selon une linéarité académique. Ces études m'ont donné d'apprendre comment transcrire concrètement ma musique intérieure. J'apprends toujours. Vous ne pouvez pas savoir la joie que j’ai à travailler avec des musiciens, à discuter avec eux et, oui, à apprendre d’eux.


Un pays à la fois familier et neuf

J’offre de l’eau de source, non des cocktails colorés et «énergisés». Peut-être que cela me vient de ma passion pour la nature – je suis biologiste après tout. Plusieurs titres de mes œuvres font référence aux formes vivantes (notamment végétales) et aux forces de la Terre: Bourrasque, Perce-neige, Fougères, Joie des Grives, Rivages, Florale, Le Trille ondulé, Roseraie... Mon univers sonore puise dans l’environnement, et le thème de la spiritualité y est aussi bien présent (Missa feminina, le cycle Triduum, L'Amour de Joseph et MarieUne Messe pour le Vent qui souffle...). Mais je ne suis pas visuel du tout : je ne vois aucune image quand je compose – je vous laisse libres, vous, d’en voir. Au fond, ma matière première est musicale. Je raconte des «histoires musicales» dans lesquelles les principaux personnages sont la mélodie (un fil d’Ariane dans mes compositions) et le rythme (je sculpte le temps). 

Je tiens à cacher l’art par l’art. Je sais que la pièce sur laquelle je travaille est achevée lorsqu’elle sonne fluide à mes oreilles. De fait, on me dit souvent qu'à l'écoute, ma musique est «simple». Et pourtant! Il m’est souvent arrivé qu’un interprète s’attendant à rencontrer une partition aisée à jouer soit déstabilisé lorsqu’il l’examine de proche. À ce qu'on m'a dit: plein de détails, des rythmes «particuliers», des harmonies dont on sait si elles sont anciennes ou nouvelles, une armure avec un Sol dièse plutôt qu’un Fa dièse, des pièces entières sans un seul chromatisme, des signes de notation inhabituels qui suggèrent que cette musique «simple» est bel et bien «contemporaine», une musique «zen» qui exige un grand engagement physique, etc. C'est comme en ces mots de saint Augustin qui me représentent bien : 


«Rien de plus connu, rien de plus familier.
Et pourtant, cela même se dérobe :
un pays neuf à découvrir»
(Les confessions. Livre XI).

Un pays neuf ou, peut-être, l’air d’une autre planète – la Terre!  

Sur ma «manière»:

Résilience
En randonnée en Occitanie.

Autiste de type Asperger, j’ai traîné des symptômes troublants d’un syndrome de stress post-traumatique sévère causé par une longue période de violence physique et psychologiques subie à l’école. Après trente ans de souffrance silencieuse, une aide providentielle m’a permis de me débarrasser d’une grande partie de ce lourd bagage. Je ne me plains pas, car je possède une candeur qui me permet toujours de m’émerveiller facilement et de savoir rendre grâce. Cela fait tout simplement partie de mon expérience de vie. Depuis plusieurs années, j’aide à mon tour et humblement des gens éprouvant des troubles mentaux. J’imagine que cette expérience apporte une touche de couleur particulière à ma musique en général, et à certaines œuvres en particulier (L’Esprit envoûteur, Roseaux, Musica autistica…).

Pendant de nombreuses années, composer était pour moi un jardin secret. J'ai commencé à composer à l'âge de 12 ans alors que je subissais de l'intimidation scolaire. Ainsi, je me créais une oasis en marge de la violence. Peut-être était-ce une forme intuitive de musicothérapie. Ce n'est que vers la fin de ma vingtaine, et par un étrange concours de circonstances, qu'une de mes pièces a été jouée dans un concert public pour une première fois: Paysage, pour quatre pianos. Terminée en 1987, je considère cette œuvre comme la première où ma manière est aboutie. Je n'ai toutefois pas renié les pièces qui l'ont précédée, du moins j'en ai conservé une dizaine dans mon catalogue (après les avoir retouchées un peu ou beaucoup: Bonheurs, Suite celtique, Sonata Angelica, Solitudes...). Je connaissais déjà mon étoile, mais avec Paysage j'avais enfin acquis les moyens de la suivre en tout chemin. 

Je précise en passant que jamais on ne m’a fait de cadeau en raison de ma différence – bien au contraire, certains ne m’ont pas fait de quartiers! Je suis malheureusement loin d’être la seule personne autiste à avoir porté de tels traumatismes. Les programmes d’équité, diversité et inclusion (ÉDI) ne semblent pas considérer que l’autisme est une «bonne» diversité… De toute façon, je désire que ma musique soit écoutée pour ce qu’elle est en elle-même. 

Je suis plutôt pacifique mais néanmoins mon aventure créatrice, avec la part d’abnégation et de persévérance qu’elle a impliquée, me révèle qu’au fond j’ai l’âme d’un guerrier, un guerrier de Lumière (j'espère!).


Fenêtres ouvertes

En kayak près de Sainte-Anne-de-Sorel. 

Je ne sais pas quels échos a ma musique. Encore moins quels échos elle aura. Je ne vis pas en reclus. J’ai une vie sociale – à ma mesure, bien que je sois un «athée politique». De mon époque, je profite de certaines choses qu’elle offre, mais j’en délaisse tout autant. Sans regret, j’ai un pied dedans et un pied dehors. En vérité, je ne comprends pas qu’on puisse avoir les deux pieds dedans (ni d’ailleurs de les avoir complètement dehors). J’ai toujours eu une impossibilité d’adhérer totalement au monde, celui d’hier, celui d’aujourd’hui, celui de demain. Alors ne vous étonnez pas : tout comme moi, ma musique a un pied dedans et un pied dehors. Pour ce que j’observe autour de moi, j’ai la conviction que c’est un signe de santé.

Quelquefois, lorsque mes fenêtres sont ouvertes, il arrive que quelqu’un passe les oreilles ouvertes et dise «Que c’est beau!», et mon bonheur est fait. 



Photos: Collection personnelle et Wikipédia pour la photo de la NASA. 

SOMMAIRE DES ARTICLES DE LA SAISON 2024-2025


 Sommaire des articles

de la saison 2024-2025


Photo par Isabelle Champagne

[Ma musique] Septembre 2024. Sonata angelica (Opus 7B). Réviser une pièce composée il y a longtemps…

 
[Histoire de la musique] Octobre 2024. Anton Bruckner, ou La musique qui ralenti!

[Spiritualité] Novembre 2024. Lucifer? Méditations sur le mal, le manichéisme, l’art et l’amour.

[Ma musique] Décembre 2024. L’Amour de Joseph et Marie. Oratorio, opus 23. Première partie.

[Spiritualité] Janvier 2025. Espoir, espérance, gratitude : mes vœux pour nous en 2025

[Histoire de la musique] Dvorak autrement. Deuxième partie (À suivre)

[Ma musique] Mars 2025. L’Amour de Joseph et Marie. Oratorio, opus 23. Deuxième partie.

[Ma musique]. Mai 2025. Retours sur l’Oratorio en concert.

[Science et ma musique] Juin 2025. Intelligence artificielle et intelligence naturelle : un dialogue avec ChatGPT